Homélie du 10 mai 2015

Prédicateur : Abbé Maurice Genoud
Date : 10 mai 2015
Lieu : Eglise de Siviriez
Type : radio

Chers frères et sœurs,

Voici mon commandement, nous dit Jésus : c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Cet ordre, ce commandement, Jésus le donne au cours de la dernière soirée qu’il passe avec ses disciples .Il sait qu’il va au devant de terribles souffrances, de la torture et de sa condamnation à mort et il parle non de révolte mais d’amour. Bien plus, il annonce à ses amis qu’il veut rester au milieu d’eux tout en les quittant .Leurs yeux ne le verront plus mais par l’Eucharistie il est bien présent .Il célèbre ce grand mystère avec eux et leur confie la tâche de poursuivre cette mission .Bien loin de les abandonner il leur demande un grand acte de foi .L’amour ne peut s’arrêter ni disparaître .Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, pour ses amis. Ainsi Jésus nous donne l’exemple.

Lui le Fils de Dieu, au cœur débordant d’amour va accepter la pire humiliation et la pire condamnation : le supplice de la croix. Qu’a-t-il fait de mal ? Rien sinon qu’il a parlé de Dieu en connaissance de cause, il l’a appelé : son Père. Qui me voit, voit mon Père qui est dans les cieux .Les autorités n’ont pu accueillir une telle affirmation voulant comprendre avec leur intelligence et non pas accueillir humblement une vérité qui les dépasse infiniment. Moi j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père et je demeure dans son amour .Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. En effet le Christ est venu pour nous dire l’amour infini que le Père nous porte et par l›offrande de sa vie nous remettre dans l’intimité de son Père, intimité perdue dès l’apparition de l’homme qui a voulu être comme Dieu et ne pas dépendre de lui. C’est par un acte d’amour infini que Jésus nous remet au Père. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande .Je vous appelle mes amis car tout ce que j’ai appris de mon Père je vous l’ai fait connaître. Que nous fait-il connaître ? Cet amour sans limite du Père et l’offrande de sa vie pour nous donner la vie .Il veut notre bonheur, notre épanouissement. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous portiez et donniez du fruit et que votre fruit demeure, nous dit le Maître .Ce fruit c’est l’amour. Notre monde n’a –t-il pas un urgent besoin d’entendre cet appel ?   Que de personnes vivent déjà dans cet esprit. Le bien fait moins de bruit que le mal. Quand a soufflé l’ouragan Lothar, tout le monde l’a entendu mais quand toute la forêt grandit, elle ne fait aucun bruit   il faut un regard attentif pour le découvrir.

A ma connaissance, j’ai lu dans un seul hebdomadaire l’acte héroïque d’Akash Bashir. Agé de 19 ans, ce jeune homme appartenait à une famille de sept personnes vivant dans une seule pièce dans le quartier chrétien de Lahore la deuxième ville du Pakistan avec sept millions d’habitants .Les chrétiens y seraient 130000. Akash avait suivi l’école technique Don Bosco tenue par les salésiens. Il avait quitté sans diplôme « parce qu’il était faible en maths. » raconte sa mère .En décembre dernier il était entré dans le service de sécurité de la paroisse. « Dès 7 heures du matin il montait la garde devant l’église et cela pendant cinq heures .Cela ne me plaisait pas du tout, mais que pouvais-je faire ? Lui même nous disait que nous serions fiers de lui un jour ,que son nom serait connu partout .Nous lui disions qu’il était fou ,mais c’est lui qui avait raison, » Ce matin là, Akash et un ami surveillent l’entrée de l’église Saint Jean quand ils entendent une explosion .C’était le premier attentat contre une église protestante .Ils voient un homme portant une lourde veste qui se précipite vers eux et décident de l’arrêter .Celui-ci aurait crier « Laissez moi passer ou vous allez mourir. » Akash se jette sur lui découvrant alors que le terroriste portait une ceinture d’explosifs, il l’empêche d’entrer dans l’église. L’explosion ne lui laisse aucune chance . N’a-t-il pas donné sa vie pour les siens ?

Si nous regardons autour de nous avec des lunettes positives ,nous découvrons beaucoup de vies qui portent des fruits . Je pense à une grand maman de 8 enfants dont 4 atteints de paralysie. Sans se plaindre elle a vécu avec deux jusqu’à son entrée dans l’éternité .Quel beau fruit d’amour. Autour de nous, tant de personnes s’engagent sans bruit au service des ainés, des malades de la catéchèse des enfants ou pour visiter des personnes isolées. Les personnes qui offrent au Seigneur leur travail, leurs souffrances ou leurs ennuis ne portent-elles pas du fruit car par leur lien avec le Seigneur ,à l’image des moines, elles portent le monde.

En ce dimanche de la fête des mères, n’est-ce pas l’occasion de témoigner à une maman ,grand maman ou épouse un fruit de reconnaissance pour ce qu’elles sont ? Il y a tant d’enfants ou de conjoints qui ne savent que demander ou donner des ordres. De petits gestes font grand plaisir .Au catéchisme, en parlant du commandement : Tu honoreras ton père et ta mère, je dis aux enfants si vos grands parents habitent près de chez vous, allez leur rendre visite, les saluer cela leur procure tant de joie…Eux de me répondre Ils ont tout ce qu’il leur faut, ils ont l’AVS. Les gestes d’amour s’apprennent lorsqu’on est enfant. Que servira d’apporter une grande couronne de fleurs au jour des funérailles alors qu’on n’a jamais cultivé la fleur de la reconnaissance, du merci en un mot la fleur de l’amour. Que la Vierge Marie nous apprenne à porter le beau fruit de l’amour dans le quotidien de nos vies. La grandeur et la beauté d’une vie dépendent non pas d’un acte extraordinaire mais de l’amour vécu chaque jour à l’image de ce que Jésus et Marie ont vécu.

6e dimanche de Pâques

Lectures bibliques : Actes 10, 25-26.34-35.44-48; Psaume : 97; 1 Jean 4, 7-10; Jean 15, 9-17

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