Prédicateur : Père Jean-Philippe Halluin
Date : 27 janvier 2013
Lieu : Eglise de la Visitation, Meyrin
Type : radio
Chers frères et sœurs, chers amis,
Permettez-moi de vous poser une question : Que s’est-il réellement passé dans la petite Synagogue de Nazareth, le jour du Sabbat, un samedi matin, lorsque Jésus avait décidé de revenir dans le petit village où il avait grandit. ?
Ce jour-là, on peut s’imaginer que le Rabbin de Nazareth ne trouve personne pour faire la lecture.
Cela arrive aussi en paroisse de temps en temps. Alors, Jésus fait signe qu’il accepte volontiers de rendre ce service.
On lui présente le livre du Prophète Isaïe, et non les rouleaux de la Torah.
En principe, c’est le Rabbin lui-même qui se charge de psalmodier le passage de la Torah qui est prévu pour ce jour-là, selon la tradition.
Pour Jésus, Isaïe représente d’avantage le souffle nouveau de l’Esprit.
Il tombe, sans doute par hasard, sur les premiers versets du chapitre 61 du livre d’Isaïe qui dit textuellement : « l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération, aux opprimés la liberté. »
Juste après cette lecture, courte mais très dense, bizarrement, Jésus va se rassoir. A mon avis, Il a dû éprouver une émotion très forte.
Il est stupéfait de constater que cette parole tirée du livre d’Isaïe s’applique exactement à lui : en effet par le baptême que Jésus vient de recevoir, le Père L’a consacré par l’Onction, puisque l’Esprit Saint est descendu sur Lui sous l’apparence d’une colombe et a profondement transfiguré son être intérieur.
En même temps, sa mission lui est précisée : il s’agit pour Lui d’annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, et la libération aux opprimés.
Cette mission, reçue de son Père, Jésus va effectivement l’accomplir.
Pendant sa vie de prédicateur itinérant, Jésus, habité intérieurement par la force de l’Esprit Saint, a eu le courage d’annoncer à tous, mais surtout aux pauvres, un extraordinaire message d’espérance.
A tous ceux qui avaient cédé à la tentation du découragement ou du fatalisme, et dont, à l’époque, personne ne s’occupait, Il annonce :
« Reprenez courage, restez dans l’espérance, Dieu agit dans le monde et dans votre vie. »
Peu de temps après, Il dira pratiquement la même chose dans le sermon sur la montagne lorsqu’il a proclamé avec force : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. »
Ou bien« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés »
Deux mille après, posons- nous la question : où en sommes- nous en matière de pauvreté et d’oppression ?
On est bien obligé de reconnaitre que les pauvres sont très nombreux dans notre monde. Il y a aussi beaucoup de gens qui connaissent l’oppression, ou des formes modernes d’esclavage. Le travail forcé des enfants en est un exemple parmi d’autres.
Est-ce que rien n’est changé dans notre monde depuis la venue de Jésus, il y a 2000 ans ?
Il y a, certes, encore énormément de souffrance dans le monde mais en même temps, jamais il n’y a eu autant de motifs d’espérance.
En effet, on constate un peu partout, de très belles prises de conscience face à ces grands problèmes de notre monde d’aujourd’hui. C’est connu et tout le monde en parle.
De plus , on n’en finirait pas de citer des exemples de personnes qui s’engagent au service des autres pour faire reculer la pauvreté, et les divers esclavages ou oppressions. Très nombreux sont aujourd’hui les humanitaires qui donnent leur vie pour les pauvres.
Oui, frères et sœurs, soyons convaincus que le monde ne va pas vers sa perdition, comme un bateau qui va à la dérive sans gouvernail au milieu d’une mer déchainée. Non, Dieu veille sur ce monde et sur chacun d’entre nous car chaque jour se lèvent des authentiques artisans de Paix. Et à travers ces artisans de Paix , C’est Dieu qui est à l’œuvre.
Croyez- moi, ils n’ont jamais été aussi nombreux depuis que l’humanité existe. C’est là un très grand motif d’espérance qui devrait nous réjouir le cœur.
Jésus a donc eu pleinement raison de dire à Nazareth : « Aujourd’hui, cette parole est accomplie ». L’accomplissement ne concerne pas seulement la venue de Jésus, mais il se réalise aujourd’hui parmi nous.
Alors surgit certainement parmi vous une objection :
Là où je suis, je ne peux rien faire. Je n’ai pas de responsabilités particulières dans la société. Je ne suis ni homme politique ni humanitaire engagé à fond dans une ONG.
Ou bien, vous allez me dire, je me sens inutile depuis que j’ai été licencié, ou que je suis au chomage ou retraité. Tout seul dans ma maison, dans ma chambre d’EMS, ou couché sur mon lit d’hopital, que voulez-vous que je fasse pour améliorer la situation du monde d’aujourd’hui.
A chacun d’entre vous, J’aimerais vous dire que vous pouvez déjà faire beaucoup en apportant votre soutien positif aux nombreux artisans de paix répandus un peu partout sur notre planète.
On peut aussi prier pour eux et c’est bien plus important que vous ne l’imaginez.
Mais quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, on peut toujours regarder lucidement sa vie à la lumière de l’Evangile de ce jour.
Jésus est allé dans la synagogue de son petit village, le jour du Sabbat, pour participer à un modeste rassemblement de juifs croyants qui souhaitaient écouter la parole de Dieu.
A nous de prendre un peu de temps pour s’interroger : Ou est ma petite synagogue dans laquelle je me retire quelques instant dans la journée pour me mettre à l’écoute du Seigneur qui souhaite me parler ?
Quand est-ce que je trouve le moyen de faire shabbat c’est-à-dire de m’arréter, de suspendre un court instant le sur-activisme dont nous sommes tous plus ou moins atteints.
En faisant « shabbat », nous donnons au Seigneur l’occasion de venir nous régénérer le cœur de son amour, de nous libérer de nos oppressions, de nos manques de libertés intérieures.
Dans les précieux instants que j’accorde au Seigneur, Il me redonne courage et joie de vivre. De plus, Il me permet de poser sur le monde d’aujourd’hui un regard plus juste et plus équilibré.
Enfin, est-ce-que j’accepte de rejoindre un petit groupe de chrétiens qui a le souci de se ressourcer au contact la parole de Dieu, une parole qui nous rassemble et qui nous unit sur l’ essentiel de la FOI. Le projet du diocèse qui s’appelle « L’Evangile à la maison » peut nous aider dans ce domaine. L’objectif de cette année étant de lire, en petites communautés, l’Evangile de LUC.
En conclusion, il me semble qu’il serait bon de nous souvenir qu’en me changeant en profondeur dans mon être tout entier, Dieu change le monde.
Il poursuit sans cesse son œuvre de libération, en moi et autour de moi. Soyons profondément habités par cette certitude.
Merci Seigneur, d’être allé un moment dans la synagogue de ton petit village,
Pour partager avec d’autres la Parole,
viens maintenant visiter mon cœur par ta Parole et par ton Eucharistie,
je pourrais ainsi rayonner plus librement le feu de ton Amour.
AMEN.
3e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Néhémie 8, 1-10; 1 Corinthiens 12, 12-30; Luc 1, 1-4; 4, 14-21