Prédicateur : Abbé Pascal Burri
Date : 14 avril 2013
Lieu : Eglise Sainte-Thérèse, Fribourg
Type : radio
Depuis le jour de Pâques et jusqu’à la Pentecôte, l’Eglise est en fête. Elle célèbre la résurrection de son Seigneur. Dimanche après dimanche, la liturgie nous donne à réentendre les différents récits des apparitions, Jésus se manifestant après sa mort tour à tour à Marie-Madeleine, aux disciples d’Emmaüs, aux apôtres en l’absence et en présence de Thomas et aujourd’hui à plusieurs disciples dont Simon-Pierre au bord du lac de Tibériade.
Ces récits ont une double fonction.
Certes, il ne nous est pas possible de prouver la résurrection de Jésus car par définition elle échappe à notre dimension spatio-temporelle, à l’expérience dite scientifique, mais il y a des faits, bien visibles ceux-là, qui ne peuvent que laisser perplexes et dans l’étonnement ceux qui doutent de la Bonne Nouvelle.
Les Actes des apôtres dont nous avons lu un extrait nous parlent d’hommes bien réels qui témoignent de leur foi en Jésus Vivant et Messie au péril de leur vie. Maintes fois jetés en prison, torturés, menacés d’être exécutés en cas de récidive, on les découvre qui continuent malgré tout de parler, sur les places publiques, dans les synagogues et devant les autorités, prenant des risques fous et laissant tout pour porter l’Evangile sur tout le pourtour de la Méditerranée. D’où leur vient cette force, ce besoin de le faire ? Comment expliquer que des milliers après eux iront jusqu’au martyre plutôt que de renier leur baptême,… si ce n’est parce qu’ils ont fait l’expérience de Pâques ?
Ils sont sept, nous dit l’Evangile, un chiffre symbolique pour dire les représentants de toute l’Eglise de l’époque et avec eux le premier pape, assis sur le rivage après avoir passé toute une nuit sans rien prendre, découragés, fatigués. Une façon de dire, que la tâche confiée « pêcher des hommes dans les filets de Dieu », annoncer l’Evangile à tous les hommes est une entreprise surhumaine. Et voilà que le Ressuscité leur apparaît à l’aube sur le rivage leur indiquant l’endroit où jeter les filets. Puis, après une pêche miraculeuse, voici que la table est prête et c’est Jésus lui-même qui leur donne à manger.
Le message est clair : vous cherchez Jésus ? Il est toujours avec vous, il est avec son Eglise. Il ne la laisse pas tomber. Tel le soleil levant, le Ressuscité est là, rayonnant, sur la terre ferme pour nous guider tel un phare, nous ramener à bon port. Il est notre espérance. Nous sommes invités à voir la réalité à sa lumière. Il y a des poissons, lui sait où ils sont. A nous d’écouter sa voix et de faire confiance. Il les fera tous entrer dans nos filets, 153, toutes les espèces que l’on connaissait à l’époque.
S’il est avec nous en semaine, sur nos lieux de travail et d’apostolat, il est aussi celui qui chaque dimanche nous interpelle pour refaire nos forces : « venez déjeuner ! ». Ce sera lui encore qui nous accueillera et nous servira lorsque nous aurons atteint l’autre rive.
Oui, « le Seigneur est vraiment ressuscité », il vaut la peine de lui consacrer sa vie. Depuis ce jour là, Pierre en est sûr : Sa barque était pleine, comme au premier jour, un signe qui ne trompe pas. Ce jour-là, il n’a pas hésité à se jeter à l’eau pour rejoindre le Christ sur le rivage. Puis il y eut cette rencontre intime, ce cœur à cœur, seul à seul : « m’aimes-tu, plus que ceux-ci… Sois le berger de mes brebis ! » Une belle preuve de confiance pour celui qui par trois fois l’avait renié jadis. Oui, désormais il le sait, Jésus lui a pardonné. Se sachant aimé à ce point, fort désormais de cet amour qui l’accompagnera toujours, il ira pour lui au bout du monde, jusqu’à imiter le Maître dans le don total de sa vie sur la colline du Vatican.
Et combien d’autres, frères et sœurs, qui à la suite de Pierre osent se mouiller, font qu’aujourd’hui encore, malgré l’indifférence, l’incompréhension ou l’hostilité, l’effort missionnaire de l’Eglise continue de se déployer à travers tous les continents ? Des millions, des centaines de millions de saints et saintes anonymes ! Prêtres, religieux, religieuses, catéchistes, laïcs engagés dans les mouvements et dans les associations au service de la Parole de Dieu et de la défense de la dignité humaine, prêts à plonger pour en sauver le maximum, baptisés tout simples enfin qui cherchent à être cohérents avec leur foi dans leurs choix de tous les jours. Merci, merci pour votre foi qui nous aide à croire !
Le Ressuscité, vous et moi, nous ne l’avons jamais vu. Mais tous ces hommes, toutes ces femmes, comment expliquer leur enthousiasme, leur effort, leur lutte, leur don, leur fidélité, leur persévérance si ce n’est par le fait que d’une façon ou d’une autre, ils ont fait l’expérience de Pierre, une rencontre avec le Christ qui leur a dit « Je t’aime » ?
Cette expérience n’est pas réservée à quelques privilégiés. Soyons-en persuadés, le Christ est là pour chacun de nous, qui que nous soyons, quelle que soit l’épaisseur de la nuit que nous traversons. Il nous fait signe sur le rivage. Avec lui, tout peut repartir. Donnons-lui prise sur nos vies, le voici qui déjà nous interpelle d’un ton jovial : « Venez déjeuner » !»
3e dimanche de Pâques
Lectures bibliques : Actes 5, 27b-32.40b-41; Apocalypse 5, 11-14; Jean 21, 1-19