APIC – Interview
km ai Nord-Ouest de Bagdad, à une trentaine des montagnes du Kurdistan.
Ici, dans cette ville il y a de nombreuses communautés chrétiennes. Pouvezvous nous les présenter?
G.K.: Mossoul était toujours le berceau du christianisme de la Mésopotamie. Actuellement c’est la deuxième ville du pays, mais elle reste pour les
chrétiens de l’Irak, toujours la source du christianisme et des chrétiens
d’Irak. Or son nombre, par son activité, et par ce qu’il représente de de
l’histoire chrétienne de l’Irak. Nous avons ici quatre communautés: les syriens catholique, les syriens orthodoxes, les chaldéens les assyriens et
une toute petite communauté arménienne orthodoxe avec une église latine
sans communauté. Comme chiffre, on peut donner à Mossoul, il y a environ 60
à 70 mille chrétiens.
J.B.: De toutes dénominations?
G.K.: Oui, de toutes dénominations. Il y a quatre évêques pour les quatre communauté, un pour chacune. Quand on parle de Mossoul, on doit englober aussi les villages chrétiens d’alentours. Karakosh, 30 km au Sud-Est de
Mossoul qui compte 18’000 syriens catholiques, seulement du village. Il y a
Telkes, au Nord-Est de Mosoul, une ville chaldéenne qui comptent environ
aussi 10’000 chrétiens chaldéens et assyriens, et d’autres petites villes à
côtés.
J.B.: Quelle proportion des chrétiens d’Irak vous représentez ici à Mossoul et dans les environs?
G.K.: Je ne pourrais pas de pourcentage sur la ville de Mossoul, mais
pour l’Irak tout entier les chrétiens de toutes les nations représentent
environ 4 à 5 %.
J.B.: ça fait combien de personnes sur les 18’000’000?
G.B.: ça fait environ 700’000 chrétiens.
J.B.: Mais on dit maintenant à Bagdad et à Aman – j’ai vu le directeur
de la Caritas qui s’occupait des réfugiés irakiens – qu’il y a beaucoup
d’immigration dans la communauté chrétienne, beaucoup de gens cherchent à
quitter l’Irak, est-ce vrai?
C’est vrai et c’est notre grand problème. Parce qu’il y a vraiment beaucoup de chrétiens qui ont quitté; il y en a à Aman, en Syrie, en Turquie,
au Liban et surtout les jeunes, les jeunes qui ont passé 10 ans, 12 ans à
l’armée; donc qui veulent fuir cet état de guerre et qui veulent préparer
leur vie, leur avenir ailleurs. Malheureusement les conditions de l’immigration, les conditions du départ maintenant sont les pires de notre histoire. Parce qu’économiquement c’est une catastrophe, politiquement, personne ne veut leur ouvrir la porte, il n’y a pas de visas. Pour nommer notre Eglise en Irak, c’est un appauvrissement que nous subissons avec beaucoup de peines, parce que je dirais clairement nous ne sommes pas vraiment
motivés dans ce sens qu’il y a beaucoup d’égoïsme, il y a beaucoup de vies
courtes. On va pensant qu’en dépassant les frontières, on va trouver des
communautés, des Associations qui vont les recevoir; mais il n’y a personnes pour les recevoir. Ils dépensent leur argent, ils sont … je ne dirais
pas qu’ils mendient, mais ils ont besoin de demander de l’aide des autres.
Certains rentrent, très peu. Mais, pour nous, c’est un appauvrissement,
parce que s’il y a la souffrance, c’est pour tout le peuple irakien, ce
n’est pas seulement pour les chrétiens. Et on ne peut jamais accepter certains chrétiens disent que nous sommes maltraités ou que nous avons des
difficultés sérieuses parce que nous sommes chrétiens.
J.B.: En Irak, vous l’affirmez, chrétiens et musulmans vivent en bonne
intelligence, il n’y a pas de discriminations contre les chrétiens.
G.K.: Je l’affirme à l’étranger, je l’affirme à l’intérieur. Il n’y a
pas de discrimination dans le sens que vous vous l’entendez, dans la presse
occidentale. On est une minorité, une petite minorité se sent toujours lésée dans cette voie, les chrétiens se sentent parfois comme des citoyens de
seconde zone. Moi, je ne le signerais pas. Il y a des difficultés, c’est
sûr; il y a certaines difficultés sérieuses, mais pas dans le sens de maltraiter, pas dans le sens de discrimination, mais dans le sens d’une communauté représentant une minorité vivant sous l’oeil d’une majorité écrasante et qui, ma foi, sent toujours la plus forte. Je ne sais pas quels seraient les droits de ces chrétiens eux-mêmes tant arabes quand ils sont aux
Etats-Unis, quand ils sont en France, est-ce qu’ils ont tous les droits
qu’ont les Français qui ont la carte française par exemple?
J.B.: Mais on dit par exemple que beaucoup de chrétiens des montagnes
dans les années 60 ont quitté les montagnes et ce sont installés à Mossoul
– les montagnes du Kurdistan – ou sont allés à Bagdad, voire certains même
à Basra. Qu’est-ce qui s’est passé dans les années 60 qui ont poussé certains villages chrétiens du Kurdistan à chercher la sécurité en ville?
G.K.: Il y a toujours deux motifs pour quitter son pays; il y a toujours
tout de suite le facteur économique et le facteur social. Le facteur économique, c’est bien entendu, il n’y a pas à y ajouter. Le facteur humain ou
sociologique quand il n’y a pas de sécurité. On cherche la sécurité. Alors
dans les années 60 jusqu’à maintenant, on ne peut pas dire que la région
vivait en paix toujours et normalement. Donc les gens du pays, surtout les
chrétiens qui avaient des parents, des relations dans les villes, à Mossoul, à Bagdad ou à l’étranger ont dû quitter leurs villages pour s’installer (plus loin?) pour trouver du travail. Parfois on a vidé certains villages parce que zones militaires.
J.B.: C’était donc la lutte de Perchemegan et Moustapha contre les
troupes de Bagdad
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