Belgique: pour le cardinal Danneels, (161291)

« le Synode est peut-être venu trop tôt »

Rome/Bruxelles. 16décembre(APIC) Le Synode spécial des évêques sur l’Europe ne s’est-il pas tenu trop tard… ou trop tôt? s’est demandé le cardinal Godfried Danneels au cours d’une conférence de presse organisée à Rome

à l’issue du Synode. « On aurait pu se réunir à Rome quelque mois après la

chute du mur de Berlin pour fêter la liberté retrouvée, a observé le cardinal. On aurait pu aussi convoquer un Synode en vue d’élaborer des plans

pour l’évangélisation du continent européen+.

Pour l’archevêque de Malines-Bruxelles, il est sans doute encore trop

tôt pour mettre au point de tels projets. « Il n’est pas sûr que les évêques

de l’Europe voient déjà clairement ce dont ils ont vraiment besoin pour

l’avenir de leur Eglise, et sans doute leur faudra-t-il pour cela attendre

encore deux ou trois ans ».

Mgr Paul Van den Berghe, évêque d’Anvers et second délégué de l’épiscopat belge au Synode, a observé pour sa part que les débats n’ont pas seulement mis en évidence un clivage entre une Eglise persécutée à l’Est et

l’Eglise des démocraties occidentales. Un autre clivage est apparu, a-t-il

dit, entre la mentalité orientale (présente également en Grèce, qui n’est

pas un pays de « l’Est ») et l’esprit latin de l’Occident.

Le Synode sur l’Europe, a expliqué l’évêque d’Anvers, a été dans un certain sens « un Synode latin », où dominait quelque peu l’esprit occidental,

avec sa manière de raisonner, de discuter, avec son habileté linguistique.

Chez les évêques d’Europe orientale, a précisé le cardinal Danneels,

subsiste toujours une certaine méfiance à l’égard de la théologie occidentale, ainsi que de l’organisation d’une Eglise de l’Ouest jugée « hyperstructurée ». A cet égard également, le Synode venait peut-être un peu tôt.

Le cardinal le voit plutôt comme une démarche « exploratoire », mettant en

présence deux Eglises qui ne se connaissent pas encore assez pour exprimer

toute leur sensibilité.

« Réciprocité » avec l’islam

A propos de la Déclaration finale, Mgr Van den Berghe relève une question qui a été posée à plusieurs reprises au cours des travaux: la chute

du communisme ne met-elle pas aussi en question l’humanisme occidental, du

moins cette branche de l’humanisme qui a essentiellement pour fondement

l’athéisme?

Dans le domaine des rapports avec l’islam, l’archevêque de Malines-Bruxelles juge important que le texte fasse clairement mention d’une nécessaire « réciprocité », afin que les chrétiens jouissent dans les Etats arabes

des mêmes droits reconnus aux musulmans en Europe, notamment de « la même

hospitalité ».

Une ombre sur le Synode

Le cardinal Danneels s’attarde sur le problème de l’oecuménisme, en particulier sur les difficultés avec les orthodoxes. « Une ombre a plané sur le

Synode, et il ne faut pas sous-estimer les difficultés. L’archevêque de Malines-Bruxelles estime que les orthodoxes qui n’ont pas envoyé de délégués

à l’Assemblée ont commis une erreur, car c’est une occasion perdue de « se

parler en face ».

Selon le cardinal les motifs avancés par Alexis II pour justifier le refus de l’Eglise orthodoxe russe en cachent d’autres: il y a d’abord le

fait que l’Eglise orthodoxe russe est « affaiblie, malade ». L’éducation religieuse y est déficiente. Elle subit par ailleurs l’influence de certains

hommes politiques, qui ne voient pas d’un bon oeil un rapprochement avec

l’Occident. Enfin, la hiérarchie de l’Eglise est soumise à une forte pression de la part des fidèles de la diaspora rentrés au pays. Ces émigrés revenus de l’Occident, généralement très fondamentalistes, exercent une grande pression sur la hiérarchie, a-t-il expliqué en conclusion. (apic/cip/pr)

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