Homélie du 01 juin 2014

Prédicateur : Chanoine Jean-Paul Amoos
Date : 01 juin 2014
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

Mes Sœurs, mes Frères, chers Auditeurs,

Quelle densité dans ce texte d’Evangile que nous venons de lire, quelle merveilleuse prière, quelle superbe communion. Que désirer de mieux que la gloire du Père. Que souhaiter de plus fort que d’accomplir la volonté du Père. Quoi de plus grand que de parvenir à réaliser ce que le Père souhaite : le salut du monde, la grâce du ciel pour l’homme !

Pour Jésus l’heure est venue, cette heure du passage qu’il a tant désirée est toute proche, et selon une ma-nière juive de prier, il lève les yeux au ciel, il prononce la plus longue prière que les évangiles nous aient lais-sée. La prière dite sacerdotale. La prière de Jésus grand prêtre, réalisant ce qui est écrit au ch. 10 de la lettre aux Hébreux : en venant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre ».

Et cette volonté, il l’a accomplie en réalisant l’œuvre confiée par le Père.

Jésus a conscience d’être bien plus qu’un envoyé, un prophète de Dieu : il est le Fils qui peut s’adresser à Dieu son Père avec des accents de tendresse inéga-lables. Sa dernière heure est arrivée : surmontant son angoisse devant le supplice qui approche, il rend grâce à Dieu d’arriver au terme de la mission qu’il avait reçue de Lui : révéler le Nom du Père, son Etre profond et de faire comprendre que Dieu n’est pas un Absolu lointain, mais qu’il est PERE.

En présence des Apôtres, Jésus demande d’être entiè-rement saisi par son Père, de n’avoir plus entre le Père et lui le mur de son corps mortel; Il demande au Père de lui donner un corps de gloire tout irradié par sa lu-mière amoureuse. En fait, Jésus demande sa résurrec-tion. Ainsi transformé, il pourra donner la vie éter¬nelle aux siens.

« Père, glorifie-moi auprès de toi : donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde ».

Par ces mots, l’évangéliste nous fait entrer dans l’intimité de la prière filiale de Jésus. Certes, en tant que Verbe éternel, Jésus partageait la gloire trinitaire avant le commencement de la création, c’est ce que S. Jean dit dans son prologue. Mais conformément au dessein du salut, Jésus a pris chair en ce monde, il s’est revêtu de notre humanité mortellement blessée par le péché, afin de la délivrer de son impuissance et la restaurer dans sa faculté d’aimer.

Jésus demande au Père, de le glorifier, afin de pouvoir répandre sur l’humanité sa puissance infinie d’amour, pour qu’il puisse à son tour LE glorifier non seulement en tant que Fils de Dieu, mais en tant que Fils de l’homme.

« Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie ».

On pourrait s’étonner d’entendre Jésus dire : « Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie ». Pourquoi la glorification du Père passe-t-elle par la glorification du Fils ?

Pour le comprendre, il faut tenter de saisir le mystère de la création de l’homme à l’image et la ressemblance de Dieu, de cette image destinée à entrer dans la gloire de Dieu, mais qui depuis le péché des origines a perdu le sens de son existence. Pour comprendre pourquoi la glorification du Père passe par la glorification du Fils, il faut entrer dans cette profonde communion Père – Fils, de ce souhait du Fils de s’offrir pour le salut du monde afin que le Père retrouve en l’homme cette image créée par amour pour aimer. Et cette harmonie de l’homme avec Dieu passe par le salut en Jésus Christ. Si le Christ n’accomplit pas son œuvre jusqu’au bout, jusqu’à la mort et à la résurrection l’homme ne retrouve pas sa place de créature projetée par Dieu pour une communion et pour un destin de relation amoureuse avec Lui. Donc, la glorification du Fils, sa résurrection donne toute gloire au Père qui retrouve son œuvre : l’homme debout.

En demandant la gloire de son corps, Jésus était loin d’exprimer une requête égoïste : cette gloire même se référait aussi au salut des autres hommes, car il est ressuscité pour notre justification. Jésus ne peut penser à sa gloire sans désirer la nôtre; sans la nôtre, la sienne ne serait pas parfaite.

Par sa mort et sa résurrection, Il ouvre les sources de la vie divine qui va pouvoir nous envahir et nous transfigurer. « Je leur donnerai la vie éternelle, et je trouverai ma gloire en eux ».

Au 2ème siècle, S. Irénée, évêque Lyon écrivait ceci : « un homme vivant, c’est la gloire de Dieu. Et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu », c’est-à-dire la partici-pation à sa vie divine.

Voilà ce que demande Jésus à ce moment suprême : Père, révèle ma gloire, ta puissance de vie, en me don-nant le pouvoir de faire de tous les hommes des vivants qui se¬ront ma gloire et ta gloire.»

9e dimanche du temps ordinaire, dimanche des médias

Lectures bibliques : Actes 1, 12-14; Psaume : Ps 26; 1 Pierre 4, 13-16; Jean 17, 1-11

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