Le martyre de Mgr Romero a continué après sa mort, déplore le pape François

Rome, 30.10.2015 (cath.ch-apic) Le martyre de Mgr Oscar Romero (1917-1980) a continué même après sa mort. Il fut «calomnié, traîné dans la boue par ses frères dans le sacerdoce et dans l’épiscopat». C’est avec ces mots très durs que le pape François s’est adressé, le 30 octobre 2015, aux participants d’un pèlerinage au Vatican, en hommage à l’évêque salvadorien béatifié le 23 mai. Pour le pontife argentin, ses adversaire continuent de «lapider» Mgr Oscar Romero «avec la pierre la plus dure qui existe dans le monde: la langue».

«Le martyre de Mgr Romero ne fut pas seulement au moment de sa mort, a ainsi improvisé le pape François devant ses auditeurs, à la fin de son discours préparé. Il continua aussi ultérieurement, parce qu’il ne suffisait pas qu’il soit mort. Il fut diffamé, calomnié, traîné dans la boue. Son martyre continua aussi de la part de ses frères dans le sacerdoce et dans l’épiscopat», a encore accusé le pape. «Seul Dieu connaît l’histoire des personnes, a-t-il alors insisté. Et il voit qu’ils sont en train de le lapider avec la pierre la plus dure qui existe dans le monde: la langue».

Ouverte en 1993, la cause de béatification de Mgr Romero était parvenue à Rome en 1997. Outre la Congrégation des causes des saints, le dossier de l’évêque martyr était passé entre les mains de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de son préfet de l’époque, le cardinal Joseph Ratzinger. Mais cette cause avait alors été bloquée pour des raisons idéologiques.

Sous le pontificat de Jean-Paul II (1978-2005), deux cardinaux colombiens seraient notamment intervenus dans ce sens : le cardinal Alfonso López Trujillo,  ex président du Conseil pontifical pour la famille, mort en 2008, et le cardinal Darío Castrillón Hoyos, ancien préfet de la Congrégation pour le clergé. Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant Egidio, expliquait ainsi, début 2015, dans le Corriere della Sera : «le cardinal López Trujillo a lutté contre la reconnaissance du martyre de Mgr Romero : il considérait le prélat trop ›marxisant’, et il craignait que sa béatification ne se soit transformée en canonisation de la Théologie de la libération, à laquelle le cardinal s’opposait».

La figure de Mgr Romero fut en effet longtemps controversée en raison de sa récupération par le courant de la Théologie de la libération. Au Salvador, sa béatification est encore critiquée par certains qui rappellent que le bienheureux était devenu, malgré lui, le «saint patron» du Front Farabundo Marti de libération nationale, organisation de mouvements de guérilla marxiste s fondée en octobre 1980, et devenue depuis un parti politique légal.

Le 24 mars 1980, Oscar Romero, archevêque de San Salvador, était assassiné alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine Providence, dans la capitale salvadorienne. Pendant ses obsèques, le 30 mars 1980, l’armée avait tiré sur la foule, faisant plusieurs dizaines de victimes. Une commission des Nations unies a ensuite établi que son assassinat avait été ordonné par des militaires de son pays.

Dès sa nomination, en 1977, il était entré en conflit avec la haute bourgeoisie, l’armée et le pouvoir, défendant ›l’option préférentielle pour les pauvres’. La veille de sa mort, il avait demandé aux soldats de refuser d’obéir aux ordres de tuer, malgré les menaces de mort perpétrées à son endroit. (apic/imedia/bl/mp)

Maurice Page

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