Rome: Synode sur l’Europe
a fait quelques vagues parmi les évêques présents au Synode
Rome, 12décembre(APIC) « Ne serait-il pas opportun d’ôter aux parents le
fardeau de la distinction entre formes naturelles et formes artificielles
du contrôle des naissances? » Cette question « brûlante » de la contraception,
mentionnée parmi les six points critiques soulevés la semaine dernière devant l’Assemblée du Synode par Mgr Norbert Werbs, évêque auxiliaire de
Schwerin, en ex-RDA, a provoqué quelques remous parmi les évêques présents
à Rome.
Un évêque allemand resté anonyme aurait déclaré après l’intervention:
« la terre s’est presque dérobée sous mes pieds ». Les autres évêques participant au Synode ont réagi de manière très différenciée, du moins lors
d’une conférence de presse avec des journalistes allemands à Rome. Il est
apparu manifestement que Mgr Werbs n’avait parlé avec aucun autre évêque
allemand du contenu de son intervention. Mgr Karl Lehmann, évêque de Mayence et président de la Conférence épiscopale allemande, a dit que lorsqu’il
avait demandé durant le petit déjeuner à Mgr Werbs de quoi il allait parler, celui-ci lui avait répondu : »De choses qu’on n’aime guère entendre
dans l’Eglise »
Mgr Norbert Werbs s’est probablement rendu compte du caractère explosif
de son intervention seulement après le silence consterné qui l’a suivie,
alors qu’avant lui, des applaudissements nourris avaient salué les discours
des évêques de l’Est.
Certes, l’allocution de Mgr Werbs est arrivée malheureusement sans
transition à la suite des rapports poignants évoquant la souffrance des
évêques de l’Est. Mais l’ordre des interventions ne dépendait pas des
orateurs, mais du secrétaire général du Synode, Mgr Schotte, responsable de
la régie de cette assemblée.
Mgr Werbs lui-même a avoué qu’une « atmosphère électrique » s’est installée pendant son discours, notamment à cause de fautes qui se sont glissées
dans la traduction simultanée. Ainsi, « il est opportun » est devenu en italien « il est indispensable », ce qui a donné un ton trop catégorique à ses
propos. Une idée exprimée sous forme de question est devenue faussement une
revendication.
Mgr Werbs a expliqué lui-même aux journalistes qu’il n’avait pas de réponse toute prête à ces questions. Son intention était de rendre attentif
les pères synodaux à une problématique qui revient sans cesse dans la pastorale. Il a parlé de la place de la femme dans l’Eglise parce qu’il pense
que la justification sans cesse répétée que les Apôtres étaient des hommes
« n’est peut-être plus suffisante dans la nouvelle époque que nous vivons ».
Mgr Karl Lehmann a été loyal envers son confrère de Schwerin. Il a estimé que chacun avait le droit de dire ce qu’il voulait devant le Synode et
qu’il n’y avait pas de censure. Lui même aurait agit autrement, mais c’est
un bon signe pour le Synode que ces questions puissent être discutées en
présence du pape. A la question d’un journaliste hollandais qui lui demandait s’il n’avait pas maintenant « sa carrière derrière lui », Mgr Werbs a
répondu qu’il n’avait certainement pas fait cette intervention pour
promouvoir son avancement.
Mgr Bernhard Huhn, évêque de Görlitz, a réagi plus sèchement. Certes,
son confrère est un excellent théologien, mais son intervention abordait
trop de thèmes à la fois pour pouvoir les traiter en huit minutes de temps
de parole. Lui-même ne l’aurait jamais fait. La question des « fardeaux » que
l’Eglise ferait porter à ses fidèles a été ressentie comme un reproche
adressé à l’Eglise, a déploré Mgr Huhn. Mgr Werbs avait encore lancé : « Ne
devrait-on pas rendre beaucoup plus claire qu’aujourd’hui – dans les enseignements du magistère – la différence entre l’avortement qui est condamnable et une contraception admissible? ». L’évêque auxiliaire de Schwerin
avait également abordé le thème des divorcés remariés, de la participation
dans l’Eglise, des nominations épiscopales controversées et de la place de
la femme dans l’Eglise.
Des questions sans réponses valent mieux que pas de question du tout
« Enfin il se passe quelque chose dans ce Synode », telle a été l’opinion
de certains journalistes qui pensent que des questions sans réponses valent
toujours mieux que l’absence de questions dans un domaine dont l’Eglise
n’aime pas entendre parler. Mais quelques évêques ont froncé les sourcils à
propos de la dimension qu’a prise cette intervention dans les médias
internationaux. Si importante soit-elle, cette question ne doit pas
détourner la thématique globale du Synode, qui est la nouvelle
évangélisation.(apic/gbr/mp)
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