Synode sur la famille: Le retour des Allemands

Rome, 07.10.2015 (cath.ch-apic) Quatre des principaux ténors du synode sur la famille, les cardinaux Kasper, Müller, Schönborn et Marx se retrouvent au sein du même groupe linguistique pour le travail en circuli minores. Ce groupe germanophone, auquel il faut ajouter le cardinal suisse Kurt Koch, risque fort d’être détonnant.

Lors de la première session du synode en 2014 les germanophones n’avaient pas formé de groupe propre mais s’étaient dispersés dans les groupes francophones et anglophones. Pour cette session, les ténors de l’Eglise de langue allemande vont se confronter directement et dans leur propre langue. Les évêques de Berlin, Heiner Koch; d’Osnabrück Franz-Joseph Bode et de Feldkirch, Benno Elbs complètent ce groupe de huit Pères synodaux. C’est au cardinal Schönborn que reviendra le rôle de rapporteur.

Durant l’entre-synode, aucun de ces prélats n’a manqué d’avancer ses opinions et ses arguments, le dernier en date étant le cardinal Schönborn. Dans un petit livre d’entretiens, l’archevêque de Vienne, qui fut le rédacteur principal du catéchisme de l’Eglise catholique, défend le rôle de pasteurs des évêques. «Il nous est demandé de regarder des réalités vivantes auxquelles le Christ est présent. Comment au cœur même des difficultés des couples et des sociétés, Dieu est-il présent avec son dessein lumineux d’Alliance et de renouvellement?» se demande-t-il. Evoquant sa propre expérience d’enfant élevé dans une famille recomposée, il invite à commencer «d’abord par regarder les personnes et non par comptabiliser ce qui va bien et ce qui va mal. Ce serait voir avec une absence de regard, une manière de ‘passer à côté’ au risque ensuite de frayer avec l’aveuglement des scribes et des pharisiens.»

La Bible n’est pas un distributeur automatique de réponses

Les opinions du cardinal Walter Kasper, invité par le pape François à prononcer l’introduction de la première session en 2014, sont bien connues. C’est contre lui que se sont cristallisées les critiques des conservateurs, certains lui reprochant de parler à la place du pape. Le cardinal allemand prône en particulier une attitude pastorale beaucoup plus ouverte envers les divorcés-remariés et les homosexuels. La Bible n’est pas un manuel ›systématico-théologique’, ni un distributeur automatique de réponses», expliquait-il en septembre. «L’Eglise, comme pour tout chrétien, doit toujours se laisser surprendre par la nouveauté de la miséricorde de Dieu.»

En face le cardinal Gerhard Ludwig Müller, tient ferme dans ses bottes de gardien de la doctrine. «Faut-il redéfinir la notion de mariage ? Certains veulent relativiser et déconstruire l’enseignement de Jésus pour apparaître se mettre en conformité avec la société, s’interroge le Préfet de la Congrégation pour doctrine de la foi. Nous n’avons pas le droit de décevoir les gens quand se pose la question de la sacralité du mariage et de son indissolubilité, son ouverture à l’enfant et la complémentarité des deux sexes. La pastorale ne doit pas faire perdre de vue le salut éternel considéré comme opposé au désir d’être populaire ou accepté par le monde.»

Formuler de nouvelles propositions

«Au synode, il faut formuler de nouvelles propositions», a affirmé de son côté le cardinal Reinhard Marx dans une interview accordée au quotidien La Repubblica au premier soir des travaux. Pour le président de la Conférence épiscopale allemande, «nous devons aller de l’avant, le synode ne peut pas être une répétition, nous ne pouvons pas regarder derrière nous». Lors des discussions à huis clos dans la Salle du synode au Vatican, le cardinal Reinhard Marx se serait montré critique à propos de la longue relation du rapporteur général, le cardinal Peter Erdö qui avait insisté sur le rappel de la doctrine de l’Eglise.

Cinquième cardinal de ce groupe, le Suisse Kurt Koch, président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, s’est probablement moins profilé publiquement que les autres sur le sujet. Proche collaborateur du pape François, qu’il accompagne généralement dans ses voyages, il a pris la parole en novembre dernier à Rome lors d’une conférence internationale et interreligieuse sur la complémentarité de l’homme et de la femme parrainé par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Le but était alors d’exploiter la sagesse des diverses traditions religieuse et de leur expérience culturelle pour soutenir et revigorer le mariage et la vie de famille pour l’épanouissement de la société humaine.

La culture ecclésiale de langue allemande cultive, probablement depuis la Réforme, un goût prononcé pour la dispute théologique. Gageons que les discussions de la semaine ne dérogeront pas à la tradition. (apic/mp)

Maurice Page

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