Homélie du 29 décembre 2013

Prédicateur : Abbé Maurice Genoud
Date : 29 décembre 2013
Lieu : Eglise Saint-Sulpice à Siviriez (FR)
Type : radio

Chers frères et sœurs,

En parlant de la Sainte Famille, ne risquons-nous pas de penser qu’elle était composée d’une femme choyée par Dieu: Marie, d’un home discret et effacé: Joseph et d’un enfant hors du commun: Jésus, le Fils de Dieu.

Ce foyer de Marie et Joseph, comme tant de familles aujourd’hui va connaître l’épreuve avant même la naissance de leur enfant. En effet, lorsqu’ils cherchent un lieu d’accueil, toutes les portes se ferment si bien qu’ils se réfugient dans une étable et c’est là que Marie va mettre au monde le Fils de Dieu. La souffrance et les humiliations ne font que commencer.

Marie et Joseph portent l’Enfant au Temple, le vieux Siméon, sous l’action de l’Esprit Saint prophétisera: et l’Enfant sera un signe de contradiction et à toi, Marie un glaive de douleur transpercera ton cœur.

Marie et Joseph vont devoir prendre le chemin de l’exil avec l’Enfant menacé de mort par Hérode. Ils vont trouver asile là où leurs ancêtres étaient esclaves: en Egypte. Aujourd’hui encore, que de familles et d’innocents vivent la même réalité pourchassés par des dictateurs, des tyrans ou par la misère et la persécution. Après deux ans d’exil, la famille va s’établir à Nazareth, le village de Marie.

Elle-même et Joseph sont pratiquants et lorsque l’enfant atteint 12 ans, ils l’emmènent avec eux pour la Pâque à Jérusalem. C’est au temple qu’ils vont retrouver l’Enfant après 3 jours d’inquiétude. Quelle stupéfaction de le voir dialoguer avec les docteurs de la loi. Que d’interrogation dans le cœur de la Maman: «Mon Enfant pourquoi nous as-tu fait cela, ton Père et moi, tout inquiets, nous t’avons cherché». La réponse va rappeler à Marie que son Enfant ne lui appartient pas. «Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père». L’Enfant grandit en grâce et en sagesse et travaille auprès de Joseph.

À trente ans débute sa vie publique où il va se heurter aux autorités religieuses bien établies. Pour la Maman, quelle souffrance de découvrir ce Fils rejeté et ridiculisé. Alors, qu’il n’est qu’amour et miséricorde. Il fréquente les gens de mauvaise renommée, les pécheurs, les rejetés du monde. Il s’invite chez les pécheurs et mange avec eux. Que de critiques ne va-t-il pas entendre? On veut le prendre en défaut, le faire tomber: «Faut-il payer l’impôt? Pourquoi ne respectes-tu pas le sabbat, puisque tu guéris des gens ce jour-là? Comment oses-tu dire que tes péchés sont pardonnés? Pour qui te prends-tu»?

Il va finir par être condamné au supplice de la croix alors qu’il est innocent, victime, de dire et d’être la vérité. En croix alors que la foule crie, qui est présent? Marie, sa Mère et Jean le disciple bien aimé. Une maman n’abandonne jamais son enfant. Avant de rendre le dernier souffle, il promet la gloire et le bonheur au criminel condamné avec lui.

Que retenir de la Fête de la Sainte Famille?

Il n’y a pas de famille qui ne connaisse pas la souffrance, les difficultés, qui peuvent venir de l’intérieur de la famille ou de l’extérieur. La famille de Jésus nous le montre bien. Les membres sont profondément unis entre eux mais les critiques, l’esprit de démolition des adversaires va conduire ce Fils unique, ce Fils de Dieu au supplice de la croix. Si les autorités croient avoir triomphé par cette exécution, nous chrétiens savons que c’est l’inverse. Au pied de la croix, Marie va recevoir le cadavre de son Enfant mais à Pâques, elle le retrouve glorieux, vivant. Ainsi Marie, comme tant de mamans aujourd’hui s’est trouvée seule pour porter la souffrance de son Enfant. Vous me direz: «Et Joseph que devient-il»? L’Evangile en parle si peu. Il nous dit simplement qu’il était juste, c’est-à-dire ajusté, attaché à Dieu. Selon toute vraisemblance, il serait mort assez tôt.

Si aujourd’hui on parle beaucoup de la crise de la famille ne faut-il pas rendre grâce pour toutes celles qui font peu de bruit et où règne l’amour. Le ciment de la famille c’est bien l’amour. L’amour de Dieu d’abord qui seul peut nous apprendre à nous écouter les uns les autres, à voir ensemble, à pardonner s’il le faut. N’est-ce pas celui qui a le plus d’amour qui fera le premier pas pour remettre la paix s’il y a eu des tensions.

Il y a tant de témoignages qui nous montre comment l’amour transforme une vie et devient source et ciment de la famille. Je pense au témoignage d’une femme venue dans notre région pour devenir servante dans une famille d’agriculteur. Le papa est devenu veuf avec 4 enfants. La jeune dame est arrivée en février et à Noël, un des enfants lui a demandé: «Madame vous ne voudriez pas devenir notre maman»? La dame fut touchée de cette question et répliqua: «Si vous êtes gentils pourquoi pas»! Elle épousa le paysan auquel elle donna 4 enfants. Les 8 enfants aujourd’hui encore très unis ne peuvent pas assez dire combien ils se sont sentis aimés par cette maman.

Pensons également à la maman de Guy Gilbert qui a accueilli 12 enfants. À la naissance du dernier, quelqu’un lui disait «Comment avez-vous fait pour diviser votre amour entre les 12 enfants»? Elle lui répondit: «Je ne l’ai jamais divisé mais multiplié». Ainsi, restons profondément unis à Jésus, source de tout amour et nos familles seront solides parce que bâtie sur le roc de l’Amour: En le Christ Jésus.

Amen.

Fête de la Sainte Famille

Lectures bibliques : Siracide 3, 3-7.14-17a; Psaume : 127; Colossiens 3, 12-21; Matthieu 2, 13-15.19-23

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