Le Vatican méconnu: les fouilles de Saint-Pierre

Rome, 11.08.2015 (cath.ch-apic) Les millions de touristes qui se pressent pour visiter la basilique Saint-Pierre ignorent souvent qu’il est possible d’explorer les fouilles archéologiques situées sous l’immense lieu de culte. Du martyre de Pierre à la basilique actuelle, les Scavi sont un témoignage historique autant que religieux.

Lorsque Pie XI (1922-1939) meurt, son testament indique sa volonté d’être enterré le plus près possible de la tombe présumée de saint Pierre. Pie XII (1939-1958), déjà très intéressé par l’archéologie chrétienne, entame alors des fouilles sous la basilique Saint-Pierre, afin de respecter les dernières volontés de son prédécesseur.

Lors de la première campagne de fouilles, de 1939 à 1949, la commission scientifique cherche la vérité à propos de la tombe de saint Pierre. Après des études historiques, archéologiques ou encore architecturales, Pie XII clôt le jubilé de 1950 en s’exclamant: «La conclusion finale des travaux et études répond un oui très clair: la tombe du prince des Apôtres a été retrouvée».

Du cirque de Néron à la basilique Saint-Pierre

Après l’incendie de Rome en 64, l’empereur Néron impose une vague de persécution des chrétiens, au cours de laquelle saint Pierre est crucifié tête en bas dans le cirque du Vatican. Long de 600 mètres, celui-ci est situé en dehors de Rome, dans un axe parallèle à celui de la basilique d’aujourd’hui. Le corps du saint est alors déposé dans une tombe à même le sol, sous un petit toit de tuile, dans la nécropole païenne de la colline du Vatican. Rapidement, tandis que la nécropole s’étend jusqu’aux rives du Tibre, le lieu de sépulture de saint Pierre attire les pèlerins.

Au 4e siècle, l’empereur Constantin permet le développement du culte chrétien et décide de construire une basilique dont l’autel serait à la verticale de la tombe de l’apôtre. Il fait remblayer le terrain en pente, en comblant la nécropole avec près de 40’000 m3 de terre. La basilique, de 90 mètres de long, se construit entre 319 et 322 environ. Au-dessus de la tombe originelle, Constantin fait édifier un monument haut de trois mètres, en marbre et en porphyre, dont on aperçoit encore aujourd’hui une colonne et un pan de mur.

Dès le pontificat de Libère (352-366), les papes furent enterrés dans la basilique constantinienne. En 1451, la nécessité des travaux est évidente. Jules II (1503-1513), arguant de la fragilité des bâtiments, décide de raser une partie de la basilique et d’en reconstruire une, majestueuse – celle que l’on connaît aujourd’hui. L’autel papal est bien sûr conservé au-dessus de la tombe de saint Pierre.

Les reliques de saint Pierre

En 1941, une boîte contenant des ossements est trouvée non loin de la tombe, dans une petite niche (loculus), près du mur rouge du monument de Constantin, puis est mise de côté. Une dizaine d’années après, lors de la deuxième campagne de fouilles, de 1952 à 1958, une archéologue et épigraphiste italienne, Margherita Guarducci, découvre l’inscription grecque «Pierre est ici» sur un fragment du mur rouge. La boîte est alors retrouvée pour analyser les ossements, et l’on découvre qu’ils sont ceux d’un homme de constitution robuste, du 1er siècle, d’âge avancé, présentant de l’arthrose, maladie courante chez les pêcheurs. Des restes de tissu pourpre, cousu de fils d’or, entourent les fragments d’os, signe d’une vénération certaine. Les os présumés de l’apôtre avaient été légèrement déplacés de la tombe à loculus, sans doute par des chrétiens désireux de prévenir toute profanation.

Le 26 juin 1968, lors d’une audience, Paul VI (1963-1978) déclare que «les reliques de saint Pierre ont été elles aussi identifiées d’une façon que nous pouvons tenir pour convaincante». Elles sont alors replacées dans le loculus, excepté quelques reliques destinées à la chapelle privée du pape.

Visite guidée

Aujourd’hui, on accède aux fouilles par une entrée située à côté de la sacristie de la basilique, une fois passés l’Arc des cloches, la salle Paul VI et le cimetière teutonique. Juste à côté de l’entrée, au sol, se trouve un carré rappelant l’emplacement de l’obélisque dressée autrefois au centre du cirque de Néron.

Après un bref rappel historique, les visiteurs descendent un escalier étroit pour pénétrer dans la nécropole païenne. Ils cheminent à travers des mausolées de grandes familles romaines, comprenant statues, fresques, bas-reliefs ou masques funéraires, ainsi que des tombes plus modestes. Le haut des voûtes, rasées par Constantin, se distingue nettement, et la terre a protégé des œuvres magnifiques. La mosaïque du Christ-Helios, entre autre, témoigne de l’art chrétien naissant, reprenant la symbolique païenne en l’adaptant discrètement, en cas de persécution.

En s’enfonçant en direction de la chapelle Clémentine, les pèlerins arrivent enfin devant les reliques de l’apôtre. Exactement à la verticale de l’autel de la basilique surmonté du baldaquin du Bernin, dans l’axe précis de la coupole de Michel-Ange, dans le creux d’un mur de pierres, se trouvent les humbles restes du premier pape. Les fouilles ont été ouvertes de manière à laisser visibles les différents monuments qui ont surmonté la tombe.

La visite des Scavi se fait sur réservation. L’accès est payant, interdit aux moins de 15 ans et limité à 12 personnes en même temps. Des prêtres, des religieuses, des séminaristes et parfois des laïcs se relaient tout au long de l’année pour assurer des visites dans de nombreuses langues. Pour les autres, le site internet du Vatican propose une visite virtuelle.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins. Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2’800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri. Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie. Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013), ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

Raphaël Zbinden

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