Rome: La ville livrée à l'incurie pourra-t-elle accueillir l'Année sainte?

Rome, 29.07.2015 (cath.ch-apic) La gestion publique de la ville de Rome est de plus en plus chaotique. A tel point que certains se demandent si la capitale italienne sera en mesure d’accueillir les millions de visiteurs que l’Année sainte de la miséricorde attirera dans la cité.

A Rome, un wagon de métro a récemment roulé portes ouvertes. Des centaines de touristes ont trouvé les grilles du Colisée fermées parce qu’une partie du personnel était réunie en assemblée syndicale. Avec de nombreux autres exemples, le quotidien français «Le Monde» du 29 juillet 2015 dresse un portrait peu flatteur de la ville éternelle, où les déchets s’accumulent dans les rues, où les transports et les services publics dysfonctionnent gravement. Le journal se demande ainsi dans quelle mesure la ville pourra gérer les flots de pèlerins qui ne manqueront pas de déferler sur la cité à partir du 8 décembre prochain. Le jubilé de l’an 2’000 en avait attiré 30 millions. «Le Monde» rappelle que 5’000 emplois pourraient être créés dans le cadre de l’Année sainte et que 10 milliards d’euros de retombées sont attendus, si tout va bien…

L’incurie des transports est peut-être le point le plus inquiétant pour les fidèles qui envisagent de visiter Rome dans le cadre du jubilé. L’ATAC, la régie municipale des transports, déplore un déficit de 140 millions d’euros et 40% des usagers voyagent sans billet. Les avaries et les retards se multiplieraient sur les lignes de métro et de bus.

Une corruption fustigée par le pape

Le principal accusé dans l’affaire est le maire de Rome, Ignazio Marino, qui gérerait incorrectement ses dossiers et ne parviendrait pas à sortir l’administration du bourbier de corruption installé par ses prédécesseurs. C’est en effet un an après son élection qu’a éclaté l’affaire «Mafia Capitale», qui a mis au jour un réseau tentaculaire de criminels, de politiques et de fonctionnaires qui prélevaient leur dîme sur les marchés publics des transports des ordures et des espaces verts. Des dizaines de millions d’euros ont été perdus à cause de ces pratiques.

Une corruption romaine que le pape François a plusieurs fois pointée du doigt. Dans une référence explicite au scandale «Mafia capitale» qui a ébranlé la municipalité fin 2014, l’évêque de Rome avait regretté que la société «criminalise» les pauvres et les contraigne à «se mafiaïser».

«En tant qu’évêque de Rome, je voudrais m’arrêter sur notre façon de vivre à Rome», avait indiqué le 31 décembre 2014 le pape dans la basilique Saint-Pierre. «Les graves affaires de corruption, qui sont récemment apparues, requièrent une sérieuse et consciente conversion des cœurs», avait-il lancé devant des milliers de fidèles. Le pape avait alors souhaité «une renaissance spirituelle et morale», ainsi qu’un «engagement renouvelé en vue de construire une ville plus juste et solidaire, où les pauvres, les faibles et les marginaux sont au centre de nos préoccupations et de notre action quotidienne». (apic/lm/arch/rz)

Raphaël Zbinden

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