Pour Leonardo Boff, le pape a traduit en actes ses convictions

Brasília, 17.07.15 (cath.ch-apic) Alors que le pape François vient d’achever sa visite pastorale en Amérique latine, Leonardo Boff, théologien et philosophe brésilien, a accordé une interview à MDZ, une station de radio argentine. L’occasion d’exalter les critiques formulées par le souverain pontife à l’égard du modèle économique actuel et se réjouir de voir à quel point l’Église a changé avec un pape latino américain.

Dans le cadre de l’émission «Tempête d’idées», Leonardo Boff a d’abord estimé que les propos très engagés tenus par le pape à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, démontrait «une importante avancée du magistère pontifical sur les questions sociales, car aucun pape n’avait jusqu’à lors parlé de ce sujet de manière si directe.» «Il a dénoncé un système à la recherche du profit à tout prix qui ne se préoccupe pas de l’exclusion sociale ou de la destruction de la planète. Il a invité tous et toutes à remplacer la globalisation de la destruction par l’espoir. Un espoir qui lui-même se traduit par un engagement concret de chacun pour le changement. C’est donc un appel à un changement structurel fondamental qui rénove les relations sociales entre les êtres humains et la Terre Mère.»

 »Attaque de front»

Ses propos tenus lors de la visite pastorale en Equateur, Bolivie et Paraguay vont même plus loin, car selon Leonardo Boff, les prises de positions du pape démontrent une évolution des vieilles dichotomies «capitalisme-marxisme» ou «capitalisme-christianisme». «Avant, les papes observaient une certaine neutralité sur la question des systèmes économiques. François, lui, l’attaque de front, en assurant qu’il s’agit d’un système sans miséricorde, cynique, qui ne respecte personne et se développe en détruisant les peuples et en menaçant de mort la Terre Mère. C’est donc une avancée très claire. François a l’avantage d’être très clair. Je pense que c’est d’ailleurs une conséquence du bouillon culturel ecclésial qui s’est créé en Amérique latine, qui pousse à travailler pour les peuples et appeler les choses par leur nom.»

 »Le pape doit être issu du Tiers Monde»

Ces prises de position n’ont pas vraiment surpris Leonardo Boff. S’il admet en effet que lorsqu’il était cardinal en Argentine, Jorge Mario Bergoglio n’avait pas particulièrement marqué les esprits par ses engagements profonds, le théologien rappelle en revanche que dans ses actes, le cardinal avait toujours vécu simplement, prenait le bus, fréquentait les bidonvilles et avait choisi une vie humble. «Aujourd’hui, a rappelé Leonardo Boff, il traduit cela en mots.»

De là à penser qu’après François, un autre latino américain, pourrait être élu pape, il n’y a qu’un pas que le théologien brésilien franchit allègrement. «Je pense que l’élection de François augure d’une nouvelle génération de souverains pontifes qui viendront du Tiers Monde. Car aujourd’hui, l’Europe ne compte que 24% des catholiques. Le renouveau de l’Église catholique passe donc par le Tiers-Monde. Il est donc naturel que le pape en soit issu.(apic/jcg/mp)

Maurice Page

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