Intégration, assimilation, multi-culturalité

La venue en grand nombre de demandeurs d’asile pose de façon cruciale la question de l’accueil de ces personnes. Pour celles dont la demande d’asile sera acceptée, notre pays doit répondre à la question de leur intégration. Mais avant cela il faut lever deux malentendus.

Le premier est celui de l’assimilation. Certains de nos concitoyens rêvent que ces personnes, qui ont un vécu totalement différent du nôtre et qui ont parfois traversé de terribles épreuves, soient «comme nous». Or elles ont une culture différente, des us et coutumes différents et parfois une autre religion. Imaginez qu’elles puissent s’assimiler rapidement sans problème ni difficulté à notre société est un rêve. Il y faudra beaucoup d’efforts de part et d’autre. L’assimilation ne pourra être que le résultat d’un long processus d’intégration. La Suisse est un pays compliqué avec quatre langues, vingt-six cantons et demi-cantons aux cultures différentes, et des équilibres politiques subtils, dignes d’un mécanisme d’horlogerie. Pour un étranger, la compréhension de tout cela demande du temps.

«Les musulmans en Suisse devront rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.»

Le second malentendu est celui de la multi-culturalité. Si celle-ci signifie le respect des droits spirituels, sociaux et culturels des demandeurs d’asile, elle doit être respectée. Si elle signifie la constitution de ghettos dans certains quartiers et une forme de communautarisme, elle n’est pas acceptable et sera rejetée par nos concitoyens. Un bon exemple est celui de la religion. Nos valeurs et le droit suisse nous font obligation de respecter la liberté religieuse et donc le droit de nos frères musulmans à pratiquer leur religion. Mais notre conception des personnes impose l’égalité des droits des hommes et des femmes et la liberté de conscience. Les musulmans de ce pays doivent l’accepter et ne pas chercher à enfreindre les règles qui y sont associées. Une personne ne saurait se voir imposer de force sa religion ou un mariage«arrangé». Les musulmans en Suisse devront rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

Ces deux malentendus étant levés, quelles sont les implications de l’intégration? Les réfugiés devront apprendre notre langue et avec elle les us et coutumes les plus importants de notre pays. Mais les cours ne suffiront pas. Il faudra que la population suisse accepte et pratique la rencontre avec ces nouveaux arrivants. Cela nous demandera un effort certain. Une seconde condition de l’intégration sera l’offre de logements pour les réfugiés. Ce n’est pas une question simple et on sait que les services cantonaux recherchent désespérément des locaux. Notre Eglise a fait appel aux bonnes volontés des communautés religieuses et des paroisses et certaines y ont déjà répondu.

Enfin il reste l’épineuse question de l’intégration économique. Elle passe par la formation et l’offre de postes de travail. Les exemples historiques n’inclinent pas au pessimisme sur le sujet. Les réfugiés constituent une population jeune, qui a envie de travailler et de construire sa vie. Cette motivation facilitera son intégration au travail pour peu que les employeurs y mettent du leur et que la conjoncture s’y prête. Tout est lié et c’est la raison pour laquelle il est si important de défendre l’emploi en Suisse, en particulier dans l’industrie.

Jean-Jacques Friboulet | 19.01.2016

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