Devant quelque 7000 banquiers romains et leurs familles, réunis salle Paul VI au Vatican pour les 60 ans de la BCC, le pape François a tout d’abord rappelé que l’Eglise connaissait « bien » la « valeur des coopératives ». « Aux origines de beaucoup d’entre elles, il y a des prêtres, des fidèles laïcs engagés », a-t-il rappelé, et « dans les documents sociaux de l’Eglise, les références aux coopératives sont fréquentes ». Le pape a également cité son Encyclique Laudato si’ dans laquelle il souligne « leur valeur dans le domaine des énergies renouvelables et de l’agriculture ».
Le pape a ensuite prodigué une série de conseils aux banquiers: « être un moteur qui développe la partie la plus faible des communautés locales et de la société civile en pensant surtout aux jeunes sans travail »; se « préoccuper du rapport entre économie et justice sociale, en maintenant au centre la dignité des personnes », et non « le dieu argent »; « promouvoir une utilisation sociale de l’argent (…) où le capital ne commande pas sur les hommes, mais où les hommes commandent sur le capital ». « Une banque coopérative doit avoir quelque-chose en plus, a-t-il insisté : chercher à humaniser l’économie, unir efficacité avec solidarité ».
D’une manière plus générale, l’évêque de Rome a encouragé les banquiers à « faire croître une économie de l’honnêteté », « à cette époque où l’air de la corruption souffle de partout ». Il ne s’agit pas seulement d’être honnête mais aussi de « répandre et enraciner l’honnêteté partout » en menant une vraie « lutte contre la corruption ». Ces derniers mois, Rome a du faire face à plusieurs scandales de corruption. En décembre dernier, notamment, la justice italienne avait dévoilé l’existence d’une « quatrième mafia » propre à la ville éternelle, surnommé Mafia capitale. De nombreux appels d’offres de la municipal ité ont ainsi été obtenus au profit d’entreprises ›amies’ en échange de pots-de-vin.
Le pape a aussi invité la BCC à appliquer le principe de « subsidiarité » de la doctrine sociale de l’Eglise: « ne pas peser sur les institutions et donc sur le pays quand on peut affronter les problèmes avec ses propres forces, avec responsabilité », encourageant à « aller de l’avant sur le chemin de l’intégration des banques de crédit coopératif en Italie ». (apic/imedia/bl/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/appel-du-pape-a-humaniser-leconomie/