Prédicateur : Père Jean-Louis Rey
Date : 13 octobre 2013
Lieu : Chapelle de l’Ecole des Missions, Le Bouveret
Type : radio
Apparemment, les textes entendus ne nous disent rien sur le thème de la Mission Universelle. Et pourtant… regardons-les de plus près.
Naaman, ce général syrien atteint par la lèpre, est prêt à tout pour être guéri, même se plonger 7 fois dans le Jourdain… Mais quand il est guéri ou plutôt ›purifié’, il veut, à tout prix, réaliser quelque chose afin de témoigner, de dire aux autres que le Dieu d’Israël est le seul vrai Dieu puisqu’il l’a guéri, purifié.
L’Evangile nous parle de 10 lépreux qui veulent rencontrer Jésus.
En Europe, nous ne connaissons plus la lèpre, mais, au pays de Jésus, et en Afrique, aujourd’hui encore, c’est une maladie honteuse qui détruit petit à petit. Les lépreux sont vraiment des morts-vivants, ils ne peuvent plus ni manger, ni habiter avec les autres, et on les évite à tout prix.
C’est pourquoi, de loin, les lépreux crient vers Jésus : ›Maitre, prends pitié de nous.’ Jésus leur dit simplement : ›Allez vous montrer aux prêtres’ En effet, seuls les prêtres pouvaient examiner les rares lépreux guéris, les déclarer ›purifiés’ et les réintégrer dans la société.
Et voilà qu’en cours de route, les 10 lépreux se rendent compte qu’ils sont guéris. Mais un seul a l’idée de revenir vers Jésus pour le remercier et le reconnaitre comme son Sauveur en se prosternant devant lui. Un seul et, de plus, il n’est même pas juif, il est étranger.
Et les autres? demande Jésus ? ›Relève-toi. Ta foi t’a sauvé…’ Non seulement, il est guéri, purifié mais, en plus il est sauvé parce qu’il a su reconnaitre que sa guérison venait du Seigneur Jésus.
Aujourd’hui notre drame, c’est que l’homme croit se suffire à lui-même, il n’a plus besoin de Dieu ou de Jésus Christ, ni des autres. Grâce à l’internet, nous connaissons, en temps réel, ce qui se passe à l’autre bout du monde, et pourtant l’homme ne s’est jamais senti aussi seul. Progrès technique continu et confort matériel grandissant mais ça ne profite pas à tout le monde et l’homme ne sait plus finalement d’où il vient ni où il va.
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, c’est Rabelais qui le disait déjà, il y a bien longtemps. C’est tout le problème du sens de la vie, de la souffrance et de la mort, le problème de l’éthique, de la morale.
Sommes-nous conscients qu’en tant que croyants, en tant que chrétiens, nous sommes riches de cette Révélation apportée par Jésus-Christ : Dieu est Amour, il nous a créés par amour et il a envoyé son Fils Jésus Christ pour nous appeler à tout faire, même donner notre vie comme Lui, afin qu’arrive, toujours davantage, dans la puissance de l’Esprit-Saint, un monde d’amour, de justice et de paix qui s’épanouira auprès de lui en vie éternelle.
Mais ce trésor – le Christ, son Evangile – nous le portons dans les vases d’argile que nous sommes, fragiles au moindre choc et pouvant être totalement défigurés, détruits par les épreuves de la vie. C’est saint Paul qui nous le dit dans sa 2ème lettre aux chrétiens de Corinthe.
Comme les 10 lépreux de l’Evangile, crions vers le Seigneur en le reconnaissant comme notre Maitre, comme le Potier qui nous a créés et façonnés à son image et à sa ressemblance : Prends pitié et guéris-nous.
›Allez vous montrer aux prêtres’. Le Seigneur peut se manifester à nous directement, mais le plus souvent, il nous renvoie à l’Eglise, communauté paroissiale ou groupe de prière, cercle d’amis ou de formation. ›Là où 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis au milieu de vous.’
C’est vrai qu’aujourd’hui, nous sommes beaucoup moins attachés à nos paroisses traditionnelles, mais nous avons chacun à retrouver ou à créer ce cercle d’amis dans lequel nous serons assez à l’aise pour partager nos espérances et même notre foi. Et alors, connectés les uns aux autres, branchés ensemble sur Jésus Christ, nous rayonnerons cette joie de vivre, cette confiance mutuelle, cette ouverture aux autres, cette libération de la peur, qui sont les 1ers signes du salut que nous apporte Jésus Christ.
Je termine en vous appelant à la sortie de la messe à regarder la croix fixée dans le mur de la Chapelle : ses 4 bras sont enserrés dans un cadre filiforme, mais ils dépassent facilement ce cadre. De même le salut de Jésus-Christ se concrétise d’abord dans son Eglise, mais il dépasse facilement les limites de l’Eglise pour atteindre tous les hommes, l’ensemble du Peuple de Dieu en marche sur cette terre.
Vous voyez que, finalement, les 10 lépreux de l’Evangile peuvent bien nous aider à être nous-mêmes missionnaires, à condition de revenir vers Jésus-Christ comme l’étranger de l’Evangile. Etre missionnaires, c’est-à-dire rayonner auprès de tous ceux et celles que nous côtoyons et avec qui nous vivons, rayonner tout ce que nous recevons du Seigneur et qui nous fait vivre : cette joie de vivre, cette confiance mutuelle, cette ouverture aux autres, cette libération de la peur, cette volonté d’agir ensemble pour un avenir meilleur.
Oui, Seigneur Jésus-Christ, nous ne sommes que des vases fragiles, dans lesquels tu veux venir habiter
pour rayonner ton Amour et ton Salut.
Que ton Esprit-Saint nous connecte davantage les uns aux autres
et nous branche ensemble sur Toi.
Afin que, sans peur, nous nous laissions davantage façonnés par toi, par les événements et par les personnes. AMEN.»
28e dimanche du temps ordinaire – Semaine missionnaire mondiale
Lectures bibliques : 2 Rois 5, 14-17; 2 Timothée 2, 8-13; Luc 17, 11-19