Migrants: un jour ou l’autre, tous les murs s’écroulent, prévient le pape

Philadelphie/Rome, 28.09.2015 (cath.ch-apic) Lors de la traditionnelle conférence de presse à bord de l’avion qui le ramenait des Etats-Unis, le 27 septembre 2015, le pape François a reconnu la «difficulté» que représente la vague migratoire actuelle en Europe, mais fustigé ceux qui construisent des murs pour arrêter les migrants, comme en Hongrie.

Un jour ou l’autre, a-t-il dit, tous les murs «s’écroulent». Le pape n’a pas souhaité commenter les bombardements français sur les bases de l’Etat islamique en Syrie, se félicitant par ailleurs d’un futur accord entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC. Il a redit son souhait d’aller un jour en Chine.

De plus en plus populaire, le pape François a enfin refusé d’être considéré comme une «star», affirmant son souhait d’être «Serviteur des serviteurs de Dieu», le leitmotiv des papes.

Vague migratoire en Europe

Le pape a ainsi réagi à l’apparition de nouvelles barrières en Europe face à la crise des migrants: «Vous savez comment finissent les murs: tous s’écroulent. Aujourd’hui, demain, dans 100 ans, ils s’écroulent, mais ce n’est pas une solution. Que l’Europe soit actuellement en difficulté, c’est vrai. Nous devons être intelligents quand vient cette vague migratoire et c’est vrai, ce n’est pas facile de trouver des solutions. Avec le dialogue entre les peuples, on peut les trouver. Les murs ne sont jamais des solutions, mais les ponts, si (…)».

Bombardements en Syrie

Interrogé sur le début des bombardements français sur les bases de l’Etat islamique en Syrie, le pape a répondu: «A dire vrai, (…) je n’ai rien lu, vraiment je ne sais pas comment la situation sera. J’ai entendu dire que la Russie avait une position, que les Etats-Unis n’étaient pas encore clairs. Je ne sais pas quoi te dire parce que je ne l’ai pas bien compris. Mais lorsque j’entends le mot bombardement, mort, sang, je répète ce que j’ai dit au Congrès et aux Nations unies : éviter ces choses. Mais je ne juge pas la situation politique parce que je ne la connais pas».

Chine et Saint-Siège

Quelle est la situation actuelle des relations entre le Saint-Siège et la Chine ? «C’est une grande nation, a répondu le pape, qui apporte au monde une grande culture et tant de bonnes choses. J’ai dit une fois lors d’un vol, quand nous la survolions, au retour de la Corée, que cela me plairait tellement d’aller en Chine. J’aime le peuple chinois, je l’aime. Et j’espère qu’il y aura des possibilités d’avoir de bonnes relations. Nous avons des contacts, nous parlons, et il faut aller de l’avant. Mais pour moi, avoir un ami, un pays ami comme la Chine, qui a une telle culture et tant de possibilité de faire le bien, ce serait une joie».

Colombie

Après l’annonce par le gouvernement colombien d’un prochain accord avec les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), le pape argentin a fait part de sa satisfaction: «Quand j’ai appris la nouvelle qu’un accord serait signé en mars, j’ai dit au Seigneur: ›fais que nous arrivions en mars, à ces belles intentions, car il manque de petites choses, mais la volonté est là, des deux côtés, et aussi du petit groupe’. Tous les trois sont d’accord. Il faut arriver en mars à un accord définitif. Il y a la question de la justice internationale (pour juger les FARC, ndlr). J’ai été très content. Je me suis senti concerné dans le sens où j’ai toujours voulu cela. J’ai parlé deux fois de cela avec le président Juan Manuel Santos (de Colombie, ndlr). Et pas seulement moi, il y a le Saint-Siège qui a cherché à aider, comment il pouvait faire».

Le succès: «J’ai peur de moi-même»

«Après ce voyage, vous sentez-vous plus puissant ?», lui a demandé un journaliste. «Je ne sais pas si j’ai eu du succès, a répondu le pape. J’ai peur de moi-même. Parce que, si j’ai peur de moi-même, je me sens toujours faible, dans le sens de ne pas avoir de pouvoir, et aussi le pouvoir est une chose passagère: aujourd’hui il y en a, demain il n’y en a pas… Ce qui est important, c’est si toi, avec le pouvoir, tu peux faire le bien. Et Jésus a défini le pouvoir: le vrai pouvoir, c’est de servir, rendre les services les plus humbles. Et je dois encore progresser sur ce chemin du service, parce que je sens bien que je ne fais pas tout ce que je devrais faire. Voilà la compréhension que j’ai du pouvoir».

Le pape star

Aux Etats-Unis, le pape François est devenu une vraie star. Est-ce bien pour l’Eglise que le pape soit une star ? «Tu sais quel est le titre qu’utilisaient les papes et que l’on doit utiliser ? Serviteur des serviteurs de Dieu… c’est un peu différent d’une star !, a rétorqué le pape. Les étoiles sont belles à regarder. J’aime les contempler lorsque le ciel est serein, l’été. Mais le pape doit être le Serviteur des serviteurs de Dieu. Oui, dans les médias, on dit cela… mais c’est une autre vérité: combien de stars avons-nous vu qui s’éteignent et tombent ensuite, c’est une chose passagère. En revanche, être Serviteur des serviteurs de Dieu, c’est beau, cela ne finit pas».

Voyages

Que ressentez-vous, a demandé un journaliste, après un voyage aussi intense que celui-ci, lorsque l’avion décolle ? «C’est un peu personnel, a répondu le pape François, mais… je dois être sincère: lorsque l’avion part après une visite, je repense aux regards de tant de gens. J’ai envie de prier pour eux, et de dire au Seigneur: je suis venu ici pour faire quelque chose, pour faire du bien, j’ai peut-être fait du mal, pardonne-moi, mais protège toutes ces personnes qui m’ont regardé, qui ont pensé aux choses que j’ai dites, qui m’ont écouté, aussi ceux qui m’ont critiqué, tous ! Voilà ce à quoi je pense. Mais je m’excuse, c’est un peu personnel, on ne peut pas le dire dans les journaux !» (apic/imedia/ami/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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