Attentats à Paris: Les musulmans vaudois de l'UVAM dénoncent «ces actes barbares»

Lausanne, 15.11.2015 (cath.ch-apic) «Depuis quelques temps, l’ambiance était déjà difficile pour les musulmans en Suisse, davantage en Suisse alémanique qu’en Suisse romande, mais les attentats lâches et aveugles de Paris ne vont pas nous faciliter la vie…», confie à cath.ch Pascal Gemperli, président de l’Union Vaudoise des Associations Musulmanes (UVAM).

Réagissant immédiatement à ce massacre, l’UVAM a lancé un appel à un rassemblement samedi après-midi 14 novembre à la Place St-François à Lausanne. Une bonne centaine de personnes sont venues manifester «pour condamner ces actes barbares». Parmi eux des responsables politiques et religieux.

A Lausanne, «la société multiculturelle fonctionne»

Lors de ce premier rassemblement romand faisant suite aux attentats de Paris, auquel la Municipalité lausannoise s’était associée, le syndic Daniel Brélaz a rappelé qu’à Lausanne, où vivent 42% d’étrangers et des communautés juives et musulmanes assez importantes, «nous avons tout fait pour que les gens s’entendent et cette société multiculturelle fonctionne».

Pasteure dans l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), membre du Conseil synodal de l’EERV, Line Dépraz a estimé qu’il fallait se battre ensemble «contre tous les amalgames». La conseillère nationale du parti socialiste Ada Marra a également déploré qu’à chaque fois que des extrémistes commettent des attentats, les musulmans de Suisse doivent descendre dans la rue pour dire que ce n’est pas leur faute, alors que c’est pourtant évident.

Craintes de l’amalgame musulman = terroriste

Pascal Gemperli sent bien que l’ambiance est plombée depuis un certain temps, et lui aussi craint les amalgames. Il a pu en avoir un premier goût sur les réseaux sociaux, «même si ces attaques contre les musulmans, demandant par exemple de fermer les mosquées, ne sont que des commentaires individuels».

«Il y a en effet un certain risque que l’on restreigne les libertés individuelles, en stigmatisant le port du voile islamique, voire même le port de la barbe, déplore Pascal Gemperli. En Thurgovie, la police cantonale mène déjà des actions en vue de détecter les signes de radicalisation, qui visent les jeunes musulmans. A Winterthur, les enseignants ont eu un séminaire sur le sujet». «On peut en effet craindre les amalgames!», craint le président de l’UVAM.

«Notre société a besoin d’unité contre le fléau terroriste»

Dans son communiqué, l’UVAM condamne avec la plus grande fermeté les attentats de Paris, «ce crime abject contre notre humanité» et exprime ses condoléances les plus sincères et ses pensées attristées aux familles des victimes innocentes et aux nombreux blessés. L’association, citant une sourate du Coran – «Celui qui tue une personne, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité; s’il sauve une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité» –craint qu’avec ces derniers événements, la peur et la colère se développent.

Mais, insiste l’UVAM, «nous ne permettons à personne de mettre en danger la paix sociale et religieuse chèrement acquise en Suisse». Et de plaider pour renforcer les liens et le dialogue avec tous et agir pour affermir la sécurité collective. «Plus que jamais, notre société a besoin d’unité contre le fléau terroriste qui sévit».

L’UVAM et les membres qui la composent, en coopération avec ses partenaires des autorités politiques et religieuses, promettent de poursuivre les efforts pour «le vivre ensemble» et de continuer à renforcer la paix sociale et religieuse. «Nous appelons les autorités à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de nos citoyens, mais aussi de celles des mosquées contre des représailles éventuelles». (apic/be)

Jacques Berset

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