La justice bolivienne va enquêter sur le meurtre du Père Espinal

La Paz, 21 novembre 2015 (cath.ch-apic) L’avocat Frank Campero a indiqué, le 17 novembre, que la justice bolivienne allait ouvrir une enquête officielle pour faire toute la lumière sur les circonstances de l’assassinat du Père jésuite Luis Espinal, tué le 21 mars 1980.

Cette décision intervient après les révélations, début octobre, du client de l’avocat, l’ancien colonel Roberto Meleán, ex-officier des Forces Aériennes Boliviennes (FAB). Ce dernier, condamné à 30 ans de prison pour la disparition d’un universitaire en 1980, a en effet accusé formellement deux colonels comme étant les commanditaires du crime. «Les auteurs intellectuels de cet assassinat sont le colonel Jaime Nino de Guzmán (ex-commandant des FAB) et le colonel Freddy Quiroga Reque», a assuré Roberto Meleán.

Justifiant son silence par la «peur de représailles», ce dernier avait expliqué que le crime du prêtre jésuite avait été décidé pour éviter la publication d’informations révélant une corruption généralisée au sein de l’armée. Toujours selon l’ex-colonel, l’assassinat et les tortures dont aurait été victime le Père Luis Espinal aurait été perpétrés par quatre hommes, qui auraient reçu selon lui entre 200 et 700’000 dollars.

Torturé et tué

L’avocat Franck Campero a assuré que son client, Roberto Meleán, allait être sollicité pour témoigner dans le cadre cette affaire. L’ex-colonel a d’ailleurs assuré qu’il était prêt à mettre à la disposition de la justice des documents en sa possession et qui prouvent l’implication des militaires dans le meurtre du Père jésuite, enlevé le 21 mars 1980 à la sortie d’un cinéma et dont le corps criblé de balles et portant des marques de torture a été retrouvé le lendemain.

Né en Espagne le 2 février 1932, Luis Espinal avait intégré la Compagnie de Jésus puis ordonné prêtre en juillet 1962 à Barcelone. En 1968, il part en Bolivie comme missionnaire où il a mené une lutte acharnée pour la défense des droits humains. Parallèlement, il réalise plusieurs documentaires de cinéma et occupent des fonctions de journaliste radio. Ses prises de positions contre les dictatures et son appui aux mouvements de mineurs, lui ont valu l’inimitié du gouvernement de l’époque et celle des militaires, accusés de semer la terreur.

Un crucifix en forme de faucille

Lors de sa visite en Bolivie, en août dernier, le pape François avait reçu des mains d’Evo Morales, le président bolivien, la réplique d’un crucifix en forme de faucille et de marteau confectionné par le Père jésuite Luis Espinal. Un cadeau qui a surpris le pape mais que ce dernier a toutefois ramené à Rome, assurant qu’il s’agissait qu’il appartenait à «l’art de la contestation». (apic/jcg/mp)

Maurice Page

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