Conclusion festive du Jubilé des 1500 ans de l’Abbaye de Saint-Maurice

St-Maurice, 22.09.2015 (cath.ch-apic) En la fête de saint Maurice et de ses compagnons martyrs, une liturgie festive présidée par le cardinal Kurt Koch, en présence du conseiller fédéral Didier Burkhalter, a marqué la fin de l’année jubilaire des 1500 ans de l’Abbaye de Saint-Maurice. L’allocution du conseiller fédéral comme l’homélie du cardinal bâlois ont ponctué une cérémonie suivie par une foule considérable.

«Et maintenant que s’envolent, au milieu de la foule réunie, nos colombes comme autant de messages personnels de paix adressés aux quatre coins de la Terre»: sur ces mots du metteur en scène Cyril Kaiser, trois colombes blanches ont été lâchées par le cardinal Kurt Koch, Mgr Jean Scarcella, Abbé de Saint-Maurice, et Mgr Joseph Roduit, Abbé émérite. 222 autres colombes ont suivi, comme un signe de la Terre envoyé vers le ciel.

Une conclusion festive, devant près de 2’500 personnes réunies devant la basilique de Saint-Maurice. Une conclusion pacifique, bien dans l’axe de l’année jubilaire des 1500 ans de l’Abbaye. Une conclusion pour clôturer la liturgie de la fête de saint Maurice et de ses compagnons, après la traditionnelle procession des châsses dans les rues de la cité agaunoise.

«La pire crise humanitaire», estime Didier Burkhalter

Juste avant ce double lâcher, le conseiller fédéral Didier Burkhalter a apporté les salutations du Conseil fédéral (»une institution dix fois plus jeune que l’Abbaye»). Avec des accents tantôt graves tantôt malicieux, le chef du Département des Affaires étrangères a rendu hommage à Maurice, «l’Egyptien le plus illustre parmi les Valaisans et le Valaisan le plus vénéré parmi les coptes d’Egypte». Sigismond, le roi des Burgondes qui fonda l’Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune en 515, fut ainsi «un pionnier du développement durable», eu égard à l’âge vénérable de l’institution.

Sur la question brûlante de l’accueil des migrants, le conseiller fédéral a défendu la politique du gouvernement suisse en matière d’accueil, tout en parlant de «pire crise humanitaire depuis la Deuxième Guerre mondiale». «Le monde n’a jamais autant eu besoin des conventions de Genève et du CICR», a indiqué Didier Burkhalter.

Rendant hommage à l’Abbaye comme «lieu d’échange et de dialogue», il a pris Maurice comme modèle. Car son exemple prouve «que la violence n’aura pas le dernier mot».

Une Eglise missionnaire

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens, a présidé la célébration festive, en tant qu’envoyé extraordinaire du pape François. Près de 100 prêtres et chanoines et une vingtaine d’évêques l’ont entouré, notamment Mgr Markus Büchel, président de la Conférence des évêques suisses (CES), et Marc de Pothuau, Père-Abbé de Hauterive. Les représentants des Eglises orthodoxe, copte et réformée ont donné à la célébration une dimension œcuménique. Quant au nombreux public, il n’a pas pu trouver totalement place en la basilique. Aussi l’église paroissiale Saint-Sigismond et la place proche de la basilique ont permis de suivre la messe par écrans interposés.

Dans son homélie, l’évêque émérite de Bâle a commenté le «N’ayez pas peur» de Jésus. En ce sens, le martyre de Maurice et de ses compagnons est une imitation du martyre originel de Jésus. Et ce témoignage reste d’actualité: «Comme le dit le pape François, seule une Eglise missionnaire est une Eglise crédible». Et «cette mission n’a rien perdu de sa pertinence dans le monde d’aujourd’hui».

«Pas d’étrangers dans l’Eglise»

La foi chrétienne (»qui n’est pas née en Suisse») a néanmoins bénéficié du témoignage de Maurice, légionnaire de Thèbes en Egypte. Ce dernier nous a ainsi ouvert au vaste horizon de la communauté chrétienne. «Il n’y a pas d’étrangers dans l’Eglise, mais seulement des baptisés», a martelé le cardinal suisse. Et ce témoignage «exige notre engagement» dans le sens de la nouvelle évangélisation.

A la suite des quatre châsses des martyrs thébains, la longue procession des ecclésiastiques et des personnalités civiles et militaires a parcouru les rues de Saint-Maurice. Et un second geste, après le lâcher de colombes, a invité au partage: de grands pains ont été bénis par Mgr Scarcella et distribués. Le message de Maurice reste donc actuel. «Nous voulons faire d’hier un aujourd’hui pour des lendemains de joie», a indiqué le Père-Abbé de Saint-Maurice dans son mot d’accueil. Message reçu. (apic/bl)

Raphaël Zbinden

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