Prédicateur : Don Marco Dania
Date : 03 mars 2013
Lieu : Eglise Saint-Nicolas de Flüe, Lugano-Besso
Type : tv
Je ne sais pas si vous aussi, quand vous étiez enfants, vous alliez vous balader dans la campagne avec vos amis, en quête de quelques aventures à vivre, de nouveaux endroits à explorer.
Je me rappelle qu’une des choses qui m’attirait particulièrement, c’étaient les arbres chargés de fruits. Ce que je préférais avant tout, c’étaient les cerises, les prunes, les abricots et quelquefois aussi les figues. C’était très difficile de résister à la tentation de cueillir quelques fruits. Parfois nous le faisions quand même. Nous montions sur l’arbre…..il y n’a rien de plus savoureux que manger un fruit mûr, cueilli à même l’arbre ou carrément assis dans l’arbre. Mais la déception était grande quand nous constations que le fruit n’était pas mûr. Et j’aime à penser que Jésus peut-être appréciait aussi beaucoup les figues et qu’il comprend que je sois déçu de ne pas en trouver !
Mais avec la parabole que nous venons de lire, Jésus ne veut pas seulement exprimer sa déception de n’avoir pas pu manger quelques bonnes figues : il veut certainement nous donner un enseignement plus profond.
Il veut nous faire comprendre qu’un arbre sans fruit est comme une auto sans moteur, comme une maison sans toit, comme un téléphone sans batterie : bref totalement inutile. Il en est ainsi pour nous aussi. Si nous ne portons pas de fruit, notre vie est insignifiante. Une vie stérile, est-ce une vie ?
Le Seigneur désire donc que nous portions du fruit. Et le fruit le plus beau qui peut jaillir en nous, c’est la joie qui naît quand on a un cœur en paix, parce qu’il s’est donné aux autres.
L’invitation qui nous est faite aujourd’hui, c’est de nous convertir, de changer vie…mais cela n’a rien à voir avec un impératif moral, une obligation. Jésus n’a jamais obligé personne, il nous a toujours dit: « si tu veux, si ça te convient, si tu as envie. » Il laisse libre chaque homme de décider seul ce qu’il fait de sa propre vie. Se convertir, cela signifie changer de chemin, revenir sur nos pas et prendre un autre chemin, parce que peut-être celui que nous avions pris n’est pas juste parce qu’il ne nous a pas apporté une joie totale. Le Seigneur veut pour nous la vie en abondance et une grande joie, mais souvent quand nous vivons en ne pensant qu’à nous-mêmes, incapables de voir les besoins des autres, nous ne trouvons pas la vraie joie.
Bien sûr, quelqu’un pourrait objecter que c’est facile de le dire quand on se porte bien, toutefois quand on est atteint par la maladie, c’est bien autre chose! Aujourd’hui nous célébrons la journée des malades, «mais dans ce que tu prêches, qu’est-ce qui peut nous soulager de nos souffrances?»
Chers amis, la souffrance rend parfois notre vie vraiment très lourde, cependant grâce à Dieu nous ne sommes pas seuls dans la souffrance. Beaucoup de gens sont à nos côtés pour soulager notre souffrance physique, morale et spirituelle. Non seulement les médecins, les infirmiers- infirmières et tous les autres professionnels qui travaillent dans notre clinique, comme partout ailleurs, mais il y a aussi des bénévoles.
Ils sont comme des anges gardiens qui nous accompagnent dans les moments de grandes douleurs pour nous aider à trouver un peu de soulagement. Nous remercions donc toutes ces personnes.
Avant de vous laisser, je voudrais encore vous raconter une histoire qui peut nous aider à trouver la vraie joie. C’est une petite suggestion que je voudrais donner à chaque souffrant. Découvrir le « secret » de la balance.
Je vais donc vous raconter l’histoire, pour que chacun de vous ici présent, mais aussi celles et ceux qui nous suivent à la télévision, puissent connaître ce secret et le mettre en pratique.
Un jour, un homme gravement malade fut accueilli dans un hôpital et introduit dans une grande chambre au milieu de beaucoup d’autres malades. Mais peu de temps après avoir été déposé sur un lit, il appela d’une voix forte l’infirmier.
« Quel est donc cet endroit où vous m’avez amené? », protesta-t-il. « Les gens qui sont autour de moi, rigolent et plaisantent comme des enfants! Ils ne sont certainement pas aussi malades que moi !
« A vrai dire, ils sont bien plus malades que toi! », répondit l’infirmier, « mais ils ont découvert un secret, qu’aujourd’hui peu de gens connaissent ou que, ceux qui le connaissaient, n’y croient plus.
« Quel secret? » demanda l’homme.
« Celui-ci! », répondit un homme âgé dans le lit d’à côté. Il avait sur sa table de nuit, une petite balance, il prit un poids et il le déposa sur un plateau; tout de suite l’autre se leva.
« Qu’es-tu es en train de faire? », demanda l’homme.
« Je suis en train de te montrer le secret! Cette balance représente le lien qui existe entre les hommes. Le poids que j’ai placé sur le plateau représente ta douleur qui, en ce moment, te déprime. Mais pendant qu’elle t’abat, elle soulève l’autre plateau de la balance en permettant à un autre de trouver la joie. Joie et douleur se tiennent toujours main dans la main. Mais il faut que la douleur soit offerte, qu’elle ne soit pas retenue pour soi; alors elle nous fait devenir comme des enfants et elle fait fleurir le sourire même au seuil de la mort. »
« Aucune science ne peut prouver ce que tu racontes-là! », critiqua l’homme.
« Justement pour ce qui concerne la douleur vécue avec amertume. Ce n’est pas ici un problème de science mais de foi. Pourquoi n’entres-tu pas toi aussi dans la balance de l’amour? »
L’homme accepta la proposition étrange. Et lorsqu’il fut guéri et qu’il put revivre des instants de joie, il ne pouvait s’empêcher de penser à la souffrance des autres. Il se sentit ainsi être relié par un mince fil d’or avec les hommes du monde entier.
Pour beaucoup, cela ne restera qu’une jolie histoire !.
Mais si à l’avenir, vous avez à rencontrer un malade qui sait sourire, un malheureux capable de se réjouir, un handicapé qui fait confiance à la vie, rappelle-toi: tu as probablement rencontré quelqu’un qui connaît le secret de la balance…
Traduction : Evelyne Oberson, RTS-CCRT»
3e dimanche de Carême
Lectures bibliques : Exode 3, 1-8a.13-15 ; 1 Corinthiens 10, 1-6.10-12 ; Luc 13, 1-9