Dénonciation des actes pédophiles par les évêques: Mgr Anatrella s’explique

A en croire les titres britanniques The Guardian et The Independant, largement repris dans la presse française le 12 février 2016, «des nouvelles règles» du Vatican, présentées par Mgr Tony Anatrella, du diocèse de Paris, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale affirmeraient que les évêques ne sont pas obligés de dénoncer à la police des actes de pédophilie commis par des prêtres.

En réalité, ces prétendues «nouvelles règles» se rapportent à un cours de formation donné par le prélat, en septembre 2015, aux évêques récemment ordonnés. Interrogé par I.MEDIA, Mgr Anatrella dénonce un mauvais procès à son égard, et assure qu’il n’a jamais été question de ne pas signaler à la police les délits sexuels sur mineurs.

«Il faut prendre le temps de lire l’ensemble de mon texte», explique le prélat, également consulteur et collaborateur auprès de divers dicastères romains. La presse britannique a en effet extrait de son cours de 40 pages, un paragraphe du chapitre intitulé : «En cas de délit ou de crime sexuel que doit faire l’évêque ?». Ce cours a été publié début février 2016 par le Vatican dans les actes du séminaire de formation. Dans ce chapitre, l’expert auprès du tribunal de la Province ecclésiastique d’Ile-de-France, décrit les procédures canoniques à suivre prévues par le Code de droit canonique et réactualisées par les papes Jean Paul II, Benoît XVI et François.

Mgr Anatrella y rappelle en outre l’obligation donnée par Benoît XVI aux évêques de signaler à la justice civile les cas d’actes de pédophilie, et salue les récentes décisions du pape François: création de la Commission de protection des mineurs dans l’Église et d’un Tribunal pour juger les évêques qui auraient couvert des prêtres coupables d’actes pédophiles, sans les signaler à la justice civile, ni à la justice ecclésiale. Le prélat estime cependant qu’un «travail important» devrait être «réalisé dans le cadre de la formation des séminaristes, qui reste encore insuffisante».

Une procédure civile qui diffère selon les pays

«Pour l’Église, il est évident qu’il doit exister une coopération entre les Tribunaux ecclésiastiques et les autorités policières et judiciaires concernant ces délits et ces crimes», assure Mgr Anatrella. «Dans tous les cas et en respectant la présomption d’innocence, insiste-t-il, l’autorité ecclésiale se doit de procéder à un signalement auprès des services compétents selon les procédures en vigueur». Il ajoute: «nous sommes dans des sociétés de droit qui nous obligent à agir selon leurs règles en la matière».

«On m’accuse à tort alors que j’explique la procédure à suivre selon les lois civiles de chaque pays et les lois canoniques de l’Eglise», s’étonne le spécialiste. Et le prélat de préciser son propos dans le fameux paragraphe extrait par la presse: «Je disais dans ce paragraphe que l’évêque ou son représentant va d’abord inciter le mineur victime et sa famille à porter plainte auprès de la police. S’ils ne le font pas, alors il revient à l’autorité ecclésiastique de faire un signalement».

Rien de nouveau ni de différent

Dans ce séminaire de formation, Mgr Anatrella ne dit «rien de nouveau ou de différent par rapport à ce qui a été dit auparavant par les institutions ecclésiastiques compétentes», a réagi pour sa part, le 12 février, le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. C’est un éditorial du vaticaniste John Allen daté du 7 février, sur le site Cruxnow.com, qui avait mis le feu aux poudres. Le vaticaniste y jugeait la présentation du prêtre français «sérieusement insuffisante» sur un sujet pourtant crucial. (cath.ch-apic/imedia/bl/mp)

Maurice Page

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