Russie: Risque de rupture entre la hiérarchie (240392)
Rome, 24 mars(APIC) Andrej Kuraev, porte-parole du patriarche de Moscou a
souligné, dans une interview publiée mardi dans le journal catholique italien « L’Avvenire », le risque que l’Eglise orthodoxe russe disparaisse comme
« organisme administratif unitaire » et qu’elle se compromette à nouveau avec
le pouvoir. Si le nombre de paroisses orthodoxes et de prêtres augmente,
indique Andrej Kuraev, ceux-ci sont cependant moins bien préparés qu’il y a
dix ans, la majeure partie d’entre eux n’ayant même pas terminé le séminaire.
Andrej Kuraev, qui est aussi professeur à la Faculté de journalisme de
la capitale russe, observe actuellement que « l’Eglise n’existe pas comme
entité politique unitaire, et que son leadership politique n’est pas accepté par la grande partie du clergé et des laïcs ». Selon Andrej Kuraev, « la
haute hiérarchie ecclésiastique ne représente actuellement qu’elle-même ».
« Hélas, dit-il, à propos de très nombreux problèmes, elle ne constitue pas
en réalité la voix de l’Eglise ».
Les signes de dépassement de « cette terrifiante rupture entre la hiérarchie et le peuple, causée dans le passé par les Bolchéviques », ne sont pas
encore visibles, estime Andrej Kuraev. Il avertit: « Si la conscience d’être
visé par le pouvoir nous unissait auparavant, il y a le risque, maintenant,
que cette pression n’existe plus, que cette fracture se répercute dans des
termes non plus politiques, mais ecclésiastiques. »
Andrej Kuraev déplore en outre le fait que l’Eglise orthodoxe russe n’a
pas donné de jugement sur l’écroulement de l’Union soviétique et le traité
de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Il parle « d’une profonde erreur du point de vue ecclésiologique et chrétien ». « En fait, souligne-t-il,
l’Eglise a la tâche d’appeler à l’unité, de favoriser les formes de collaboration, surtout quand ces formes sont finalement libérées du communisme. »
Le porte-parole du patriarcat n’exclut pas que l’Eglise orthodoxe se
compromette de nouveau avec le régime « si nous ne réussissons pas à retrouver, à travers le repentir, la signification du chemin parcouru par l’Eglise sous le pouvoir communiste. Si nous continuons à maintenir les structures de la conscience, la modalité de pensée politique, la manière de
s’orienter selon les réactions du pouvoir qui ont été typiques sous le métropolite Sergeij, la compromission peut ressurgir sous d’autres formes et
avec d’autres forces politiques au pouvoir ». (apic/jp/mp)
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