Prédicateur : Père Pierre Pochon
Date : 19 octobre 2014
Lieu : Ecole des Missions, St-Gingolph
Type : radio
Joie de vivre et bonheur de croire.
Des impôts à payer? Une question que l’homme se pose depuis longtemps…!
Pour les juifs, cela voulait dire financer les occupants romains qui envahissaient la Palestine. Financer l’oppresseur qui veut réduire les vaincus en esclavage.
Ne pas payer? Cela voulait dire se ranger du côté des résistants, des nationalistes ou des fanatiques qui voulaient de manière violente expulser les romains hors de leur pays… Jésus ne veut pas se laisser enfermer dans la violence. Il ne veut pas non plus tout accepter sans réagir sous prétexte de paix!
La monnaie utilisée: elle porte l’image de César! qu’on la lui rende…
Mais l’homme est à l’image de Dieu, nous devons aussi lui rendre ce qui lui revient. Au-delà des structures humaines, il y a notre identité de Fils/filles de Dieu, citoyens du ciel. C’est de Dieu que nous recevons notre identité, notre dignité. Nous lui ressemblons. A cause de cela, nous ne pouvons pas séparer notre foi, notre ressemblance à Dieu qui fonde notre dignité, nous ne pouvons la séparer de notre condition humaine, puisque Dieu s’est incarné. Si nous devons être une seule famille, à la ressemblance de Dieu, si nous avons tous notre grandeur, notre valeur, notre dignité devant Dieu c’est parce que sa présence EST en chacun, chacune de nous. Nous pouvons distinguer les divers aspects de notre personnalité, les divers secteurs où exercer notre activité mais un adulte dans sa maturité doit être unifiée, avoir une cohérence de pensées, de paroles et d’actions parce qu’il a des convictions profondes qui l’animent tout entier : le Christ s’est incarné, homme parmi les hommes!
Aussi les missionnaires vont-ils lier étroitement leur annonce de l’Evangile à la mise en pratique sur le terrain de ce que l’Evangile leur demande de vivre. Aux Philippines, comme à Madagascar où j’ai vécu et travaillé pendant une trentaine d’années comme missionnaire, annoncer la bonne nouvelle c’est la vivre avec les gens dans ce qui fait leur quotidien.
L’Eglise annonce la justice, la paix, l’amour du prochain pour tous, surtout pour les plus défavorisés : alors l’Eglise doit devenir une force d’opposition à la corruption et aux oppressions de toute sorte. (Justice et Paix, des mouvements d’actions catholiques, des communautés de base, des syndicats). Par exemple: il a fallu dénoncer les reventes de remèdes reçus gratuitement et non destinés à la vente, vérifier la compétence des infirmiers- docteurs en médecine, lutter contre les dessous de table pour entrer à l’hôpital, pour avoir des médicaments… Pareil dans le monde économique : quand le prix donné au cultivateur est 20 fois inférieur au prix de vente, il faut le dénoncer (un kilo de vanille acheté au paysan 2,50 fr et que 2,50 c’est le prix d’un gousse de vanille ici en Europe), dans le monde judiciaire (achat du juge) dans les prisons (achat des gardiens) ou chez les étudiants (des examens), dans le monde de la mer (un marin blessé laissé à l’abandon dans un port)… L’Eglise est une force qui invite les gens à la libération de tout ce qui les rabaisse, les opprime,de tout ce qui peut réduire les gens à des objets et empêche leur épanouissement.
C’est souvent là où il faut rendre à César ce qui est à César que nous pouvons rendre à Dieu ce qui lui revient. Le missionnaire est attentif à la vie des gens: d’abord vivre, (la maman et ses enfants, le poisson à donner) puis s’épanouir peu à peu, y compris dans la dimension spirituelle…
Chez nous aussi: Il y a des africains, des asiatiques, des européens de différentes nationalités. Il y a des religions, des cultures différentes aussi. Sommes-nous capables de vivre ensemble? De nous respecter, de nous comprendre et de nous aimer ?
« J’étais étranger ( d’une autre culture, d’une autre langue, foi ) vous m’avez accueilli » Faire cela aux petits, c’est le faire au Christ présent, vivant en nous, aujourd’hui.
Aller vers l’autre pour le connaître, le comprendre, le respecter dans ce qu’il est et l’aimer : C’est cela être missionnaire…un service d’une Bonne Nouvelle priée, célébrée, vécue. Nous rappeler que la religion, notre foi, notre vie spirituelle, ce ne sont pas d’abord des structures, des rites et des lois à observer, mais C’EST QUELQU’UN À AIMER , quelqu’un qui est chacun de nous. Se laisser illuminer par la lumière de celui qui est la Parole du Père, qui est Lumière du monde. » Ta Parole une lampe pour mes pas, une lumière pour ma route » : Psaume: 118, v.105.
Ne pas mettre cette lumière sous le boisseau mais sur le lampadaire pour que toute la maison soit éclairée. Joie de vivre et bonheur de croire?
Un poème de Tagore, poète indien :
« Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie,
je m’éveillais et je vis que la vie était servir.
je servis et je vis que servir était joie ».
Dimanche de la Mission universelle
Lectures bibliques : Isaïe 45, 1.4-6; Psaume : 95; 1 Thessaloniciens 1, 1-5b; Matthieu 22, 15-21