Genève: Un trio interreligieux centrafricain reçoit le Prix Mello

Genève, 20.08.2015 (cath.ch-apic) Mgr Dieudonné Nzapalainga, évêque catholique de Bangui, la capitale de la Centrafrique, l’imam Oumar Kobine Layama et le pasteur Nicolas Guérékoyaméné-Gbangou ont reçu, le 19 août 2015 à Genève, le Prix Sergio Vieira de Mello. Les trois leaders spirituels parcourent leur pays en conflit pour désamorcer les tensions interreligieuses.

Le Prix Sergio Vieira de Mello est décerné chaque année en reconnaissance des efforts exceptionnels accomplis par un individu, une communauté ou une institution pour réconcilier des communautés ou des parties en conflit. Une mission que poursuit l’Interfaith Platform fondée par «les trois saints de Bangui», qui visitent depuis deux ans les localités de Centrafrique pour apaiser les tensions entre communautés chrétienne et musulmane. En arrivant dans les villes ou les villages, chacun rencontre sa propre communauté et note les griefs, explique l’archevêque de Bangui au quotidien romand 24Heures.

«Dieu est amour et pardon»

Les trois religieux font ensuite le point ensemble, ils réunissent tous les imams, pasteurs et abbés autour d’une table et les poussent à formuler leurs accusations, à confronter les versions, à éclaircir les malentendus, à demander pardon. Le trio rejette la vision simpliste d’un conflit qui opposerait les «musulmans» de la Séléka aux milices «chrétiennes» anti-balaka. Pour eux, la religion est simplement instrumentalisée et prise en otage par les deux camps. «Trop souvent, des musulmans passent pour complices de la Séléka, alors même qu’ils en sont la cible», souligne le pasteur Nicolas Guérékoyaméné-Gbangou, à la tête de l’Alliance évangélique du pays. «Quant aux anti-balaka, ils font aussi souffrir des chrétiens», assure l’imam Oumar Kobine Layama, qui préside le Conseil islamique de Centrafrique. Partout, le trio délivre le même message: «Qu’on soit musulman ou chrétien, Dieu est amour et pardon».

Un engagement risqué

L’engagement des trois leaders religieux les expose à un risque certain. La maison de l’imam a été détruite et le temple du pasteur a reçu huit grenades. «Mais on nous reconnaît aussi une autorité morale», affirme Mgr Nzapalainga. Il explique que cette autorité a permis de prévenir des violences, de libérer des personnes injustement détenues et de dénoncer des tueries et des pillages.

Les membres du jury du Prix Mello sont le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, le haut-commissaire pour les droits de l’homme, le directeur général de l’Office des Nations unies à Genève et les ambassadeurs du Brésil et de la France à Genève. Sergio Vieira de Mello (1948-2003) était un diplomate brésilien. Il a été haut-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, avant d’être nommé en 2003 représentant de Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, en Irak. Il a été tué en août 2013 lors d’un attentat terroriste à Bagdad. (apic/24h/arch/rz)

 

Raphaël Zbinden

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