Le métropolite russe critique la rhétorique «agressive» des gréco-catholiques d'Ukraine

Quelques jours après la rencontre historique du pape François et du patriarche orthodoxe de Moscou Cyrille, les passes d’armes continuent, dans la presse, entre gréco-catholiques ukrainiens et orthodoxes russes. Le métropolite Hilarion, bras droit du patriarche russe, a qualifié la rhétorique des gréco-catholiques d’»agressive», le 17 février 2016. Une réponse aux critiques, formulées trois jours plus tôt, par Mgr Sviatoslav Shevchuk, chef de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, sur la déclaration commune du pape et de Cyrille.

Le métropolite russe Hilarion ne décolère pas : «Ils ont leur propre agenda politisé, leurs propres clients, et même le pape n’est pas une autorité pour eux!», s’est-il exclamé à propos des gréco-catholiques auprès de l’agence de presse russe Interfax. Le ton est décidément acerbe, à seulement quelques jours de l’appel du pape et du patriarche à la réconciliation entre les deux communautés. «Cette réaction était très négative, très insultante non seulement à notre égard, mais aussi envers le pape», a encore tempêté le chef du département des relations ecclésiastiques externes du Patriarcat de Moscou.

Alors que le pape et le patriarche proposent «le chemin de l’arrêt des rivalités, et de la transition vers des relations fraternelles, a-t-il poursuivi, les gréco-catholiques n’ont pas besoin de cela du tout. Leur rhétorique est agressive, hostile et médisante».

Trois jours plus tôt, Mgr Shevchuk, chef de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, avait eu des critiques particulièrement dures à propos de la déclaration commune signée par le pape François et Cyrille, le 12 février à Cuba. Il critiquait notamment le passage de cette déclaration consacré à l’uniatisme, pomme de discorde depuis des siècles entre gréco-catholiques d’Ukraine «uniates» et orthodoxes russes. Ce passage reprend la déclaration de Balamand de 1993, qui assure que l’uniatisme «n’est pas un moyen pour recouvrer l’unité», tout en affirmant que ses communautés ont «le droit d’exister».

«Trahis par le Vatican»

Pour Mgr Shevchuk, Moscou a exigé de Rome que ce passage soit dans la déclaration, telle une «condition, un ultimatum, pour la possibilité d’une rencontre entre le pape et le patriarche». Le chef de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine était encore plus critique sur le paragraphe 26 de la déclaration, qui exhorte «toutes les parties du conflit» en Ukraine à «la prudence», et appelle «nos Eglises en Ukraine à s’abstenir de participer à la confrontation».

«On dirait que le Patriarcat de Moscou est soit obstinément en train de refuser d’admettre qu’il fait partie du conflit, ajoutait-il, soit qu’il supporte ouvertement l’agression de la Russie contre l’Ukraine». Le représentant de l’Eglise gréco-catholique avait en outre assuré que la déclaration de La Havane avait causé une «profonde déception» chez ses fidèles, qui se sentent «trahis par le Vatican». Il avait cependant tempéré ses propos en invitant à «ne pas dramatiser cette déclaration et ne pas exagérer son importance dans la vie de l’Eglise».

Peu après la signature de la déclaration commune, en route entre Cuba et le Mexique, le pape François avait prévenu déjà les «nombreuses interprétations» auxquelles ce texte donnerait lieu, en assurant: «Ce n’est pas une déclaration politique, ou sociologique, mais une déclaration pastorale, de deux évêques qui se sont rencontrés avec des préoccupations». (cath.ch-apic/imedia/bl/gr)

Grégory Roth

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