Erwin Tanner: «Les habitants de Crémisan sont désespérés»

«Les habitants de la vallée de Crémisan sont désespérés», rapporte Erwin Tanner, secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES). Depuis le 7 janvier 2016 en Terre Sainte avec une délégation internationale d’évêques catholiques, il témoigne de la situation des chrétiens dans la région.

Le groupe de responsables catholiques, dont Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, vient de rejoindre les rangs, s’est rendu dans le village palestinien à majorité chrétienne de Beit Jala, près de Jérusalem. L’armée israélienne construit actuellement un mur qui sépare la localité des lieux de peuplement juifs. La structure doit couper à terme en deux la vallée proche de Crémisan, où se trouve un monastère salésien, interdisant à de nombreux agriculteurs locaux et aux moines l’accès à leurs terres.

La délégation s’est rendue le 10 janvier dans une zone récemment défrichée par les bulldozers israéliens, indique Erwin Tanner, à cath.ch. La police israélienne lui a interdit d’accéder directement à la zone, considérée comme «militairement stratégique». Mais les responsables catholiques ont pu regarder de loin et prendre des photographies. Le secrétaire général de la CES tient à préciser que, contrairement à ce qui a été écrit par un média, la délégation n’a à aucun moment été empêchée de pénétrer dans les territoires palestiniens, ni dans la vallée de Crémisan.

La municipalité de Jérusalem revendique les terres de Beit Jala

Les participants à la visite ont également rencontré le propriétaire du terrain, un chrétien palestinien, très affligé par le déracinement de ses oliviers.

«Les habitants de Crémisan sont dans une situation très difficile, confie Erwin Tanner, en particulier parce qu’ils vivent dans l’incertitude du lendemain». La municipalité de Jérusalem revendique en effet actuellement certains secteurs de la région appartenant à des chrétiens. Il s’agit notamment de terrains où des Palestiniens ont construit ou sont en train de construire des logements. Ils ne savent donc pas, dans le cas où les autorités hiérosolymitaines accapareraient ces terres, s’ils pourraient rester. Les habitants et les organisations qui les soutiennent tentent pour l’instant de gagner du temps en multipliant les recours en justice. Ils espèrent aussi que la pression internationale pourra, à terme, provoquer un revirement de l’attitude israélienne.

«Une grande famille chrétienne»

Erwin Tanner indique que la délégation a effectué, au matin du 11 janvier, une visite au vicariat latin pour la Jordanie à Amman, la capitale. Ils y ont notamment rencontré des réfugiés chrétiens irakiens. Le vicariat aide les réfugiés en difficulté et héberge des familles. Le secrétaire général de la CES souligne que beaucoup d’entre eux n’ont plus aucun espoir de retourner en Irak, où les djihadistes se sont souvent emparés de leurs propriétés. La plupart ne voient d’avenir que du côté des pays occidentaux.

Le responsable catholique relève qu’en Jordanie la situation des réfugiés est assez différente de celle qui prévaut au Liban, où il s’est également rendu récemment. Ce dernier pays connaît de vives tensions entre les nouveaux arrivants et la population résidante.

En Jordanie, le roi Abdallah II pratique une politique d’ouverture envers les réfugiés. Il soutient et protège en général les chrétiens. Même si des problèmes commencent à apparaître, les tensions entre la population et les réfugiés sont pour l’instant minimes.

Erwin Tanner souligne également la solidarité existant entre les diverses confessions chrétiennes dans le pays. Il rappelle une parole entendue du patriarche latin Fouad Twal lorsque la délégation était à Jérusalem, selon laquelle, en ces temps dramatiques, les fidèles étaient amenés à former une «grande famille chrétienne».

Jusqu’au 14 février, les membres de la délégation vont notamment encore rencontrer le clergé jordanien, visiter le centre Caritas d’Amman, ainsi qu’une école chrétienne locale. (cath.ch-apic/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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