Mali: Début d’une procédure de jugement d’un dignitaire djihadiste

La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a ouvert, mardi 1er mars 2016, une procédure de jugement à l’encontre d’Ahmad al Mahdi al Faqi, ancien dignitaire du groupe salafiste Ansar Eddine, police islamique. Il est l’un des principaux suspects de la destruction de plusieurs édifices musulmans sacrés, à Tombouctou, pendant l’occupation djihadiste dans le Nord du Mali, en 2012.

Incarcéré au centre de détention de la CPI à La Haye, Ahmad al Mahdi al Faqi a comparu à la Cour, en première instance, le 30 septembre 2015. Il est soupçonné d’avoir dirigé les opérations de destructions de seize mausolées de saints musulmans à Tombouctou, surnommée la «Ville Lumière».

Selon le site internet de radio France internationale, l’audience du 1er mars 2016 doit confirmer des charges retenues contre lui. La procureure doit convaincre les juges qu’elle a suffisamment d’éléments de preuves pour justifier l’ouverture d’un procès, en vue d’une éventuelle condamnation pour «crime de guerre», passible de 30 ans de prison.

Al Faqi serait le premier djihadiste malien condamné par la CPI

L’audience devrait durer une journée ou deux, alors que la décision des juges devrait prendre plusieurs semaines. Si ce procès a effectivement lieu, il sera inédit pour deux raisons: Ahmad al Mahdi al Faqi deviendrait le premier djihadiste malien à être jugé par la CPI. Ce serait la première fois qu’une Cour internationale engagerait un procès pour destruction de patrimoine culturel.

Selon le mandat d’arrêt émis à son encontre en septembre 2015, Abou Tourab, comme on le surnommait, était à la tête de la «Hesbah», la brigade des mœurs de Tombouctou. C’est à ce titre qu’il aurait orchestré et participé activement à la destruction de neuf mausolées de saints musulmans, ainsi que de la mosquée Sidi Yahia en 2012.

Mausolées inscrites au patrimoine de l’UNESCO

A l’époque, Ansar Eddine avait affirmé vouloir lutter contre «l’idolâtrie», mais pour les communautés locales, ces disparitions ont constitué une véritable tragédie. Ces mausolées sont un maillon essentiel du système religieux local et, selon la croyance populaire, ils constituent le rempart qui protégerait la ville de tous les dangers. «Détruire ces mausolées, c’est attaquer la population dans ses racines et son identité», estime Pascal Turlan, chargé des relations extérieures auprès du procureur de la CPI.

Les mausolées détruits à Tombouctou sont inscrits au patrimoine mondial de l›UNESCO. L’organisation avait mis en place un fonds spécial pour leur restauration, grâce auquel quatorze sites ont pu être reconstruits à l’identique.

Le 4 février 2016, pour la première fois depuis 900 ans, une cérémonie de sacralisation des mausolées a été organisée par l’UNESCO pour la remise officielle de ces sites historiques, détruits par les salafistes musulmans, durant leur occupation en 2012-2013. (cath.ch-apic/rfi-com/ibc/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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