Brésil: 500’000 prostituées mineures (230392)
Sao Paulo, 23 mars(APIC) Le Brésil compte 500’000 prostituées mineures.
C’est le chiffre qu’avance le Centre brésilien de l’enfance et de l’adolescence, organisme dépendant du Ministère de l’action sociale. La situation
est d’autant plus grave que la prostitution se double d’un véritable état
d’esclavage. Le journal « Folha de Sao Paulo » a publié il y a quelques semaines une série de reportages impressionnants sur la prostistution dans
l’ensemble du pays. L’agence Diffusion de l’information sur l’Amérique latine (DIAL) l’a traduite et résumée en français.
C’est avec le soutien de l’UNICEF et de plusieurs organisations nationales et internationales que le journaliste Gilberto Dimenstein a parcouru
pendant 35 jours les diverses régions de « l’Amazonie légale » pour y enquêter sur le sort des enfants.
Le trafic des filletttes est une pratique généralisée et quasiment institutionnalisée dans l’Amazionie légale (61% du territoire national). Après
recrutement par la contrainte, les filles deviennent esclaves des propriétaires de bars ou des maisons de prostitution. Ni la police, ni les autres
organismes n’ont intérêt à interropmpre ce commerce auquel sont attirées
des fillettes de plus en plus jeunes.
Des réseaux de professionnels
Le commissariat de Cuiu-Cuiu dans la ville d’Itaituba, par exemple, reçoit chaque semaine une contribution des propriétaires de bar et de maisons
de prostitution. Pour le commissaire José Silva da Souza, les filles se
sont enfuies de chez elles parce qu’elles étaient des voleuses.
Rondonia, région de l’Amazonie, est l’une des principales routes des
fillettes esclaves. Là elles deviennent non seulement prostituées mais également des « avions » c’est-à-dire des convoyeuses de drogue. Bon nombre
d’entre elles sont dépendantes de la drogue. Leur endettement envers leurs
« propriétaires » vient souvent de leur ration à base de cocaïne.
Située dans le sud de l’Apama, la commune de Laranjal do Jari a été
créée entre autres pour ravitailler en prostituées le domaine Jari, constitué par le milliardaire américain Daniel Ludwig. Les fillettes esclaves y
sont acheminées par bateau.
Le recrutement est devenu une activité quasiment professionnelle estiment certains observateurs qui révèlent que les recruteurs achètent parfois
directement les fillettes à leur famille.
La virginité mise aux enchères
Marianne Alves a 13 ans. Elle aide sa mère qui tient une cantine à Sera
Pelada. Elle est arrivée vierge à la mine d’or. Comme les autres, elle a
été contrainte à la prostitution. Dans la zone aurifère, la virginité est
un article mis aux enchères. A Imperatriz (Maranhao) et à Vila do Conde
(Para), les maisons de prostitution offrent des fillettes vierges à des
prix toujours plus élevés.
Les soldats et les chercheurs d’or contaminent aussi les populations indiennes avec les maladies vénériennes. Les recrues et les soldats sont
souvent coupables de viol de jeunes indiennes. Le colonel Francisco Abrao,
commandant du 5e bataillon spécial de l’armée de frontières à Sao Gabriel
da Cachoeira, explique sans gêne: « Ce sont les Indiennes qui débauchent les
soldats quand elles sont en rut. Je dois retenir mes soldats car ils n’ont
pas à profiter de cette arriération des Indiennes. » Le témoignage de l’Indien Tucano Gabriel Gente, qui a lui-même servi dans l’armée, rend un autre
son de cloche: « J’ai vu de mes yeux comment une fille de 18 ans appelée Larissa a été prise par onze jeunes soldats blancs. Je les ai vus sauter sur
elle et se satisfaire toute la nuit de 20h à 3h du matin. »
La prostitution de fillettes de plus en plus jeunes, parfois âgées d’à
peine 9 ans est un des symptômes les plus clairs de la crise sociale brésilienne, estime Gilberto Dimenstein. Victimes du manque d’information et des
hommes qui refusent d’utiliser les préservatifs, deux millions de jeunes
filles deviennent enceintes chaque année. Elles sont souvent alors forcées
de pratiquer les méthodes les plus rudimentaires et dangereuses d’avortement. Ou elles deviennent mères, mais sont dans l’incapacité d’assumer leur
enfant.
Réaction des autorités
L’enquête du journal « Folha de Sao Paulo » a provoqué une onde de choc
dans le pays. Le procureur de la République, Arsitides Junqueira, s’est déclaré « choqué et perplexe » devant les révélations du journal. De nombreux,
ministres, hommes politiques et policiers ont décidé de réagir contre la
prostitution enfantine et l’esclavage. Pour la première fois, on a procédé
à l’arrestation de proxénètes, bien que ces faits aient été connus de la
police depuis longtemps. D’autres opérations sont en cours de préparation.
Rosmary Correa, députée de l’Etat de Sao Paulo, est intervenue à l’Assemblée législative pour demander des mesures rigoureuses contre le trafic et
la prostitution des mineures en Amazonie. (apic/dial/mp)
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