L'Evangile de dimanche: Une incrédulité qui interroge

Mc 6,1-6

Venue et enseignement de Jésus (1-2a)

Jésus vient, accompagné de ses disciples, à Nazareth, désignée comme sa patrie (un terme qui prépare l’adage du v.4). En Juif pratiquant il se rend une fois encore à la synagogue (déjà en 1,21.39; 3,19) le jour du sabbat et y enseigne, une activité fréquente (16 fois dans l’évangile de Mc), sans que soit spécifié ce qu’il enseigne…

Réaction des assistants (2b-3)

Cela ne doit pas être banal puisque ses concitoyens sont frappés d’étonnement, ce qui les amène à poser une bonne question (littéralement: «d’où, à celui-là cela?»), qui porte sur l’origine de telles paroles, mais aussi d’une telle sagesse et de tels actes de puissance.

La réponse devrait être: «cela ne peut pas venir des hommes!» Or, ce qu’ils savent ou croient savoir de Jésus les empêche de faire cette interprétation, s’appuyant sur la «carte d’identité» de Jésus: son métier d’artisan (plus probablement menuisier que charpentier), ses liens de famille bien connus (fils de Marie et frère de…), si bien que ce qui aurait dû être révélation, devient obstacle: ils achoppent (littéralement: «ils sont scandalisés par lui», le scandale étant piège, obstacle sur la route et donc objet de chute: 9,42.43.45.47).

Déclaration de Jésus (4-5)

Jésus répond de manière indirecte, par un proverbe bien en situation puisqu’il y est question de prophète (celui qui parle au nom de Dieu), normalement accueilli favorablement, si ce n’est par les siens: compatriotes (sa patrie), parenté, très proches.

En 3,21 Marc a déjà signalé – il est le seul évangéliste à le faire – l’incompréhension de la famille de Jésus qui le croit «hors de lui». Un peu comme si les liens charnels rendaient aveugles et sourds au mystère de l’autre et de sa vocation…

Un tel climat empêche Jésus de poser un acte de puissance (»miracle»), si ce n’est à l’égard de quelques malades qui, vraisemblablement, ne participent pas à ce rejet du prophète.

Etonnement de Jésus (6)

Une telle non-foi de la part de ses concitoyens étonne Jésus. Comment n’ont-ils pas repéré qu’un Autre se manifestait dans son enseignement (sortant de l’ordinaire) et ses actes de puissance (qu’ils ne remettent du reste pas en cause)? Il y a chez les habitants de Nazareth comme un raidissement qui les empêche de s’ouvrir à Jésus et à la révélation qu’il apporte. Ce qui devrait dilater les coeurs et conduire à la joie devient occasion de fermeture, voire de chute (cf. le scandale).

Le texte et nous

Bonne question perspicace (d’où?), mais mauvaise réponse qui conduit à la non-foi.

Cela tient, semble-t-il, au fait de penser qu’on sait tout de l’autre (qui dans le cas de Jésus est aussi l’Autre), parce qu’on a quelques informations ou perceptions sommaires de qui il est, voire parce qu’on vit sous le même toit… Cette prétention rend impossible le déploiement du mystère de l’autre.

Cela vaut pour nos relations humaines. En ne donnant aucune chance – ou plus de chance – à l’autre, non seulement nous sommes injustes à son égard, mais nous nous privons de l’enrichissement d’une vraie rencontre.

Lorsque l’autre est le Christ, c’est tout simplement à la grâce de la Révélation qu’il est et qu’il apporte que nous nous fermons.

Et si nous prenions nos distances avec les Nazaréens et essayions d’aborder l’évangile en renonçant à nos a priori et à ce que nous croyons savoir de Jésus? Il pourrait alors se dire à nous en vérité.


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus se rendit dans son lieu d’origine,
et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat,
il se mit à enseigner dans la synagogue.
De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient :
« D’où cela lui vient-il ?
Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée,
et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie,
et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?
Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait :
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays,
sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ;
il guérit seulement quelques malades
en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi.
Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/blogsf/levangile-de-dimanche-une-incredulite-qui-interroge/