Canada: «Une culture qui étouffe les vocations religieuses», déplore Mgr Damphousse

Cornwall, 21.08.2015 (cath.ch-apic) Au Canada, la société baigne dans une culture qui étouffe beaucoup les vocations religieuses, déplore Mgr Marcel Damphousse, évêque d’Alexandria-Cornwall, dans la province de l’Ontario.

«On fait la promotion de l’individualisme, la consommation, l’argent, les promotions et le monde sexuel: on ne peut pas être heureux si on n’a pas eu des ‘expériences?… Ce qui fait que le célibat est une réalité qui n’est pas alléchante», déclare-t-il au journaliste Philippe Vaillancourt, sur les ondes de la radio chrétienne québécoise Radio Ville-Marie.

L’apport des prêtres venus d’Afrique

«Quand un jeune se sent appelé – et je suis convaincu que Dieu appelle sans cesse – il doit être entouré d’une culture qui va favoriser sa réponse à l’appel. Quand c’est absent, on manque notre coup, déplore-t-il. Donc il faut créer un environnement propice pour que le jeune soit nourri dans sa vocation, pour qu’on puisse l’aider à discerner et à aller jusqu’au bout de sa réponse».
Dans son diocèse d’Alexandria-Cornwall, au Centre-est du Canada, Mgr Damphousse dispose de 18 prêtres actifs qui font du ministère, tandis que huit autres sont à la retraite. Parmi les prêtres en activité, sept sont des Africains. «Ils viennent du Nigeria, du Congo, du Cameroun, du Rwanda… Le défi, c’est qu’on souhaiterait avoir du monde de chez nous qui connaisse un peu notre réalité, notre culture, notre monde».

Le jeune évêque – il n’a que 52 ans – se dit pourtant ouvert à la richesse que peuvent apporter des prêtres d’outre-mer. Mais il relève que c’est un signe que l’Eglise est en santé quand elle produit elle-même ses propres vocations religieuses, ce qui n’est plus le cas lorsqu’il faut faire appel à des forces extérieures.

Le traumatisme des abus sexuels

«C’est une alerte. Il faut être aux aguets: qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’on fait qui n’est pas complet pour assurer qu’on produise tous les fruits qu’une Eglise devrait produire ?», constate-t-il. Et de relever qu’un jeune n’optera pas pour une vocation sacerdotale «s’il voit des prêtres malheureux, traumatisés et incertains».

Le clergé a en effet été très traumatisé par les révélations, la décennie passée, sur les abus sexuels perpétrés sur des mineurs. «La plupart des accusations visant le clergé étaient fausses. Alors il y a des prêtres qui ont été passés au moulin à viande. Ils en sont sortis marqués et très sensibles… Ça a fait une réaction où les prêtres étaient devenus gênés de se présenter publiquement – avec le col romain par exemple – parce qu’on leur lançait des bêtises». Mais l’évêque estime qu’il a réussi à rétablir la confiance entre l’Eglise et son peuple, entre le clergé et le peuple, «et je pense que ça passe très bien».

Face un clergé vieillissant, difficulté des jeunes à s’engager

Il estime aussi que la différence d’âge avec un clergé vieillissant peut en partie jouer sur la vocation d’un jeune. Il l’a lui-même vécu quand il s’est senti appelé à devenir prêtre, avec la crainte de se retrouver seul dans 20 ou 25 ans. «Je me disais: vais-je être le seul prêtre avec toutes les paroisses devant moi ? Ça me faisait peur. Ce que le Seigneur m’a expliqué un jour, c’est: ‘je ne te demande pas de prendre la responsabilité de tout ça, mais de donner le meilleur de toi-même tandis que je m’occupe du reste’. Comme évêque, je trouve que c’est une bénédiction de ne pas me faire du souci au point de me rendre malade et de ne plus dormir parce qu’on n’a pas les séminaristes qu’il nous faut. Je crois beaucoup en un Dieu providentiel». (apic/rvm/be)

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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