Prédicateur : Mgr Rémy Berchier
Date : 15 décembre 2013
Lieu : Eglise Notre-Dame, Vevey
Type : tv
Frères et Sœurs en chemin d’Avent,
Nous sommes plongés, ce matin, en plein désert! Sa définition précise qu’il est une zone stérile, peu propice à la vie, inhabitée et non cultivée par l’homme. Isaïe nous dit qu’il est un pays aride, une terre de la soif. Et chacun de nous n’est qu’un grain de sable parmi des milliards de grains de sable dans le désert, tous avec nos pauvreté et nos richesses.
Désert du monde, désert d’une humanité désorientée dans sa recherche de sens, de fraternité et de paix; désert de la maladie et de la souffrance, désert au cœur du stress de nos vies parce que nous nous sentons si vides; désert par manque d’amour, d’écoute, désert de la solitude, désert de nos cœurs qui peinent à chercher Dieu. Et pourtant, à travers les siècles, nombreux sont ceux et celles qui vont au désert pour y trouver Dieu.
Savez-vous que dessous le désert du Sahara nous trouvons une mer immense au point que lorsqu’elle effleure la terre surgit une magnifique oasis? Savez-vous que dans un minuscule grain de sable, d’à peine 2 mm, nous pouvons trouver 180 minéraux différents? Quelle richesse nous portons en nous. Vraiment le désert peut exulter, fleurir, se couvrir de fleurs des champs, crier de joie!
Au cœur de ce désert, comme par l’intérieur, la source jaillit. Elle peut inonder chaque grain de sable, elle est Bonne Nouvelle: «Voici votre Dieu… Il vient lui-même et va vous sauver». – «On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu», nous dit Isaïe. Saint Jacques renchérit: «La venue du Seigneur est proche». Et dans l’Évangile Jésus prêche par ses œuvres: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Quelle joie, quel bonheur: la Bonne Nouvelle est déposée dans nos déserts et sur le sable de nos vies! C’est le dimanche de la joie – Gaudete! Joie de l’espérance de la venue du Seigneur, impatience, effervescence parce que le Salut manifeste les premiers signes avant-coureurs d’une arrivée imminente.
Mais pour accueillir cette Bonne Nouvelle, pour découvrir la source en nous et pour que notre cœur fleurisse, une condition est indispensable, elle est la première qualité de Jésus, même sa seule ambition: être petit! Car lorsque Dieu vient visiter son peuple, Il s’habille de pauvreté, Il se cache dans le plus petit, et Il ne peut être reconnu comme Dieu que par celui qui l’accueille tel quel, comme infiniment petit, comme grandement petit aux yeux des hommes. Il nous a demandé de devenir comme un petit enfant pour entrer dans le Royaume de Dieu. Il nous a dit que c’est le plus petit qui est le plus grand, le dernier sur la terre qui sera le premier dans l’Éternité. De plus il se définit lui-même: «Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait».
Vraiment nous sommes invités à nous désapproprier de nous-même – «Heureux les pauvres de cœurs» – pour y retrouver l’image de Dieu, la source divine et découvrir notre ressemblance à Lui. Il nous suffit de forer profondément les sables et les terres arides de nos vies jusqu’à la rencontre des eaux divines pour faire naître de belles oasis. Dès lors, tout croyant est invité à devenir un poste de forage vers la nappe d’amour inépuisable qu’est Dieu en nous. Alors, le désert se couvrira de fleurs des champs et criera de joie.
Tout irradiés de cette Bonne Nouvelle devenue présence en nous et qui inspire notre manière d’être et de vivre, à la suite de Jean le Baptiste, nous sommes invités par Jésus à devenir des témoins de son Amour: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez».
Jean Baptiste est messager en avant du Seigneur, il prépare les chemins. Il nous appartient donc de faire fleurir les déserts du monde, de faire exulter et crier de joie nos terres arides, d’illuminer les visages en partageant le bonheur sans fin de Dieu parmi les hommes. Là encore, Isaïe et l’Apôtre Jacques nous donnent des conseils pour y parvenir: «Fortifiez… affermissez …» – «Dites aux gens qui s’affolent: prenez courage, ne craignez pas… voici votre Dieu». Ou Saint Jacques: «Ayez de la patience, vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche».
Frères et sœurs en chemin d’Avent, en ce dimanche de la joie, à quelques jours de Noël, je nous souhaite de forer nos cœurs pour nous laisser désaltérer par la source qu’est Dieu, de faire fleurir notre propre désert pour faire envie et proposer les fleurs des champs: la joie, la paix et l’amour au cœur de toutes ces rencontres qui bâtissent notre vie. Par notre amour partagé, par notre charité offerte et surtout par nos actes concrets et l’attention aux plus petits de nos frères ou sœurs, leurs déserts pourront refleurir, leurs pays arides crier de joie. Alors, Jésus pourrait-il dire de nous: «Allez rapporter ce que vous entendez d’eux et voyez chez eux»?
Dans la joie, bon Avent.
Amen.
3e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 35,1-6a; Jacques ,7-10; Matthieu 11, 2-11