Djakarta, 3septembre(APIC) A son retour du pèlerinage de la Mecque au
mois de juillet 1991, le président Suharto, revêtu de la robe blanche des
pèlerins, a accordé une longue interview à la télévision indonésienne. Bien
que M. Suharto ait mis l’accent sur le caractère privé de sa démarche religieuse, certains observateurs de la scène politique indonésienne se demandent si les concessions faites de plus en plus souvent au sentiment islamique d’une majorité de la population ne sont pas en train de bouleverser le
statut « séculier » de l’Etat indonésien.
Le régime de l’ »Ordre nouveau », établi par M. Suharto à la fin des années 60, a pourtant tout fait jusqu’à ces dernières années pour maintenir
la religion en général et l’islam en particulier en dehors du débat politique; il a fait du « Pancasila » l’idéologie officielle de l’Etat indonésien,
avec comme conséquence pratique que tout parti ou mouvement appellant à la
formation d’un Etat islamique est considéré comme attentant à la sécurité
nationale.
Cependant, depuis le milieu des années 80, le président Suharto se préoccupe de plus en plus d’exploiter à son avantage le sentiment religieux de
la population musulmane. C’est ainsi que, dès 1982, il avait accepté de
présider une fondation destinée à la construction de « mosquées-pancasila »;
quelques années plus tard, des tribunaux islamiques ont été établis avec la
juridiction sur les affaires familiales. Le pèlerinage à la Mecque est le
dernier en date des appels du pied du président en direction des électeurs
musulmans. En apparaissant comme « plus musulman », il espère sans doute couper l’herbe sous le pied des partisans d’un Etat islamique. Le calcul électoral est habile, mais le risque existe d’un dérapage qui mettrait en danger le « sécularisme » officiel de l’Etat.
C’est en tout cas ce que pense Abdurrahman Wahid, l’intellectuel musulman « libéral » le plus influent du pays. Il estime que ces manoeuvres électorales laissent de côté « le problème réel qui est de savoir comment encourager une attitude de tolérance religieuse chez les musulmans indonésiens
afin de contrer l’influence du Moyen-Orient ».
Education politique pour les jeunes catholiques
Au début de juin 1991, une session nationale de six jours a rassemblé
des animateurs des mouvements de la jeunesse catholique. Organisée par deux
commissions de la Conférence épiscopale, cette assemblée a réuni, outre les
représentants des mouvements de jeunesse, des responsables de commissions
diocésaines et des universitaires chargés des relations avec les étudiants.
Les participants furent d’avis que la formation des jeunes à la vie sociale devait être intensifiée, car peu nombreux sont ceux qui, dans les
classes d’âge prises en considération, paraissent vouloir s’impliquer dans
les affaires qui concernent tout le pays. Ils ont estimé que cette formation devrait être poursuivie de façon structurée pour les étudiants des
universités et des écoles secondaires, et de façon plus informelle pour les
autres.
Une initiation à la vie politique devrait être organisée avec soin. Elle
semble manquer actuellement, et la plupart de ceux qui seraient en mesure
de s’en occuper sont indifférents à la chose publique, ou même totalement
allergiques. Les programmes existants, mis en oeuvre dans les centres paroissiaux et les établissements scolaires, ne sont pas assez orientés vers
des activités concrètes.
Il va de soi, conclut le Père Anton Konseng, secrétaire de la Commission
épiscopale pour la jeunesse, que « nos jeunes catholiques doivent se préparer à être des citoyens responsables devant l’Etat et devant l’Eglise, en
se dévouant totalement à leur travail et en s’impliquant à fond dans la vie
sociale ». (apic/eda/sjb)
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