Homélie du 28 décembre 2014

Prédicateur : Bertrand Georges, diacre
Date : 28 décembre 2014
Lieu : Eglise Saint-Laurent, Charmey
Type : radio

Chers paroissiens du Val Charmey, chers hôtes de passages, chers auditeurs …

Vous le constatez, la famille, à notre époque, est traversée par de grandes remises en question. Pourtant, tous les sondages le montrent, elle demeure un lieu d’attentes considérables. Il semble que le désir d’un amour qui rime avec toujours, soit inscrit dans le cœur de chacun.

Ainsi, la joie, l’épanouissement, mais aussi la déception lorsque cette aventure est traversée par l’échec, la séparation ou d’autres difficultés, sont à la mesure de ce « désir de famille » qui nous habite, et qui est généralement très profond.

Chacun expérimente ou constate que le vécu familial peut être le lieu du plus grand bonheur mais aussi celui de souffrances bien réelles.

Tout ceci nous invite à nous interroger : d’où vient l’amour ? A qui pouvons-nous rendre grâce lorsqu’il fleurit ? Mais aussi : existe-t-il une source à laquelle nous pourrions ressourcer cet amour, le vivifier, le guérir lorsqu’il est blessé ?

En ce jour de fête, l’Eglise nous propose de contempler la sainte famille de Nazareth qui nous donne quelques éléments de réponse à ces questions.

Certes, la Sainte famille est assez originale : un enfant unique, tout à la foi homme et Dieu, une mère Vierge, un père adoptif, appelés ensemble à une mission exceptionnelle. Pourtant, au-delà de l’aspect singulier de cette famille, l’Evangile de ce jour a quelque chose à dire à chacun de nous, peut-être particulièrement à notre génération en quête de repères.

J’en relèverai trois :

Premièrement, le texte insiste sur le fait que Marie et Joseph firent ce que prescrit la loi du Seigneur. Cette famille vit sa foi. Elle reconnait humblement qu’elle a besoin de Dieu et elle nous invite à faire de même. Nous pouvons demander à Dieu aide, force et bénédiction, en les puisant dans les sacrements, en lisant la Bible, en allant au caté … mais aussi en priant, en couple ou en famille. Et prier, c’est souvent moins compliqué qu’on ne le pense : remercier Dieu pour ses bienfaits, lui demander ce dont nous avons besoin, bénir le repas, marquer le front de nos enfants ou de notre conjoint d’un signe de croix, dire un « Notre Père » et un « Je vous salue Marie » en se tenant la main … Vivre sa foi, prier ensemble ou les uns pour les autres, ce que savent souvent bien faire les grands-parents, fortifie la famille.

La deuxième chose qui m’a frappée dans cet Evangile se situe dans les rencontres que vont vivre Marie et Joseph en venant au Temple. Ils se laissent interpeler par deux personnes âgées : Syméon, homme juste et religieux, et Anne, veuve de 84 ans qui servait Dieu jour et nuit.

Et là quelque chose d’étrange se produit, comme une inversion des rôles : alors que Marie et Joseph viennent présenter cet enfant à Dieu, c’est Dieu qui, par ces deux personnes inspirées, présente l’enfant Jésus aux hommes. Il est, disent-ils, le salut pour tous les peuples, la lumière des nations.

De Syméon, l’Evangile nous dit qu’il attendait la consolation d’Israël. Quand à Anne, elle parle de l’enfant à tous ceux qui espéraient la délivrance de Jérusalem. Au cœur de leur épreuve et de leur tristesse, ils reconnaissent en Jésus Celui qui apporte lumière, consolation et espérance.

Ce que Syméon et Anne expérimentent, à la suite d’Abraham et de Sara dans la première lecture, le Seigneur veut aussi l’offrir aux personnes et aux familles qui font l’expérience de la souffrance ou du découragement. Le Sauveur né dans la pauvreté d’une étable est venu apporter consolation et espérance jusqu’au sein des familles les plus éprouvées, dans les situations les plus bouleversées. Et il le fait en comptant sur nous, pour que soyons ses messagers auprès de ceux qui l’attendent parfois même inconsciemment.

Enfin, après cette démarche au Temple de Jérusalem, Jésus Marie et Joseph retournent dans leur ville de Nazareth. Jésus, nous dit le texte, y grandit et se fortifie.

Ceci nous indique que nos familles, dans la simplicité de leur quotidien, sont appelées à être d’irremplaçables écoles de croissance, d’humanisation, d’évangélisation. On y transmet la foi. On y apprend la relation, la fidélité, le pardon, le respect de l’autre malgré la différence, le service, le partage …

Et nous pouvons nous interroger : nos familles manifestent-elles la joie de l’Evangile ? Offrent-elles l’espace où peut se déployer la beauté du vivre ensemble ? Certes, cela n’est pas toujours facile, notamment à cause des multiples activités qui souvent nous assaillent.

Le vécu de la Sainte Famille nousinvite donc à hiérarchiser nos occupations, à ne pas permettre aux urgences de dévorer les priorités, à faire de la place pour accueillir la joie et la paix de Noël et ceci tout au long de l’année.

Vivre la foi en famille, accueillir et répandre la consolation et l’espérance au cœur même des difficultés, cultiver la paix et la joie de Dieu au sein de nos foyers, voilà les grâces que nous pouvons demander au Seigneur en ce jour fête.

Aussi, permettez-moi, une fois n’est pas coutume, de terminer cette homélie par une prière : celle que notre Pape François a composée à l’occasion du synode pour confier à Dieu toutes les familles de la terre :

Jésus, Marie et Joseph
en vous nous contemplons
la splendeur de l’amour véritable,
à vous nous nous adressons avec confiance.

Sainte Famille de Nazareth,
fais aussi de nos familles
des lieux de communion et des cénacles de prière,
des écoles authentiques de l’Évangile
et des petites Églises domestiques.

Sainte Famille de Nazareth,
que jamais plus dans les familles on ne fasse l’expérience
de la violence, de la fermeture et de la division :
que quiconque a été blessé ou scandalisé
connaisse rapidement consolation et guérison.

Sainte Famille de Nazareth,
que le prochain Synode des Évêques
puisse réveiller en tous la conscience
du caractère sacré et inviolable de la famille,
sa beauté dans le projet de Dieu.

Jésus, Marie et Joseph
écoutez-nous, exaucez notre prière.[1]

Amen

Fête de la Sainte Famille

Lectures bibliques : Genèse 15, 1-6 ; 21, 1-3 ; Psaume 104 ; Hébreux 11, 8.11-12.17-19 ; Luc 2, 22-40 (ou brève : 22.39-40)

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