Inde: Lynchage à mort d’un musulman accusé de consommation de bœuf

New Dehli, 09.10.15 (cath.ch-apic) Un musulman de 52 ans, a été lynché à mort, le 28 septembre dans le village de Bisahra, à une soixantaine de kilomètres au sud de New Delhi. Un groupe d’hindous le suspectaient d’avoir abattu une vache et d’en avoir consommé la viande, pendant la fête musulmane de l’Aïd. Son fils également lynché est entre la vie à la mort.

Le sujet des vaches sacrées et de la viande bovine apparaît de plus en plus en Inde comme un problème récurrent, utilisé à des fins politiques, rapporte l’agence d’informations des Missions étrangères de Paris, ‘Eglises d’Asie’. En effet, pour les nationalistes hindous, la vache sacrée est un emblème de l’indépendance nationale. L’abattage de bovins est considéré comme un péché, voir comme un ‘crime national’. Selon eux, c’est sous l’influence étrangère des colonisateurs, des musulmans moghols jusqu’aux Européens chrétiens, que l’abattage des vaches a été instauré en Inde. L’indépendance du pays ne saurait donc être complète que lorsque l’abattage sera complètement interdit.

Vingt-quatre des 29 Etats de l’Inde disposent ainsi de règlementations spécifiques encadrant l’interdiction d’abattage des bovins ou la vente de viande bovine, sous peine d’amendes. A New Dehli, par exemple, l’abattage d’une vache est puni de cinq ans de prison et d’une amende de 10 000 roupies (136 euros). Début 2015, les Etats du Maharashtra et de l’Haryana ont interdit la vente de viande bovine. Cet été, c’était au tour de l’Etat pourtant majoritairement musulman de Jammu-et-Cachemire d’interdire complètement la vente et l’achat de viande bovine.

En mars dernier, le ministre fédéral de l’Intérieur, Rajnath Singh, membre du Bharatiya Janata Party ou Parti du peuple indien (BJP), pressait le gouvernement de s’engager vers une interdiction nationale de l’abattage et de la vente de viande bovine.

Une mesure contre les pauvres

«Le gouvernement ferait mieux de se concentrer sur les problèmes nationaux importants plutôt que d’édicter des lois sur le régime alimentaire de la population», a déclaré le cardinal Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque de Trivandrum et président de Conférence des évêques catholiques de l’Inde. Aujourd’hui, ce sont les minorités religieuses indiennes musulmane et chrétienne et les populations les plus pauvres, dalits et aborigènes, qui sont le plus affectées par ces mesures d’interdiction, le bœuf étant la viande la moins chère du marché.

En Inde, ce sont les musulmans qui contrôlent la majeure partie du secteur économique de la viande de bœuf. En 2012, l’Inde a produit 3,64 millions de tonnes de viande bovine, dont 50% ont été consommés dans le pays. Une interdiction générale de la vente de viande bovine en Inde est donc difficilement applicable. En plus de l’agriculture, elle affecterait d’autres secteurs de l’économie indienne comme l’industrie du cuir, mettant des milliers de personnes au chômage. (apic/eda/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

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