La tumeur du pape: rumeur ou complot ?

Rome, 23.10.2015 (cath.ch-apic) La rumeur d’une tumeur bégnine au cerveau dont souffrirait le pape François continue à faire couler de l’encre dans la presse italienne le 23 octobre 2015, malgré les démentis répétés du Saint-Siège. Tandis que des explications de complots et manœuvres sont recherchées tous azimuts, le Quotidiano Nazionale, qui a publié l’information contestée, maintient sa version.

Il Sole 24 ore note que Takanori Fukushima, le professeur japonais qui aurait été consulté par le pontife argentin pour une tumeur bénigne au cerveau, a supprimé de son blog deux publications concernant ses visites au Vatican en octobre 2014 et janvier 2015, avec les photos (retouchées, selon des observateurs) d’une rencontre du praticien avec le pontife place Saint-Pierre. Le Quotidiano Nazionale, évoquant son devoir d’informer, maintient sa version des faits mais fait part de sa décision de clore le débat.

Dans La Repubblica, Mgr Marcello Semeraro, secrétaire du Conseil des neuf cardinaux (C9), affirme que le pontife ne se laisse pas impressionner: «Je l’ai rencontré dans le hall de Sainte-Marthe le matin où est sortie la nouvelle dans les journaux. Il souriait. Il était serein. Comme si rien ne s’était passé. Il a une force intérieure unique». Si les pères synodaux ont commenté la nouvelle entre eux, explique l’évêque d’Albano (Italie), la thèse qui en est sortie est que cela semblait une manœuvre voulue pour donner une mauvaise image du pape. Il est difficile de dire qui a tramé tout cela, quelqu’un cherche à semer le trouble au Vatican.

Le pape argentin, qui n’a rien à cacher, estime Mgr Semeraro, n’est guère touché par les intrigues mesquines. Car, insiste-t-il, «il est vraiment mesquin d’inventer que François souffre d’une maladie au cerveau, comme s’il n’était pas en mesure à cause de cela d’agir en connaissance de cause». Son magistère ne plaît pas à certains, mais les manipulations ne sont pas une nouveauté dans l’histoire des pontifes, rappelle le prélat, et les papes et l’Eglise y ont toujours survécu.

Il Fatto Quotidiano cherche dorénavant les suspects qui ont déclenché cette affaire, en précisant : que ce soit un complot ou une manœuvre pour délégitimer le pape François cela n’est pas nié au Vatican. Dans les pages du quotidien italien, l’historien Alberto Melloni s’amuse de l’imbroglio qui semble orchestré par des charlatans. Il présume que les instigateurs sont à chercher dans la cour vaticane, que le pontife tente de réformer. L’évêque italien de Novara, Mgr Franco Giulio Brambilla, souligne la coïncidence du moment choisi pour publier l’information. Mais le pape François, ajoute-t-il, est présent avec beaucoup de sérénité et d’énergie, toujours de façon discrète, attentif et amical. Et il prend le café avec nous.

Pour le blog spécialisé proche de Vatican Il Sismografo, le pape n’est pas victime d’un complot planifié par un groupe d’anti-Bergoglio dans une salle secrète. Mais le leader moral et religieux le plus important du monde a de nombreux adversaires qui se sentent menacés par sa vision de l’Eglise, juge l’auteur de ce blog. Sans coordination particulière, ajoute-t-il, ces ennemis fomenteraient donc, selon le terme consacré, une «character assassination" (décrédibilisation, ndlr) de l’homme en blanc.

Le Corriere della Sera rapporte quant à lui des paroles du cardinal Mauro Piacenza, grand pénitencier : «La fausse nouvelle d’une maladie du pape ? Je la laisserais tomber, afin qu’elle s’affadisse comme elle le mérite, si on ne finit pas par en faire tout un plat. Ce qui est certain, c’est que si quelqu’un cherche à conditionner le synode, il n’y parvient pas». (apic/imedia/ak/mp)

Maurice Page

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