Chine: Premières nominations d'évêques par le pape depuis 65 ans?  

Pour la première fois depuis la rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Pékin en 1951, le pape François pourrait prochainement nommer plusieurs évêques en Chine. C’est ce qu’affirme le quotidien italien Corriere della Sera, qui indique qu’une délégation chinoise vient d’être accueillie au Vatican.

Au Saint-Siège, pour l’heure, on se refuse à tout commentaire. Depuis plusieurs jours, cependant, courait la rumeur de la présence à Rome, en toute discrétion, d’une délégation chinoise, et cela après le voyage d’une délégation vaticane à Pékin à l’automne 2015.

«L’annonce est prête et probablement déjà sur le bureau du pape», assure le Corriere della Sera, pour qui Rome et Pékin seraient tombés d’accord à propos de la nomination des évêques catholiques chinois, l’un des points les plus délicats dans ce dossier. Le pape François serait ainsi sur le point de nommer trois évêques en Chine, ce qui constituerait un tournant historique dans les relations entre Rome et Pékin.

Vers des relations normales

En octobre dernier, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, grand connaisseur de ce dossier, avait confirmé qu’une délégation du Saint-Siège s’était rendue dans la capitale chinoise en toute discrétion. «Ce n’est pas la première fois», avait-il précisé avant de saluer dans ces échanges «un pas significatif» vers «des relations normales avec la Chine et Pékin».

Le rétablissement des relations est empêché par les conditions préalables posées par la Chine, à savoir la rupture des relations que le Saint-Siège entretient avec Taïwan et le droit des autorités chinoises à contrôler les activités de l’Eglise sur son territoire. Ce dernier point névralgique a fait l’objet ces derniers temps de mains tendues de part et d’autres, après des décennies au cours desquelles les évêques ›officiels’ nommés par Pékin étaient excommuniés par Rome. Ces dernières années, nombre d’évêques nommés en Chine ont obtenu, après coup, l’accord de Rome.

Mais ces rapprochements sont loin de faire l’unanimité. Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong-Kong, a récemment exprimé ses doutes et ses inquiétudes sur son blog, rapporte Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. «Pékin n’a aucunement l’intention de négocier, mais seulement de revendiquer», a assuré le cardinal en demandant au Saint-Siège de «ne pas conclure d’accord à tout prix» sans «réelles garanties quant à la liberté de fonctionnement et d’organisation de l’Eglise en Chine».

Dialoguer avec Hérode?

Le cardinal Zen Ze-kiun a aussi mis en garde contre le danger de «brader le droit pontifical de nommer les évêques» et d’infliger «une blessure grave à la conscience des fidèles». Le haut prélat chinois, qui n’a plus droit de cité dans les médias du Vatican, a eu des mots particulièrement durs à l’égard de la diplomatie menée par le cardinal Pietro Parolin, l’accusant de «dialoguer avec Hérode».

En mai 2015, le pape François avait encouragé les catholiques de Chine, qui seraient environ 12 millions, à «vivre spirituellement unis au roc de Pierre». Quelques mois plus tôt, alors que son avion survolait l’espace aérien chinois, le pape avait évoqué son grand respect pour le peuple de l’Empire du Milieu et fait part de son souhait de se rendre un jour dans le pays. «Si je veux aller en Chine? Bien sûr, dès demain!», avait-il lancé aux journalistes. (cath.ch-apic/imedia/ami/ak/rz)

Raphaël Zbinden

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