Prédicateur : Abbé Guy Oberson
Date : 15 septembre 2013
Lieu : EMS d’Humilimont, Marsens
Type : radio
Chères sœurs, chers frères de l’EMS d’Humilimont, chères auditrices, chers auditeurs,
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et ils mangent avec eux ! » Une fois de plus, les scribes et les pharisiens s’insurgent contre Jésus en récriminant. L’évangéliste Luc fait remarquer le grand succès de Jésus auprès des publicains et des pécheurs, ils viennent tous à lui, ce qui doit profondément mettre en colère les défenseurs de la Loi. De plus, cet homme Jésus fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux. Manger avec des pécheurs, cela est hautement répréhensible pour un Juif, car, les pécheurs comme les publicains font partie des impurs. Et la Loi de Moïse ne permet pas à un pratiquant de cette loi de manger avec les impurs.
Rappelons l’essentiel de la mission de Jésus disant : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez donc apprendre le sens de cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs ». (Matthieu 8,12-13).
Pour répondre aux récriminations des scribes et des pharisiens, Jésus choisit de raconter ces deux paraboles que nous venons d’écouter pour éviter le débat, qu’il ne pouvait avoir directement avec des opposants. Il n’y avait pas de discussion possible avec ceux-ci. Par ces paraboles, Jésus espérait désarmer l’opposition pharisienne.
Dans les deux paraboles, c’est lui Jésus, le bon berger, lui la femme, lui qui va chercher et qui ramène. Il n’hésite pas à laisser tout le troupeau pour partir à la recherche de la brebis perdue jusqu’à ce qu’il l’aie rejointe et prise sur ses épaules pour la ramener avec les autres, lui la femme qui abandonne tout jusqu’à ce qu’il aie trouvée la pièce précieuse.
Et ça se prolonge toujours dans la fête avec les amis et dans la joie d’avoir retrouvé ce qui était perdu. Et jusque dans le Royaume où il y a plus de joie pour un pécheur qui revient que pour nonante neuf justes qui n’ont pas besoin de se convertir. Car la miséricorde sans mesure dont fait preuve Jésus pour les publicains et les pécheurs, a pour but qu’ils se convertissent, une conversion source de joie, une joie qui se fête.
Alors comment ne pas retrouver ce Dieu de Jésus-Christ, ce Dieu Père qu’il vient nous révéler, ce Dieu qui se passionne pour l’homme à tel point qu’il le cherche jusqu’à ce qu’il le retrouve pour le faire revenir. Ce Dieu nous le rencontrons maintenant.
N’est-ce pas une Bonne Nouvelle, la Bonne Nouvelle pour tous les temps, donc pour nous aujourd’hui !
Essayons de saisir mieux encore la portée de la parabole de la brebis perdue et retrouvée, pour chaque pécheur que nous sommes. Jésus n’est pas un berger comme les autres. Quel berger se permettrait d’abandonner le troupeau pour une seule brebis. Il ne met aucune limite à sa recherche, il cherche jusqu’à ce qu’il la retrouve, sa brebis perdue. Il veut nous dire ainsi qu’il ne met aucune limite à son amour du pécheur qu’il veut sauver. N’ira-t-il pas jusqu’à donner sa vie sur la croix pour sauver tous les pécheurs ? Et que dire de ce berger qui rassemble ses voisins, ses amis pour se réjouir ensemble du retour de la brebis ?
Et bien par ces différentes formes d’exagération de la parabole, Jésus veut nous faire découvrir l’amour sans borne avec lequel il rejoint les pécheurs que nous sommes. Cela ne disqualifie en rien le comportement des justes, ils sont faibles et pécheurs eux aussi, et ils savent que Jésus les cherchera jusqu’à ce qu’il les trouve et que leur retour fera, en plénitude, la joie de Dieu !
Par ses paraboles, Jésus nous invite à faire de même. Le dimanche du jeûne fédéral nous est proposé chaque année pour nous aider à reconnaître tous les bienfaits dont bénéficient notre pays et ses habitants. Et pour les croyants, c’est une invitation à exprimer notre reconnaissance à Dieu pour ses dons. Mais ne serait-ce pas aussi le jour où nous devons reconnaître ce que nous n’avons de la peine à réaliser à la suite du bon berger. Car dans notre pays, n’y a-t-il pas nombre de personnes qui vivent comme des brebis perdues, hors des bienfaits reconnus pour la majorité de ses habitants. Ils sont sept à huit cent mille selon les prospections des Oeuvres d’entraide, à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Je suis persuadé qu’il y en a parmi vous qui nous écoutez. Qui leur prête attention jusqu’à les chercher, les trouver et les aider à revenir ? Et quelle prise en charge offrons-nous aux personnes qui doivent impérativement quitter leur pays sous toute sorte de menaces et viennent frapper à notre porte, telles celles de Syrie, ces temps. Que le message de la parabole de la brebis perdue et retrouvée suscite des réponses d’un humanisme empreint d’évangile.
En ce dimanche d’action de grâce, je ne doute pas que vous les résidents de cet EMS d’Humilimont, et vous qui nous écoutez, ayez de bonnes raisons d’exprimer votre reconnaissance pour tant de bienfaits qui nous sont accordés. Et que ceux et celles qui se sentent oubliés soient rejoints et soutenus par les disciples de ce bon berger, envoyés par le Dieu d’amour qui met sa joie à nous donner son Fils Jésus-Christ par amour pour tous les hommes.»
Célébration du Jeûne fédéral – 24e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Exode 32, 7-11.13-14; 1 Timothée 1, 12-17; Luc 15, 1-32