L'Evangile de dimanche: Pain à volonté

Jn 6, 1-15

Interruption dans la lecture suivie de l’évangile de Marc qui est au coeur de nos liturgies dominicales cette année. Pour laisser place à un passage johannique, conventionnellement appelé «discours sur le pain de vie». Un discours introduit par le miracle du pain et du poisson – n’oubliez pas le poisson! – multipliés et partagés, tel que nous le narre le quatrième évangile. Cet épisode est archiconnu et commenté, j’allais dire, jusqu’à la nausée. Il pourrait décourage le prédicateur à la recherche d’effets nouveaux ou de trouvailles inédites. Je me laisse inspirer aujourd’hui par deux détails du tableau. Secondaires sans nul doute, mais bien en situation par les temps qui courent.

Je note d’abord le désarroi des disciples face à cette foule à nourrir qui se bouscule autour de Jésus, sur cette montagne désolée, sans bazar ni commerces de détails. Etonnamment, c’est à partir de ce constat de pénurie que Jésus lance le débat. Où trouver l’argent nécessaire et les fournisseurs aussi pour acheter le pain qui devrait nourrir cette foule et… l’humanité ? La question de la faim dans le monde est récurrente et nombreux ceux qui, comme Philippe, lèvent les bras au ciel, désespérés de ne point y trouver de solution. Et de faire leurs comptes d’apothicaires. Même en augmentant la TVA, on ne résoudrait pas le problème. Et puis, à l’approche des élections, on ne va tout de même pas prendre le pain des enfants du pays pour le jeter aux petits chiens!

A ces raisons politiciennes, relayées parfois par de puissants organismes internationaux, voilà le gamin que déniche André, le copain de Philippe. Le jeune gars semble traîner dans le décor avec dans sa besace cinq pains d’orge et deux poissons. Pour avoir connu les marchés d’Afrique, la scène m’est familière et paraît vraisemblable. Pas de petits profits pour ces gosses de rue à l’affût du client. Ici, l’occasion est inespérée. Tout le monde a faim et réclame à manger. Même si le pain est rassis et le poisson ranci. C’est cette misérable nourriture que Jésus partager autour de lui. Ce pain-là, mais ces poissons aussi. Jusqu’à rassasier les douze tribus d’Israël symbolisées par ces douze couffins qui débordent des restes de ce repas improvisé.

Deux méthodes pour solutionner le problème de la faim des hommes. Celle technicienne des experts de la FAO ou de politiciens otages des slogans populistes et de l’égoïsme des nantis. Ou alors, choisir la méthode «charismatique», improvisée et sans calculs, préconisée par Jésus. Partage le peu que tu as, après avoir fouillé le fond de tes poches ou les replis de ta besace. Sans attendre qu’on te le vole ou t’oblige à t’en défaire. Alors, comme dit un Prophète que l’on entend en Carême: «ta lumière poindra comme l’aurore; ta justice marchera devant toi et le Seigneur sera ton arrière-garde» (Isaïe 58,8).

 


En ce temps-là,
Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée,
le lac de Tibériade.
Une grande foule le suivait,
parce qu’elle avait vu les signes
qu’il accomplissait sur les malades.
Jésus gravit la montagne,
et là, il était assis avec ses disciples.
Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.
Jésus leva les yeux
et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe :
« Où pourrions-nous acheter du pain
pour qu’ils aient à manger ? »
Il disait cela pour le mettre à l’épreuve,
car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
Philippe lui répondit :
« Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas
pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge
et deux poissons,
mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit :
« Faites asseoir les gens. »
Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit.
Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Alors Jésus prit les pains
et, après avoir rendu grâce,
il les distribua aux convives ;
il leur donna aussi du poisson,
autant qu’ils en voulaient.
Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Rassemblez les morceaux en surplus,
pour que rien ne se perde. »
Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers
avec les morceaux des cinq pains d’orge,
restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
À la vue du signe que Jésus avait accompli,
les gens disaient :
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé,
celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever
pour faire de lui leur roi ;
alors de nouveau il se retira dans la montagne,
lui seul.

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