Junipero Serra, une figure controversée canonisée sans miracle     

Washington, 22.09.2015 (cath.ch-apic) Après une visite à la Maison-Blanche à Washington (Etats-Unis), le 23 septembre 2015, le pape François célébrera une messe au sanctuaire national de l’Immaculée conception pour la canonisation du bienheureux Junipero Serra (1713-1784), évangélisateur de la Californie. Une fois encore, l’inscription de ce franciscain espagnol au catalogue des saints passe par une canonisation dite «équipollente», procédure dont use fréquemment le pape François.

En janvier dernier, l’annonce de la canonisation du franciscain espagnol Junipero Serra avait suscité des réactions négatives de la part de certains Amérindiens, lui reprochant d’avoir participé à la disparition de leur culture et de leurs ancêtres. Pour autant, à l’occasion d’une messe célébrée au Collège pontifical nord-américain, début mai, le pontife avait défendu la mémoire du bienheureux, le qualifiant «d’infatigable missionnaire».

Le pape avait notamment insisté sur l’action du futur saint, qui avait pris la défense des autochtones contre les abus des colons, et plus largement sur la générosité de ceux qui, à l’image de cet évangélisateur de la Californie, ont tout abandonné pour répondre à l’appel de Dieu.

Un défenseur des droits des indigènes

Premier saint hispanique des Etats-Unis, ce missionnaire originaire de Majorque a fondé diverses missions catholiques en Californie. Le rapporteur général de la Congrégation pour les causes des saints, le Père Vincenzo Criscuolo, a présenté ce missionnaire comme un ardent défenseur «de la dignité et des droits des autochtones». «Il y a beaucoup d’exemples qui prouvent qu’il est intervenu avec beaucoup de dureté auprès des gouvernements locaux pour demander grâce en faveur de condamnés à mort», a-t-il indiqué. Guzmán Carriquiry Lecour, vice-président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, a de son côté assuré qu’il y avait de nombreux témoignages de la défense par Junipero Serra des femmes indigènes violées par les colons espagnols.

Canonisé sans miracle

Cette fois encore, le pape François effectue une canonisation équipollente. Cette procédure a été codifiée par le pape Benoît XIV au 18e siècle, dans son œuvre De Servorum Dei beatificatione et de Beatorum canonizatione. De nature exceptionnelle, elle est déclenchée à l’initiative du pape. Il étend ainsi par décret à toute l’Eglise universelle le culte d’un serviteur de Dieu non encore canonisé, sans que soit alors nécessaire un miracle pour inscrire ce bienheureux au registre des saints, et sans obligatoirement donner lieu à une célébration.

Nombre d’exemples de cette forme de canonisation remontent au pape Benoît XIV. Plus récemment, Jean Paul II (1978-2005) n’a eu recours qu’une seule fois à cette procédure, en 1995. Benoît XVI (2005-2013) l’a également employée pour l’Allemande Hildegarde de Bingen (1098-1179), canonisée en 2012.

Le pape François a significativement relancé l’usage de la canonisation équipollente. Ce fut d’abord la mystique italienne Angèle de Foligno (1248-1309), figure marquante du charisme franciscain, en octobre 2013, puis le jésuite français Pierre Favre (1506-1546), co-fondateur de la Compagnie de Jésus, en décembre 2013. Le 2 avril 2014, les deux missionnaires français au Québec, sœur Marie Guyart (1599-1672) et Mgr François de Montmorency-Laval (1623-1708) et un troisième missionnaire, le jésuite espagnol José de Anchieta (1534-1597), furent canonisés selon la même procédure accélérée, suivis par le pape Jean XXIII, en avril 2014.

Début 2015, le prêtre et missionnaire indien Joseph Vaz (1651-1711), premier saint sri-lankais, a de la même manière été inscrit au catalogue des saints, lors du voyage du pape dans le pays. Il sera donc rejoint par le franciscain espagnol Junipero Serra (1713-1784). (apic/imedia/fdc/rz)

Raphaël Zbinden

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