Un courrier envoyé à tous les délégués et à des journalistes par un « groupe de laïcs » dénonçait le fait qu’au sein de l’EERV, « les mesures disciplinaires prises par le Conseil synodal (exécutif) et l’Office des ressources humaines (ORH) ne sont pas rares: en effet, depuis son accession au pouvoir en 2009, l’autorité exécutive de l’EERV a multiplié les directives et recommandations en tous genres, menacé les ministres qui ne s’y pliaient pas, intimidé des laïcs engagés, déplacé autoritairement des ministres, licencié d’autres ». Les attaques concernant les ressources humaines se sont poursuivies lors du débat sur les rapports du Conseil synodal et de la commission de gestion. « J’ai lu le rapport de gestion, j’ai vu que le Conseil synodal avait pris des mesures de prévention des incendies futurs, mais aucune mesure pour éteindre l’incendie actuel », a dénoncé Suzette Sandoz, qui réclame une séparation des rôles de chef spirituel et d’employeur. L’ancienne conseillère nationale a proposé que l’Eglise engage des professionnels des ressources humaines. Le conseiller synodal John Christin a répliqué vivement: « Il est absolument scandaleux que vous posiez un jugement de valeur sur le personnel de l’ORH ». Au vu de la formation des employés de cet office, il refuse qu’on l’accuse de manque de professionnalisme.
Selon les chiffres du conseiller synodal, entre 2010 et 2015, l’EERV a licencié quatre personnes sur plus de 300 ministres. Quatre ont reçu des avertissements formels et quatre contrats à durée déterminée n’ont pas été renouvelés. Constatant que le Synode ne disposait pas d’éléments suffisants pour prendre position sur ces questions touchant à des situations personnelles, plusieurs délégués ont appelé à mettre fin à ce houleux débat. « J’ai de la peine à subir ces longs plaidoyers qui mélangent relations de travail, vocation et vie en Eglise », s’est exclamée la déléguée Martina Schmidt, secrétaire romande de l’œuvre d’entraide protestante Pain pour le prochain. Relativisant la lettre signée par 30 personnes, le pasteur Frédéric Keller a reconnu que « même le plus mauvais des pasteurs a sa garde rapprochée! ».
Finalement, un compromis a mis d’accord les défenseurs des pasteurs licenciés et la majorité des membres du synode qui accorde leur confiance au Conseil synodal et à l’Office des ressources humaines. Un groupe de travail sera constitué: il analysera le fonctionnement de l’Eglise en matière de ressources humaines et proposera des correctifs réglementaires au synode de février 2016. A noter que le Conseil synodal lui-même a déjà pointé quelques corrections souhaitables. Cette motion a permis l’adoption du rapport de la commission de gestion à l’unanimité moins 5 abstentions. (apic/protestinfo/bh)
Bernard Hallet
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