Prédicateur : Abbé Emmanuel Rudacogora
Date : 23 juin 2013
Lieu : Chapelle Saint-Michel, Begnins
Type : radio
La croix : le chemin de l’amour
Des fois, c’est nous qui posons des questions à Dieu, nos prières de demande. Des fois, nous avons même l’impression que nos prières sont inexaucées. Mais cette fois-ci, Dieu nous a piégés. C’est lui qui nous pose la question : « Dites, pour vous, qui suis-je ? » Il ne s’agit pas de répéter des formules que d’autres ont déjà écrites avant. Il s’agit de répondre personnellement pour dire : « Seigneur, je sais que tu es le Messie. » Pierre nous a donné l’exemple, mais chacun de nous est appelé à répondre personnellement à cette question « pour toi, qui suis-je ? » sinon ça ne sert à rien de professer la foi, de connaître par cœur le credo, qu’il soit de Nicée Constantinople ou le symbole des apôtres, si on n’ose pas répondre à la bonne question « pour toi qui suis-je ?».
Mais quand je dis que Dieu nous a piégés s’il nous pose la question, une fois qu’on a répondu alors il nous dit la mission qui nous attend : « si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. » La croix qui était autrefois un instrument de honte, destinée aux malfaiteurs, aux assassins et aux étrangers, est devenue un chemin d’amour. Donc Dieu nous dit, « si quelqu’un veut être mon disciple, que chaque jour il accepte encore le rendez-vous d’amour, pour ce qu’il reçoit et pour tout ce qu’il peut donner. » On peut avoir des excuses, on n’a pas tous les mêmes moyens, on n’a pas grand-chose dans le portemonnaie ou on a des soucis, mais sur le terrain de l’amour, nous n’avons pas d’excuses, et c’est là où Dieu nous attend. La croix qui autrefois amenait aux croisades où les gens se sont faits mal, et justement, nous sommes heureux dans cette communauté de Begnins qui a trouvé un mode de vivre avec l’œcuménisme, avec nos frères réformés, mais aussi avec les autres. Aujourd’hui, dans nos classes, les enfants côtoient des enfants qui sont aussi musulmans ou qui sont bouddhistes, mais qui sont humains, et sur ce terrain Dieu nous attend.
Donc la croix ne porte plus aux croisades, je dirais aujourd’hui que la croix porte à une croisière où on est tous embarqués sur le chemin de l’amour, sur le chemin de la vie, où on peut apprendre à vivre ensemble, à se pardonner, à s’aimer, à se respecter. Moi, je disais il n’y a pas longtemps aux enfants du caté qui recevaient justement la croix, je leur disais : « Pour moi, la croix c’est une boussole. » Justement, pour une croisière on a besoin de connaître la direction. Mais pour être plus moderne, je dirais que la croix, c’est un GPS. Vous mettez la croix, tournez à gauche, tournez à droite, c’est là le chemin de l’amour, c’est là le chemin de la vie, c’est là le chemin de la miséricorde. Un GPS, voilà le cadeau que Dieu nous donne aujourd’hui à vous qui êtes ici, mais à vous aussi qui nous écoutez de loin. Il nous offre un GPS gratuit où nous pouvons avancer sur le chemin de l’amour, où nous pouvons vivre tout ce que nous avons envie de vivre en découvrant que la croix finalement, c’est la promesse de liberté qui nous est donnée ; une promesse de vie.
Mais ne l’oublions jamais : c’est chaque jour. Il n’a pas dit : si quelqu’un veut être mon disciple qu’il aille à la messe que le dimanche ; du tout. Il a dit : qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il se laisse accompagner. Parce que celui qui veut sauver sa vie va la perdre. On pense à nos factures, à tout ce qu’on doit payer : nos impôts et tout ça ; et les assurances, on en a besoin. Mais celui qui perd sa vie donne un peu de son temps. On ne va pas nous demander de nous crucifier, comme ça se voit dans certains pays le vendredi saint où les gens font encore l’autoflagellation.
Ce n’est pas un Dieu qui nous invite à souffrir pour être ses amis, au contraire. Mais il nous dit, même la souffrance ne peut pas nous empêcher d’aimer et de faire ce que nous voulons au nom de l’amour, mais l’amour qui vient de Dieu. La croix nous a piégé ; ce n’est pas une croix en or comme on peut les choisir maintenant et quand on a la chance d’être évêque on a une croix qui coûte les yeux de la tête, non c’est juste une croix qui est gravée dans nos cœurs, dans nos vies, pour que nous puissions trouver le chemin. Le chemin de la vie, le chemin de l’amour.
Et que le Seigneur poursuive en chacun de nous, avec sa croix, avec nos croix, avec nos blessures aussi, qu’il poursuive en chacun de nous l’œuvre qu’il a commencée. Amen»
12e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Zacharie 12, 10-11a ; 13, 1 Galates 3, 26-29; Luc 9, 18-24