Polémique à propos de l’objection de conscience

Italie: le président Cossiga s’en prend à la Conférence épiscopale (270292)

Rome, 27 février(APIC) Le président italien Francesco Cossiga est-il victime d’un vaste complot? Il se voit du moins des ennemis partout. De plus

en plus nerveux ces derniers temps, il ne rate aucune occasion d’engager la

polémique, au point qu’en Italie, certains parlent de « paranoïa ». Sa dernière cible n’est autre que la Conférence épiscopale italienne. Le motif:

une polémique au sujet de l’objection de conscience.

Tout a commencé avec la publication dans la dernière édition dominicale

du quotidien catholique « Avvenire », lié à l’épiscopat qui détient 55% des

parts, d’un éditorial critiquant le président italien. Un texte non signé

et pouvant donc être attribué au directeur du quotidien, Lino Rizzi.

L’éditorial reprochait particulièrement à Francesco Cossiga son attitude

à propos de la loi sur l’objection de conscience. Il y a quelques semaines,

en effet, le président italien a renvoyé cette loi devant le Parlement,

alors qu’elle venait d’être approuvée à une large majorité par les deux

Chambres. Sa décision a suscité pas mal de réactions, y compris dans le

monde catholique. Le cardinal Carlo Maria Martini, archevêque de Milan,

n’était pas le moins déconcerté: « Je connais un certain nombre d’objecteurs

catholiques, commentait-il dans une interview. Je peux dire qu’ils sont nos

meilleurs jeunes et les plus engagés. Ils sont fortement motivés par un

idéal et leur choix d’objecter n’est pas un choix de facilité. Ils n’agissent pas à la légère ».

Démission

Dans sa conclusion, l’éditorial paru dimanche dernier dans l’ »Avvenire »

soulignait qu’il ne tenait qu’à F. Cossiga et à lui seul que soit restaurée

dans le pays « une atmosphère moins convulsive et moins empoisonnée par de

faux problèmes ». Propos interprétés par l’intéressé comme une invitation à

présenter sa démission.

La Conférence épiscopale italienne a pour sa part exprimé, à propos de

l’article, son estime et sa confiance au directeur du quotidien. Ce que le

président Cossiga n’a pas admis. Dans un communiqué publié mardi soir, il

réagissait officiellement en faisant part de son étonnement et de son

« amertume » de voir la Conférence épiscopale avaliser le contenu de l’article, y compris l’invitation à se démettre.

Démarche diplomatique au Vatican

Le communiqué présidentiel précisait en outre que F. Cossiga avait chargé le gouvernement italien d’éclaircir l’affaire en haut lieu. Mercredi, le

vice-directeur de la salle de presse du Vatican, Mgr Pietro Pennacchini relevait dans une brève déclaration: « En relation avec le communiqué du Palais du Quirinal (la résidence du président italien) diffusé dans la soirée

du 25 février, le gouvernement italien a entrepris une démarche diplomatique auprès du Saint-Siège. (…) Dans les contacts qui ont eu lieu, il a

été confirmé que ni la Conférence épiscopale italienne ni un autre organisme catholique n’ont jamais avancé l’hypothèse d’une démission du chef de

l’Etat italien, à qui on renouvelle les sentiments d’estime et de profond

respect ».

Les relations entre l’Eglise et l’Etat sont délicates dans un pays comme

l’Italie, du fait de la présence sur son territoire de l’Etat du Vatican.

Récemment encore, des discussions se sont engagées entre les autorités italiennes et l’Eglise à propos de l’enseignement de la religion.

Il convient toutefois de préciser que, dans le cas présent, la polémique

s’inscrit dans un contexte politique bien particulier. Elu le 24 juin 1985

pour un mandat de 7 ans, F. Cossiga, dès 1990, a commencé à sortir de sa

réserve, délaissant le style discret qu’il avait adopté jusqu’alors pour

critiquer ses adversaires. Il ne se passe pratiquement pas de jour sans que

le premier citoyen de la République italienne, auquel la Constitution fait

un devoir d’être au-dessus de la mêlée, ne s’en prenne à des hommes, à des

journalistes, à des juges, à des partis…

La Démocratie chrétienne, dont il est issu, n’est du reste pas épargnée:

F. Cossiga, qui avait normalement renvoyé sa carte de membre au moment

d’accéder à la présidence, a déjà fait savoir qu’il était hors de question

pour lui de rejoindre ses rangs à l’échéance de son mandat. (apic/cip/jtpr)

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