« L’Evangile vaut toujours la peine d’être proclamé, et nous sommes engagés plus que jamais dans cette mission », assure Jean-Michel Poffet, le 7 août, à la veille de la saint Dominique. Cependant « l’avenir ne nous appartient pas », admet-il. Il souligne que la situation de l’ordre en Suisse n’est « pas brillante » sur le plan du recrutement. Une seule profession solennelle a eu lieu en 2014. La province de Suisse ne compte plus qu’une trentaine de Frères. Dans ce contexte, l’arrivée prochaine à Fribourg des Frères de la province de France constitue une perspective réjouissante. Avec les Frères suisses, renforcés par un Croate, un Indien et un Polonais, ils commenceront mi-septembre un cycle de théologie à St-Hyacinthe à Fribourg.
Jean-Michel Poffet note que la relève des vocations est certes difficile pour leur ordre, mais il en est de même pour les autres congrégations de Suisse. « Nous ne savons pas, parfois, comment atteindre nos contemporains dans ce monde de plus en plus sceptique », confesse-t-il. Le prieur de St-Hyacinthe remarque que le recrutement est paradoxalement plus facile dans les régions où le catholicisme rencontre de l’opposition. A Fribourg, où le catholicisme est bien ancré, il est difficile d’attirer l’attention des jeunes, souligne-t-il. « Les vocations semblent plus dynamiques dans les cantons où les catholiques sont moins nombreux et moins traditionnellement implantés, comme ceux de Genève ou de Neuchâtel », relève Jean-Michel Poffet.
En France, les vocations sont également plus vivaces, constate le religieux. La progression de l’islam et la laïcité y forcent les jeunes catholiques à « se profiler » davantage en tant que chrétiens. Le dominicain garde toutefois espoir, notant que les jeunes dominicains sont pleins d’initiative et de plus en plus visibles dans les domaines où sont présents leurs contemporains, notamment les médias et les réseaux sociaux.
En Suisse romande, les dominicains ont décidé de relancer leur présence dans le canton de Genève, notamment avec le renfort du Fribourgeois Philippe de Roten à la paroisse St-Paul à Cologny.
L’année jubilaire débute le 7 novembre prochain et se terminera le 21 janvier 2017 par une célébration de clôture, à Rome. A Toulouse, où l’ordre a été créé en 1216, des festivités ont déjà commencé en mai. Les dominicaines et les dominicains de Suisse profitent de ce Jubilé, pour monter une pièce de théâtre en langue allemande, en faisant appel à des acteurs professionnels, qui partira en tournée en Suisse et à l’étranger. En Suisse romande, rien n’est encore exactement programmé mais des manifestations seront organisées, indique Jean-Michel Poffet. Le petit nombre de religieux de la province rend difficile, en effet, l’organisation d’événements à grande échelle.
Encadrés:
La Suisse romande accueille les Frères prêcheurs en 1890, grâce à Georges Python, fondateur de l’Université de Fribourg. Les religieux s’installent au couvent Saint Albert-le-Grand (Albertinum) à Fribourg. Depuis 1921, l’Ordre occupe également à Fribourg la Villa Saint-Hyacinthe, centre de formation de la province suisse.
A Genève, l’Ordre est présent à la paroisse St-Paul à Cologny. Quant aux moniales dominicaines, depuis le 14e siècle elles sont présentes à Estavayer-le-Lac.
Côté personnalités, bien des dominicains ont marqué la Suisse romande. Difficile de les citer tous. Néanmoins le philosophe et logicien Joseph Bochenski, (1902-1995), Dominique Barthélémy (1921-2002) ou Guy Bedouelle (1940-2012) ont marqué leurs étudiants. Deux autres figures dominicaines, le cardinal genevois Georges Cottier, ancien théologien de la Maison pontificale, et le Fribourgeois Charles Morerod, actuel évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, sont également issus de la province suisse.
(apic/rz/pp/bl)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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