Homélie du 17 mai 2015

Prédicateur : Abbé Célestin Kabundi
Date : 17 mai 2015
Lieu : Eglise St-Nicolas de Flüe, Lausanne
Type : radio

Frères et sœurs bien-aimés,

Comme dit dans l’accueil, le thème d’aujourd’hui est tiré de la prière sacerdotale de Jésus, le ressuscité : « Qu’ils soient un comme toi et moi, sommes un ».

On est frappé par le ton dans cette prière : il y a une communion que rien ne vient ternir, il y a le reflet d’une grande intimité entre le fils et le Père, surtout de l’assurance de la part du fils d’être entendu, exaucé par son Père. Cette prière renvoie aussi à la nôtre. Jésus nous donne un modèle et nous apprend que sans la prière, sans la communion avec le Père dans l’Esprit Saint, nous ne pouvons rien faire. Entrons alors à son école et apprenons à prier.

Cette prière, le Seigneur Jésus l’adresse au Père au moment difficile où il doit quitter ce monde et se séparer de ses disciples qu’il a aimés et pour qui il est prêt à tout donner. Lui Jésus s’est toujours trouvé du côté des pauvres, des faibles, des malades, des prostitués, des rejetés de la société, des gens blessés. Il a passé sa vie à faire du bien, à aimer… Il n’exclue personne.

Le jeudi dernier nous avons fêté son Ascension vers le Père. Pas son départ mais bien sa présence dans notre vie de tous les jours. Jésus a accompli sa tâche et il nous promet maintenant une nouvelle façon de nous accompagner et d’être avec nous.

Il est et sera présent, par sa parole, ses sacrements, son eucharistie et par les autres qui ont besoin de nous. Ce n’est pas dans le ciel que nous trouvons Dieu mais dans notre Galilée à nous, dans notre vie de tous les jours. C’est à nous maintenant de nous rendre proches de nos frères et sœurs en humanité, d’accomplir les œuvres du Seigneur parmi ses enfants et d’être semences d’unité dans le monde déchiré pour que celui-ci participe, par l’œuvre de l’Esprit Saint, à la sainteté même de Dieu.

Notre Seigneur est bien conscient que cette tâche n’est pas facile. Pour cette raison, il prie, il offre sa prière à Dieu le Père pour ses disciples afin que son Père (Père Saint » qui est aussi leur Père veille sur eux, soit leur gardien et le guide de leur foi et de leur prière.

Dans cette riche prière, on découvre plusieurs prières d’intercession:

La première exprime son souci premier : « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné ».

Une deuxième qui constitue sa grande préoccupation: « Qu’ils soient un comme nous-mêmes ». Jésus souhaite dans sa prière que ses disciples vivent dans la communion, unis à Lui et unis entre eux.

Cette parole, est le sommet de la Révélation. Nous savons que cette unité de l’humanité passe par chacun de nous, dans notre propre vie. Nous sommes tous concernés. La prière de Jésus hâte cette unité de notre cœur et du cœur de Dieu.

Jésus prie aussi pour que l’Esprit de Dieu sanctifie ses disciples qu’il envoie dans le monde, c’est-à-dire les remplisse de sa puissance d’aimer, de faire vivre, de pardonner.

Une autre intercession de Jésus : « Qu’ils aient en eux ma joie, et en soient comblés ».

C’est une joie réaliste, puisque c’est au cœur même de la haine du Monde, du combat contre le mal, face à sa propre mort, que Jésus demande au Père que sa joie demeure en ceux qui croient en lui, et quoi qu’il arrive, qu’elle ne s’éteigne jamais. C’est la joie qui s’enracine dans l’amour et la joie de Dieu, comme le dit le pape François dans son exhortation « la joie de l’Evangile ».

Conclusion

Commentant ce texte, le Benoit XVI disait : « Jésus prie afin que ses disciples soient un. En vertu d’une telle unité, reçue et préservée, l’Eglise peut marcher « dans le monde » sans être « du monde » (cf. Jn 17, 16) et vivre la mission qui lui a été confiée afin que le monde croie dans le Fils et dans le Père qui l’a envoyé. L’Eglise devient alors le lieu dans lequel se poursuit la mission même du Christ : conduire le « monde » hors de l’aliénation de l’homme à l’égard de Dieu et de lui-même, hors du péché, afin qu’il redevienne le monde de Dieu ».

Il nous faut donc rejeter les rivalités, les rancunes qui sont un contre-témoignage pour l’Église. Des chrétiens divisés qui n’arrêtent pas de se critiquer les uns les autres ne peuvent être crédibles. Surtout aujourd’hui où les chrétiens vivent le martyre à travers l’humanité. C’est à nos gestes d’amour, de partage et de solidarité que nous pouvons prétendre être disciples du Christ.

Nous vivons dans un monde de violence, des injustices, un monde du chacun pour soi. Ce monde-là ne peut pas procurer le bonheur, la vraie paix, la joie à l’humanité. Jésus le fils du Père en est bien conscient : l’ennemi profite de nos divisions pour faire encore plus de mal. Il n’y a que là où il y a l’amour, là où il y a l’unité dans le respect de nos différences que la vie, la paix, le bonheur peuvent être possibles.

Aujourd’hui plus que hier, les chrétiens du monde entier sont appelés à prendre conscience de cet appel du Christ à être unis. Seul le témoignage de l’unité peut sauver notre monde. « Voilà comme ils s’aiment… ».

Nous avons à l’esprit les images atroces qui nous viennent de l’Orient ou de l’Afrique où on nous montre des personnes décapitées à cause de leur foi au Christ, des tueries, des assassinats de tout genre. Mais pourquoi ? Notre Dieu ne nous pousse pas, ne nous poussera jamais à donner la mort aux autres. Il est un Dieu des vivants et non des morts.

Comprenons bien que nous sommes envoyés dans ce monde par Jésus pour communiquer l’amour qui est en Dieu. Sa grande priorité, c’est les petits, les pauvres, les exclus, tous ceux et celles qui sont rejetés à cause de leur passé. A travers nous, c’est Dieu qui est là pour leur annoncer la bonne nouvelle et leur redonner joie et espérance. Comme Jésus, nous aurons à pardonner et à témoigner de l’amour de Dieu pour le monde. Cette mission ne pourra être accomplie que par des chrétiens unis : le dialogue, le respect mutuel, la communion, le pardon, la reconnaissance, la conciliation et la réconciliation entre nous, quelles que soient nos différences sont les signes qui authentifient notre union à Dieu, notre Père commun et à Jésus. L’unité entre nous est le signe le plus fort de la résurrection.

Par l’intercession de la Vierge Marie, la Reine de la Paix, demandons à Dieu notre Père de nous combler de la force de son esprit Saint et de faire de nous ses TEMOINS crédibles pour un monde meilleur.

Que Dieu qui vous aime vous bénisse.

Amen.

7e dimanche de Pâques

Lectures bibliques : Actes 1, 15-17.20a.20c-26; Psaume 102; 1 Jean 4, 11-16; Jean 17, 11b-19

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