300 leaders musulmans pour montrer «le vrai visage de l'islam»

300 intellectuels, politiciens et dignitaires musulmans du monde entier sont réunis du 25 au 27 janvier 2016 à Marrakech, au Maroc, afin de déclarer solennellement que l’islam doit protéger les minorités religieuses.

La rencontre rassemble des universitaires et juristes islamiques, des muftis, ainsi que des ministres des cultes d’Etats majoritairement musulmans, tels que le Pakistan, l’Irak, le Nigeria, l’Arabie saoudite, la Turquie, l’Egypte, ou encore le Maroc, rapporte le site d’information catholique américain Crux.

Ils ont pour objectif de publier une déclaration insistant sur le fait que la protection des minorités religieuses, y compris les chrétiens, est profondément enracinée dans la tradition islamique. Ils veulent ainsi démontrer que le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et les forces du même ordre sont une aberration.

Les organisateurs assurent qu’il s’agit du premier sommet de cette sorte en 1’400 ans d’histoire de l’islam.

Des «pointures» de l’exégèse coranique

Les participants soutiennent que la fameuse «charte de Médine», prononcée par le prophète Mahomet en 622 – considérée par certains comme la première Constitution écrite au monde – requiert la protection de la liberté religieuse et des droits des minorités.

Le rassemblement est soutenu par le Royaume du Maroc et le Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes, une organisation basée aux Emirats arabes unis. Elle est dirigée par le cheikh d’origine mauritanienne Abdullah bib Bayyah, un expert en interprétation du Coran, connu pour sa vision tolérante des textes sacrés.

Hamza Yusuf, de l’Université de Berkeley, en Californie, confirme à Crux l’importance du rôle directeur joué par le dignitaire mauritanien. «Dans le monde sunnite, il est probablement l’expert le plus en vue dans le domaine des lois constitutionnelles, de l’apparition de la législation dans la tradition islamique», assure-t-il. L’Américain affirme que le cheikh est profondément attristé par ce qui se passe dans le monde musulman, notamment en ce qui concerne l’oppression des yézidis en Irak, des juifs au Yémen, ou des chrétiens en Syrie et en Egypte.

Quelle influence?

Souvent, les initiatives des musulmans dits «modérés» sont bien entendues en Occident, mais peu dans le monde musulman, parce qu’elles n’incluent pas des figures clé, de celles qui possèdent un statut dans la «rue» musulmane, explique l’universitaire.

Dans le cas du sommet de Marrakech, les choses sont quelque peu différentes. Aux côtés du roi du Maroc, le panel comprend un ancien juge de la Cour suprême pakistanaise et le directeur du Département d’études islamiques à l’Académie des sciences iranienne.

La présence de représentants de ces deux derniers pays, dans lesquels le respect des droits humains et des libertés religieuses posent souvent problème, est ainsi encourageant, note Hamza Yusuf. «Il ne pourra jamais y avoir de sérieux changements à l’intérieur de l’islam vers plus de pluralisme si ces deux Etats ne sont pas impliqués», souligne-t-il.

Un autre signe encourageant est la présence à Marrakech de représentants de minorités religieuses provenant de pays à majorité musulmane. Il s’agit notamment de chrétiens irakiens et palestiniens.

L’Eglise catholique est représentée par le cardinal américain à la retraite Theodore Mc Carrick.

Les organisateurs ont émis le souhait de rencontrer le pape François pour lui présenter François la déclaration finale du sommet. (cath.ch-apic/crux/rz)

 

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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