Alliance Sud dénonce les coupes dans l'aide au développement

Alliance-Sud a dénoncé le 17 février 2016 les coupes claires dans la coopération au développement prévues par le Conseil fédéral dans son message sur la coopération internationale 2017-2020. L’objectif que le gouvernement s’était lui-même fixé d’allouer 0,7% du revenu national brut à l’aide au développement s’éloigne de plus en plus.

La coalition d’œuvres d’entraide Alliance Sud déplore que, dans la situation internationale tendue, on fasse des économies sur le dos de la prévention de la détresse, des conflits et d’autres causes des migrations.

Le Conseil fédéral a déjà réduit de plus de 115 millions de francs le budget 2016 de la coopération au développement. Dans son Message sur la coopération internationale 2017-2020, il opère encore d’autres coupes claires. Il piétine ainsi la décision du Parlement d’allouer 0,5% du revenu national brut (RNB) à la coopération publique au développement. De surcroît, au plan international, la Suisse a répété à plusieurs reprises qu’elle visait l’objectif du 0,7% du RNB pour la coopération au développement. «Avec le message présenté, on ne dépassera pas 0,48% d’ici 2020», note Alliance Sud.

Les coupes n’affectent pas dans la même ampleur tous les crédits-cadres. Ainsi, les crédits pour l’aide humanitaire et la coopération économique du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) vont dépasser en 2017 le niveau de 2015. Au vu des crises multiples et des défis globaux, le besoin en aide humanitaire d’urgence est évident. Mais le Conseil fédéral veut faire des économies massives dans la coopération au développement, bilatérale et à long terme. Ici, le niveau de 2015 ne sera pas atteint avant 2020.

Une grave erreur

Alliance Sud estime qu’il s’agit d’une grave erreur, car seule la coopération au développement à long terme combat les causes structurelles de la pauvreté et de la détresse et sert à prévenir les crises et les conflits. Finalement, ces coupes signifient que la Suisse se limite de plus en plus à une action réactive, au lieu d’investir dans la prévention de crises futures.

En matière de contenu, le nouveau message sur la coopération internationale mise sur la continuité. Bien que des moyens nettement réduits y soient alloués, la lutte contre la pauvreté reste l’objectif principal. L’accent régional sur l’Afrique sub-saharienne, où se trouvent 34 des 48 pays les plus pauvres, fait sens, souligne Alliance Sud.

La coalition d’œuvres d’entraide salue aussi l’orientation du message vers l’agenda 2030 de l’ONU pour le développement durable, adopté en 2015. Il doit servir de cadre de référence pour la coopération internationale de la Suisse. La lutte contre la pauvreté ne peut réussir que si toutes les dimensions de la durabilité sont prises en considération.

Le Conseil fédéral peine à fixer des priorités

Dans les faits le Conseil fédéral peine à fixer des priorités stratégiques et à concentrer l’usage des moyens réduits, relève Alliance Sud. Il ne veut se retirer d’aucun pays. A cet égard, le comité du développement de l’OCDE (DAC) a déjà critiqué en 2013, dans son dernier rapport périodique sur la Suisse, le morcellement de la coopération suisse au développement vers trop de pays. La raison principale de ce saupoudrage est que la Suisse entend être présente avec les fonds du développement dans le plus grand nombre de pays possible, pour servir aussi des intérêts de politique étrangère et économique. Ce n’est pas un hasard si l’on parle de faire de nouveau de la coopération au développement en Erythrée en échange du renvoi des requérants d’asile, note Alliance Sud. Au vu des coupes prévues, la Suisse risque de marquer sa présence dans beaucoup de pays en développement avec un budget minimal, mais, en tant que petit acteur, de ne pas pouvoir jouer un grand rôle.

Comparaison difficile

Alliance Sud reconnaît néanmoins que le nouveau crédit cadre 2017-2020 n’est pas directement comparable à celui de 2013-2016. Les coûts du personnel, les coûts fixes et les charges d’exploitation ne sont plus adoptés avec le crédit-cadre, mais avec le budget général du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et du Département de l’économie. La comparaison des chiffres devient donc beaucoup plus difficile.

Deuxièmement, pour la première fois, le crédit-cadre sur les mesures de promotion de la paix et la sécurité humaine est intégré dans le message sur la coopération internationale. Le volume entier du message comprend donc cinq crédits-cadres, alors que la période du message en cours n’en compte que quatre. (cath.ch-apic/com/mp)

Maurice Page

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