Passage de témoin à la Conférence des évêques: Mgr Morerod remplace Mgr Büchel

Berne, 03.09.2015 (cath.ch-apic) Le drame des réfugiés, les remous provoqués par les propos de Mgr Vitus Huonder sur l’homosexualité et la prochaine session du Synode des évêques sur la famille à Rome ont composé le menu très chargé de la 309e assemblée ordinaire de la Conférence des évêques suisses CES).

Elle s’est tenue du 31 août au 2 septembre 2015 à la maison des séminaires à Givisiez (FR).

Commentant son élection par ses confrères comme nouveau président de la Conférences des évêques suisses (CES) – il remplace dès le 1er janvier prochain Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall -, Mgr Charles Morerod a relevé qu’il ne cherchait pas du travail, mais qu’il se mettait volontiers à disposition. Au cours de la conférence de presse de la CES, le 3 septembre à Berne, l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) a également mentionné la nécessité d’une alternance linguistique, un Romand remplaçant un Alémanique à la tête de la CES.

Accueillir les réfugiés, un impératif évangélique

Mgr Morerod a vu de près la réalité des réfugiés syriens en Jordanie en septembre 2014 lors de sa participation à Amman aux travaux de la Commission internationale pour le dialogue entre les Eglises orthodoxe et catholique. Une réalité qui ne peut laisser personne indifférent, à fortiori quelqu’un qui se considère comme chrétien.

Face à la vague de réfugiés arrivant en Europe, il a rappelé la phrase de Jésus: «J’étais étranger et sans-toit, et vous m’avez accueilli». Et de souligner que ce n’est pas simplement «une incitation morale vague», mais cela doit être un impératif de l’action des chrétiens. S’il relève que l’effort que la Suisse consent dans ce domaine n’est certes pas facile, «il est incomparable» avec ce que font les pays voisins de la Syrie, que ce soit la Jordanie, le Liban ou la Turquie.

La Suisse peut faire plus en matière d’asile

L’Eglise en Suisse fait déjà quelque chose pour accueillir les réfugiés: à Einsiedeln, à Saint-Gall, dans une paroisse de Fribourg. «J’aimerais mettre une maison à disposition pour les requérants d’asile [le château de la Rosière, à Grolley, ndlr], mais ce n’est pas facile. Il y a des oppositions».

A cath.ch, il a confié que l’évêché avait entrepris d’ouvrir le dialogue avec les opposants, notamment avec la personne qui a lancé la pétition contre l’accueil de requérants d’asile dans cette bâtisse appartenant la Fondation Notre-Dame de la Nativité, qui dépend de l’évêché de LGF. «Nous allons poursuivre ce dialogue et inviter les gens à visiter le bâtiment, afin qu’ils voient eux-mêmes les locaux».

Prise de position commune avec la FEPS avant la fin de l’année

Mgr Büchel a également rappelé que son diocèse n’est pas resté inactif: il a entrepris des démarches et lancé un appel aux paroisses saint-galloises afin qu’elles réfléchissent à ce qu’elles peuvent faire face au problème lancinant des réfugiés. En attendant, la CES, qui entretient un dialogue permanent avec la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), compte bien aboutir à une prise de position œcuménique sur le problème des réfugiés encore avant la fin de cette année.

L’affaire Huonder préoccupe la CES

Les remous provoqués par les propos de Mgr Vitus Huonder sur l’homosexualité, le 31 juillet 2015 à Fulda, au cours de sa conférence sur «Le mariage – un cadeau, un sacrement et une mission», ont mis mal à l’aise la CES. Qui tient à rappeler que l’Eglise «accueille inconditionnellement chaque personne dans sa dignité intangible aux yeux de Dieu, indépendamment de son orientation sexuelle». La polémique suscitée par les déclarations de l’évêque de Coire a donné lieu à une discussion «honnête et intense» au sein de la Conférence.

Dans le public, ces déclarations ont provoqué «l’indignation», a souligné Mgr Büchel. Et comme c’était la période de vacances – certains évêques étaient inatteignables, ce qui empêchait la CES de prendre position, car tous doivent être consultés – l’effet médiatique a été d’autant plus dévastateur.

Heureusement, certains évêques ont pu intervenir à titre personnel pour porter un autre message que celui de l’évêque de Coire. «On a senti combien des personnes ont pu être blessées par les déclarations de Mgr Huonder». Le président de la CES relève que des discussions ont été franches au sein de la Conférence. Mgr Huonder a exprimé ses regrets d’avoir cité ces passages du Lévitique. Il a assuré qu’il n’avait jamais voulu prôner la peine de mort pour les actes homosexuels. Il s’est dit étonné par l’ampleur des réactions, auxquelles il ne s’attendait pas. «Il a reconnu qu’il avait fait une erreur et s’en est excusé publiquement».

Mieux se concerter sur les sujets difficiles

Mgr Büchel est d’avis qu’un évêque doit être conscient des effets de ce qu’il dit en public et, à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, penser sa communication en conséquence. «Il faut éviter de tels malentendus!» Quant à imposer un «code de conduite» à Mgr Huonder, comme l’a suggéré un intervenant durant la conférence de presse, Mgr Büchel précise que la CES n’a aucune autorité sur ses membres.

Il est d’avis que les thèmes difficiles doivent être discutés en commun au sein de la CES. Il faut se concerter, afin d’éviter de tels couacs, qui ont produit «un effet de caricature», alors que la CES est bien moins divisée que ce que l’on pourrait croire suite à la déferlante médiatique. (cath.ch/be)

 

Jacques Berset

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