Le pape souhaite la décentralisation «salutaire» de l'Eglise

Rome, 17.10.2015 (cath.ch-apic) Le pape François a évoqué, le 17 octobre 2015, la nécessité d’une révision du ministère pétrinien, en appelant à une «décentralisation salutaire» de l’Eglise au profit des épiscopats locaux. Au cœur du synode sur la famille, il a souhaité faire grandir la synodalité et la collégialité épiscopale dans l’Eglise.

«le chemin de la ›synodalité’ est le chemin que Dieu attend de l’Eglise du troisième millénaire», affirme le pape. Devant de nombreux cardinaux et évêques, aux deux-tiers des travaux du second synode sur la famille, le pape s’est d’abord livré à une réflexion sur le sensus fidei, la démarche par laquelle l’ensemble de l’Eglise, laïcs et pasteurs, fait sienne une doctrine qui s’élabore.

«Comment aurait-il été possible de parler de la famille sans interpeller les familles?», s’est interrogé le pape. Il justifie ainsi la démarche synodale qu’il a souhaitée pour les deux synodes consacrés à la pastorale familiale, avec l’envoi de questionnaires à travers le monde entre les deux assemblées. «Le troupeau lui aussi possède son propre ›flair’ pour discerner les nouvelles voies que le Seigneur entrouvre à l’Eglise», a ajouté le pontife.

L’évêque de Rome, «Pasteur et docteur de tous les chrétiens»

«Une Eglise synodale est une Eglise de l’écoute», a insisté le pape, évoquant alors les différentes étapes de cette démarche: «le chemin synodal commence en écoutant le peuple», il «se poursuit en écoutant les pasteurs», à savoir les évêques «qui doivent pouvoir distinguer attentivement parmi les flux changeants de l’opinion publique». «Ce chemin culmine avec l’écoute de l’évêque de Rome, appelé à se prononcer comme ›pasteur et docteur de tous les chrétiens’», a conclu le pape. Cette dernière citation fait référence au dogme de l’infaillibilité pontificale, défini lors du Concile Vatican I en 1870.

 Une conversion de la papauté

Fort de l’héritage du Concile Vatican II, le pape François a en outre appelé avec force à «faire grandir l’esprit de la collégialité épiscopale», mettant en avant la nécessité de procéder à une décentralisation salutaire de l’Eglise. «Le pape n’est pas seul au-dessus de l’Eglise, mais en elle comme baptisé parmi les baptisés, et au sein du collège épiscopal comme évêque parmi les évêques. Il est appelé en même temps, comme successeur de l’apôtre Pierre, à guider l’Eglise de Rome qui préside dans l’amour toutes les Eglises», a-t-il affirmé.

Vers une réelle autorité doctrinale des conférences épiscopales?

Dès lors, le pape François a renouvelé son souhait, déjà exprimé en 2013 dans son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, d’une «conversion de la papauté». Celui qui  se présente d’abord comme l’évêque de Rome déplorait alors «une excessive centralisation» qui, «au lieu d’aider, complique la vie de l’Eglise et sa dynamique missionnaire». Il demandait d’approfondir le statut des conférences épiscopales afin de leur offrir des «attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique». La réforme des structures de l’Eglise, écrivait encore le pape François, demande audace et créativité. Ces propos résonnent de façon toute particulière alors que certains, dans la Salle du Synode, demandent une plus grande décentralisation pour traiter plusieurs situations relatives à la famille.

Dans une salle des audiences peu remplie, au Vatican, le pape a donc présidé une cérémonie commémorative marquant le 50e anniversaire de l’institution. Plusieurs interventions ont rythmé cette matinée, dont celle de l’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schönborn, qui a invité à ne pas avoir peur des «discussions animées, voire des disputes», tant qu’il s’agit au final de parvenir «au discernement commun de la volonté de Dieu». (apic/imedia/bh)

Bernard Hallet

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