Jean Paul II demande pardon pour « le honteux commerce » des esclaves
Dakar, 23 février(APIC) Le pape Jean Paul II visitant samedi la « maison
des esclaves » sur l’île de Gorée a demandé pardon pour « le honteux commerce
de l’esclavage auquel ont pris part des personnes baptisées, mais qui n’ont
pas vécu leur foi ». Il a prié, faisant notamment allusion à la prostitution
organisée, pour que « disparaisse à jamais le fléau de l’esclavage, ainsi
que ses séquelles ».
« Des hommes, des femmes et des enfants noirs ont été amenés sur ce sol
étroit, arrachés à leur terre, séparés de leurs proches pour y être vendus
comme des marchandises. Ils venaient de tous pays et, enchaînés, partant
vers d’autres cieux, ils gardaient comme dernière image de l’Afrique
natale, la masse du rocher basaltique de Gorée », a rappelé le pape.
Gorée reste le symbole du trafic des esclaves. Durant deux cents ans,
quelque 60’000 esclaves y transitèrent. Un nombre relativement restreint en
regard des 12 millions d’esclaves qui furent transportés vers l’Amérique;
mais l’île demeure dans la mémoire et dans le coeur de toute la diaspora
noire. On peut toujours voir dans la « maison des esclaves », que le pape a
visitée, les cellules où les esclaves étaient détenus avant le grand voyage
auquel beaucoup ne survivraient pas. La « maison des esclaves » est
aujourd’hui un musée protégé par l’Unesco qui l’a inscrite au « patrimoine
culturel de l’humanité ». Jean Paul II a exprimé sa vive émotion « que l’on
ressent dans un lieu comme celui-ci, profondément marqué par les incohérences du coeur humain, théatre d’un éternel combat entre la lumière et les
ténèbres ».
« Comment oublier, a-t-il poursuivi, les énormes souffrances infligées au
mépris des droits humains les plus élémentaires, aux populations déportées
du continent africain? » Jean Paul II a alors invité au pardon : »Il convient
que soit confessé en toute vérité et humilité ce péché de l’homme contre
l’homme, ce péché de l’homme contre Dieu. » « Dans ce sanctuaire africain de
la douleur noire, nous implorons le pardon du ciel. Nous prions pour qu’à
l’avenir, les disciples du Christ se montrent pleinement fidèles à l’observance du commandement de l’amour frarternel ».
Un fléau qui perdure
Le pape a prié encore pour que les hommes « ne soient plus jamais
oppresseurs de leurs frères », pour que disparaisse à jamais « le fléau de
l’esclavage », qui perdure sous des formes nouvelles, souvent insidieuses,
comme la prostitution organisée qui profite honteusement de la misère des
populations du tiers monde. « En cette ère de changements cruciaux, a-t-il
constaté, l’Afrique d’aujourd’hui souffre durement de la ponction des
forces vives exercée jadis sur elle. Ses ressources ont été affaiblies pour
longtemps dans certaines de ses régions. Aussi l’aide dont elle ressent le
besoin pressant lui est-elle justement dûe ». Jean Paul II a également mis
en rapport cette oppression avec celle qui persiste sur le continent
africain: « De récents événements douloureux de ce continent même,
n’invitent-ils pas à rester vigilants et à poursuivre la longue et
laborieuse conversion du coeur? » (apic/cip/mp)
Encadré
L’île de Gorée situé à l’est de Dakar fut conquise d’abord par les Portuguais qui s’y installèrent en 1445 pour y organiser leur commerce. Elle
devint ensuite propriété des Hollandais puis enfin des Français. Dès 1441,
soit 50 ans avant la découverte de l’Amérique, les Portugais s’adonnèrent
au commmerce des esclaves, bientôt suivi des Hollandais, des Anglais et des
Français. Au départ le trafic se concentrait dans les bassins des trois
fleuves de la côte ouest de l’Afrique: le Sénégal pour les Français, la
Gambie pour les Anglais et la Casamance pour les Portuguais. Il y avait par
conséquent trois destinations: pour les esclaves du Sénégal, les Antilles
françaises; pour ceux de la Gambie, les Etats-Unis; pour ceux de la Casamance, le Brésil. (apic/cip/mp)
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